Actualités islandaises – Mars 2016

Actualités islandaises Mars 2016 (par Michel Sallé) (Posté aux abonnés le 2 avril…)
(l’actualité du mois de mars ne parle bien sûr pas encore des évènements en cours mais on peut en découvrir les prémices)
Wintris
Dans la chronique de février j’ai consacré un long développement aux Pirates, manifestement embarrassés par un succès inattendu, au point de laisser entendre quelques craquements… Mais tout se passe comme si les dirigeants des autres partis, surtout mais pas seulement ceux au pouvoir, voulaient les aider !
Mars 2016 tient entièrement en un mot « Wintris » qui n’a pas plus de sens en islandais qu’en toute autre langue, sauf celle des banquiers. Il s’agit d’un fond de 1.2 milliards d’Ikr (8.35 millions d’euros) domicilié dans l’une des Îles Vierges, et appartenant à Anna Sigurlaug Pálsdóttir, épouse de Sigmundur Davíð Gunnlaugsson, Premier Ministre .
Que l’épouse du Premier Ministre soit une riche héritière, fille de l’ancien propriétaire de la concession Toyota en Islande, est bien connu en Islande puisqu‘elle apparaît régulièrement au palmarès annuel des principaux contribuables, comme on sait que la famille du Premier Ministre est elle-même très aisée. Personne n’y trouve à redire ; en Islande il n’est pas malséant d’être riche…
Pourtant deux questions sont posées :
  • pourquoi Sigmundur Davíð n’a-t-il pas fait état de ce fond dans la déclaration de ressources qu’il devait faire lorsqu’il a été élu à l’Alþingi en 2009 ?
  • comment ce pourfendeur de l’euro a-t-il pu laisser son épouse déposer ses économies dans un fond en euros ?
De plus, s’agissant d’un fond géré avant la crise par Landsbanki, certains évoquent un possible conflit d’intérêt au moment où sont en cours les négociations entre l’Etat et les liquidateurs des anciennes banques pour aboutir à la levée du contrôle des changes.
Pendant un temps, Sigmundur Davíð reste impavide face à des attaques de plus en plus violentes. Le sommet est atteint dans une longue lettre ouverte de Kári Stefánsson, le créateur de Decode et promoteur de la pétition en faveur de l’accroissement des dépenses de santé (voir chronique de janvier 2016). Mesquinerie du propos et ton « leçons à un jeune ambitieux » en gênent beaucoup dans un pays pourtant habitué aux polémiques.
Le couple fait ensuite feu de tous bois, ensemble ou séparément :
  • rien n’obligeait Sigmundur Davíð à déclarer une ressource qui n’est pas la sienne, d’autant qu’en 2009 Anna Sigurlaug et lui étaient concubins,
  • les gains de Anna Sigurlaug sont régulièrement imposés en Islande,
  • l’euro ? « Anna Sigurlaug et moi avons pensé qu’il n’était pas heureux que la femme du Premier Ministre fasse des investissements en Islande ou profite du dispositif mis en place par la Banque Centrale pour le rapatriement de fonds investis à l’étranger ».
Rien d’illégal apparemment, mais une grosse faute politique. L’opposition évoque l’idée d’un vote de défiance à l’égard du Premier Ministre, voire une dissolution du parlement. Les dirigeants de la majorité sont partagés, même au sein du Parti du Progrès que Sigmundur Davíð préside. A ce jour aucune décision n’a été prise. Il y a deux freins :
  • à qui profiterait une crise politique ? Hormis les Pirates, les partis de l’opposition sont au plus bas comme l’est le Parti du Progrès,
  • plusieurs dirigeants du Parti de l’Indépendance et de l’Alliance Social-démocrate sont mal à l’aise car la liste HSBC des comptes en Suisse que détient l’administration fiscale (voir chronique de février 2015) commence à « fuiter ». Vilhjálmur Þorsteinsson, Trésorier de l’Alliance, démissionne ; Bjarni Benediktsson et Ólöf Nordal, respectivement Président et Vice-Présidente du Parti de l’Indépendance et les plus importants ministres du gouvernement, doivent prendre les devants. Bjarni a certes acheté voici plus de 10 ans des parts dans un fond luxembourgeois mais il ignorait que ce fond avait ensuite été transféré aux Seychelles ; « peut-être aurais je du être plus vigilant » convient-il. Pour sa part Ólöf explique qu’il s’agit d’investissements de son mari, un des plus importants dirigeants d’Alcoa.
Bryndís Kristjánsdóttir, chef du service des contrôles fiscaux, demande la levée du secret sur les listes HSBC afin de pouvoir lancer des enquêtes. A suivre…
Il n’y a pas à ce jour de sondages pouvant donner des indications sur l’impact de ce qui précède, mais ce déballage – ne craignons pas le mot !- tombe à un moment où les partis au pouvoir semblaient reprendre un peu du terrain perdu depuis les dernières élections, peut-être à la suite des débats au sein du parti Pirates.
Élection présidentielle
Mettons un peu de sourires dans cette actualité : ceux des 10 candidats, devenus 12, à l’élection présidentielle, tous quasi-inconnus, ce qui commence à faire réfléchir à la nature de cette fonction… Quel sens cela aura-t-il si l’un d’eux est élu, et avec moins de 20% des suffrages ?
Après la défection de Katrín Jakobsdóttir, on attend maintenant Össur et Þorgerður Katrín, tous deux anciens ministres (voir chronique de février 2016), et peut-être Davíð Oddsson, ancien Premier Ministre !
Situation économique
Résultats et perspectives restent toujours aussi enviables. Ainsi le PNB aura progressé de 4% en 2015, tiré par la consommation des ménages (+4.58%) et l’investissement (+18.6%). Il est maintenant à 5% au-dessus de son niveau de 2008.
Commerce extérieur
Le solde négatif des échanges de biens est confirmé (voir chronique de février 2016), soit 35.5 milliards d’Ikr. Il est comme prévu plus que compensé par les services : +190.7 milliards d’Ikr (130.4 en 2014).
La place du tourisme
Le tourisme a incontestablement une part importante dans ces résultats. Íslandsbanki publie fin février une étude (texte en anglais sur https://www.islandsbanki.is/english…) dont j’extrais quelques statistiques :
  • 1.6 millions de visiteurs attendus en 2016, soit une progression de 29%,
  • et une contribution de 428 milliards Ikr aux exportations ( 34% de celles-ci),
  • 1 emploi sur 5 créés entre 2010 et 2015 l’a été dans le tourisme,
  • il y aura 290 nouvelles chambres (+5.8%) en 2016, soit beaucoup moins que ce qui serait nécessaire,
  • la flotte des voitures de location est passée de 2.8% en 2006 à 6.8% du parc automobile
  • 22000 nuits ont été vendues par Airbnb en octobre 2015, soit 225% de plus qu’en octobre 2014,
  • l’éruption de Eyjafjallajökull (mars/avril 2010) a fait tomber de 17.6% le nombre de touristes…
Impressionnant, même si une étude conduite par des spécialistes hollandais a montré une très nette surestimation des apports de l’activité : difficultés à distinguer les touristes locaux, à apprécier la durée des séjours, la consommation sur place, etc…
Ces statistiques en montrent aussi la vulnérabilité. Une éruption volcanique un peu plus « dramatique » que les dernières fera oublier à beaucoup la posture « aventurier » volontiers adoptée par eux. De plus faute d’une offre en ligne avec la demande les prix augmentent très vite, faisant de Reykjavík une des villes les plus chères d’Europe, après Stockholm mais avant Oslo, où Paris est à la 12ème place. Un frein pour le tourisme, mais surtout des effets pervers pour les habitants de la ville, notamment les étudiants, qui doivent subir la concurrence de Airbnb.
L’étalement sur l’année, qui permet de mieux rentabiliser les investissements, paraît, grâce aux aurores boréales, réussi. Par contre l’étalement dans l’espace l’est moins ; faute de temps – les séjours dépassent rarement 8 jours – et de curiosité, les visiteurs font tous le même circuit sur la côte sud, alors que des retombées en termes d’aménagement du territoire seraient très bénéfiques pour l’île.
Certains s’inquiètent, comparant l’emballement actuel à celui précédant la crise de 2008. La situation actuelle est très différente mais appelle une réflexion sur le long terme qui manque cruellement, comme elle a manqué dès 2006.
L’élevage
Un accord très important a été signé entre le Ministère de l’Agriculture et le syndicat des éleveurs, qui apporte à ces derniers des subventions complémentaires significatives. Mais il est très critiqué, tant du Parti de l’Indépendance qui y voit un objectif électoraliste du Parti du Progrès, longtemps parti agrarien, que de la Fédération des Employés (ASÍ), aussi contribuables. Les éleveurs eux-mêmes sont partagés sur ce texte. Avant d’être mis en application, il doit être approuvé par l’Alþingi, ce qui n’est pas assuré. J’y reviendrai à cette occasion.
Relations internationales
Le 17 mars Gunnar Bragi Sveinsson, Ministre des Affaires Etrangères, a présenté à l’Alþingi son rapport annuel (voir texte en anglais sur https://www.mfa.is/media/gunnar-bra…). Principaux thèmes :
  • la défense de l’île et la coopération avec les Etats-Unis,
  • l’importance des relations au sein de l’AELE pour ce quI concerne la négociation d’accords commerciaux avec notamment l’Asie et l’Amérique du Sud. Où l’on doit comprendre que pour être crédible l’Islande doit très vite rattraper le retard accumulé pour ce qui concerne la transcription des règlements européens qui s’imposent à elle,
  • la COP 21, à laquelle l’Islande a pris une part active.
Actualité culturelle
Enfants pour adultes : « Made in Children » est un spectacle joué par dix enfants de 8 à 12 ans, eux-mêmes largement associés à sa conception. Présenté à partir du 1er avril au Borgarleikhús il répond à la volonté de présenter à des adultes un travail pluridisciplinaire (danse et théâtre) mettant en scène l’avenir tel qu’ils l’imaginent. Volonté de Ásrún Magnúdóttir et deux amis qu’elle a su faire partager par ces enfants à tous les stades de la préparation du spectacle jusqu’à sa présentation au grand public : « un spectacle pour des adultes qui s’intéressent au monde que nous allons laisser à nos enfants, et qui nous rappelle que nous sommes seulement locataires d’une terre qui nous est prêtée par la génération à venir ».
Adultes pour enfants : Mama Mia, comédie musicale rendue célèbre par le groupe ABBA, est présentée dans ce même Borgarleikhús, sous la direction de Unnur Ösp Stefánsdóttir. Pour enfants ?
Pendant ce temps la vie continue…
14.03 : selon une enquête réalisée auprès de 220000 enfants du monde entier les petits Islandais sont les plus satisfaits de leur père,
18.03 : Geysir – le vrai – a jailli deux fois en un mois (combien de touristes en plus ?),
19.03 : sous prétexte que l’eau du robinet ne serait pas potable, l’Hotel Adam (Reykjavík) vend pour 400 Ikr des bouteilles pleines d’eau… du robinet,
24.03 : 3 familles islandaises sont composées d’enfants vivants ayant atteint 1000 années en une génération. L’une, de Hallgeirstaðir, est actuellement à 1030 années, l’autre, de Kjóastaðir, à 1027. Voici la dernière, composée de 15 sœurs et frères de 76 à 57 ans, de Breiðuvíkurhreppur (Snæfellsnes)… Le record est de 2035 années,
26.03 : « Lóan er komin »… et avec elle le printemps ?

La femme islandaise

A l’occasion de la journée internationale des femmes, le magazine The Economist a réalisé un index international du plafond de verre pour montrer où les femmes sont traitées de la façon la plus égalitaire dans le travail. L’Islande arrive en première position, suivie par la Norvège, la Suède et la Finlande. La France quant à elle se trouve en 7ème position.

http://www.economist.com/blogs/graphicdetail/2016/03/daily-chart-0?fsrc=scn%2Ftw_ec%2Fthe_best_and_worst_places_to_be_a_working_woman

Découvrir l’islande authentique avec un « copain » d’Icelandair

Icelandair enrichit son offre de stop over afin de permettre aux passagers de découvrir de façon encore plus poussée une Islande authentique le temps d’une escale.

Cela fait longtemps que Icelandair met en avant les possibilités de stop over entre l’Europe et l’Amérique du Nord. Avec son nouveau service – « Stopover Buddy » – la compagnie va encore plus loin. Stopover Buddy est destiné à immerger les visiteurs dans la culture islandaise en leur recommandant les meilleures adresses et les bons plans des locaux.

De fait, Icelandair propose déjà à tous ses passagers voyageant entre l’Europe et l’Amérique du Nord de faire une escale en Islande à l’aller et/ou retour jusqu’à 7 nuits sans supplément sur le prix du billet d’avion. Mais avec ce service, des membres de la compagnie se proposent d’accompagner les passagers le temps d’une journée pendant leur séjour pour faire découvrir leur Islande telle qu’ils la vivent au quotidien. Un pilote, une hôtesse de l’air et même Birkir Hólm Guðnason, le PDG de la compagnie, deviennent les « buddies », c’est-à-dire les copains, et emmèneront les clients pour une expérience qualifiée d’unique dès leur sortie de l’avion. A titre d’exemple, les passagers pourront rencontrer Margret, 64 ans, hôtesse de l’air experte des sources chaudes naturelles ou participer à un cours de cuisine islandaise avec Inga, 45 ans, agent de voyages. Ils pourront même passer une journée en compagnie du PDG, Birkir, 41 ans, adepte du ski hors-piste. Les amateurs de sport pourront aussi faire un tour de VTT ou de la course à pied dans la nature islandaise avec un passionné de fitness, Dagur, 51 ans, qui a travaillé pendant 20 ans au service informatique. Le service  » Stopover Buddy  » sera disponible à la réservation du 02 février 2016 au 30 avril 2016. Pour plus d’informations : http://www.icelandair.fr/stopover-buddy/

Þorrablót

111Un repas où les mets sont tous plus laids les uns que les autres

Le mois de Þorri commence avec le Jour des Maris, le Bóndadagur, autrefois le Jour des agriculteurs, fin Janvier et se termine par le Jour des Femmes, le Konudagur. Le moment fort de ce mois est marqué par un évènement spécial appelé le Þorrablót. Les Islandais se rassemblent à cette occasion et se régalent d´aliments peu ragoutants. « Blot » signifie « festival », ainsi Þorrablót est un festival en l’honneur de Þor, un des principaux dieux nordiques.
Les mets servis sont appelés Þorramatur (matur = nourriture). Ils se composent de plusieurs plats comprenant de la tête de mouton bouillie, des testicules de bélier marinées, du boudin, du boudin de foie, de l´agneau fumé et le « pire » de tous, le requin faisandé. (les petits cubes pâles sur la photo ci-dessus). Si vous êtes invité au festival Þorrablót, il y aura certainement d’autres plats, disons, … plus normaux offerts aux personnes sensibles, comme par exemple, du saumon fumé servi sur du pain de seigne (Rúgbrauð) et des « flatkökur », version islandaise du pain sans levain qui remonte à la colonisation de l´Islande vers 874AD.

Le premier Þorrablót a été organisé par l’association des étudiants islandais à Copenhague en 1873, mais a connu une recrudescence à partir des années 60, après qu´un restaurant de Reykjavik décida de mettre au menu ces mets traditionnels alors principalement consommés dans les villages. Coïncidant parfaitement avec le regain de sentiment nationaliste du milieu du 20ème siècle, la tradition du Þorrablót s´est renforcée et est aujourd’hui un événement important du milieu de l’hiver.

Bien sûr, si vous avez grandi avec cette tradition, vous êtes et resterez attachée au Þorrablót. Mais pour le reste d’entre nous ….

Essayez-donc, à vos risques et périls!

L’Islande accueille ses premiers réfugiés syriens

Les six familles, représentant 35 personnes en tout, étaient attendues à l’aéroport par le Premier ministre.
L’Islande a reçu mardi ses premiers réfugiés syriens, six familles arrivées d’un camp de la Croix-Rouge au Liban, et qui ont été accueillies à l’aéroport par le Premier ministre en personne. Le chef du gouvernement leur a dit «espérer qu’elles se plairaient en Islande», ont déclaré ses services dans un communiqué.

Ces 35 personnes ont bénéficié de la volonté de trois municipalités, Akureyri (nord), et Kópavogur et Hafnarfjörður près de la capitale Reykjavik, d’accueillir des familles ayant dû fuir le conflit qui a dévasté leur pays. «Merci l’Islande, voilà un grand pays», a déclaré un père de famille syrien cité par le quotidien Morgunblaðið. Des logements et des programmes d’insertion sociale spécifiques les attendent.

«Tous les efforts seront faits pour aider les réfugiés à bâtir une vie nouvelle en Islande et à s’adapter aux conditions de vie ici, afin de participer activement à la société islandaise», a expliqué le gouvernement. Quatre autres familles doivent arriver ultérieurement. Certaines autres auxquelles il a été proposé de se rendre sur cette île ont décliné l’offre, d’après le ministère des Affaires sociales. Selon les statistiques nationales, 21 Syriens ont immigré en Islande entre 2011, l’année où a commencé le conflit, et 2014.

http://www.liberation.fr/planete/2016/01/19/l-islande-accueille-ses-premiers-refugies-syriens_1427606

Euro 2016

1016Dans le cadre de la préparation pour l’EURO 2016, l’ambassadeur s’est entretenu hier avec le maire d’Annecy, Monsieur Jean-Luc Rigaut, Monsieur Bernard Accoyer, Député Maire d’Annecy le vieux et Monsieur Lionel Tardy, Député de la Haute-Savoie et Président du Groupe d’amitié France-Islande à l’Assemblée nationale. Qualifiée pour la première fois à l’Euro, l’équipe nationale d’Islande établira son camp de base à Annecy-le-Vieux.

Actualités (décembre 2015)

Séra Valdimar Briem l’a écrit dès 1886 et les Islandais le chantent à l’église à minuit le 31 décembre sur une musique de Andreas Peter Berggreen : « nú árið er liðið í aldanna skaut / og aldrei það kemur til baka » (le lectorat de ces chroniques comprend des traducteurs de qualité ; j’ose néanmoins : « l’année a maintenant rejoint l’étreinte des siècles, / et jamais ne reviendra »). Le texte ne craint pas l’emphase, mais la musique est agréable, que vous pouvez écouter dans sa version classique (https://www.youtube.com/watch?v=DGd…) et une très jolie version moderne (https://www.youtube.com/watch?v=Rog…). Toutes deux nous invitent à la sérénité après une année 2015 de bruits et de fureurs, notamment en France.
En Islande, 2015 a été marquée par des conflits sociaux nombreux et durs ; il a fallu d’importantes concessions des employeurs publics et privés pour les éteindre ( ?), mais pouvait on à la fois se féliciter d’une exceptionnelle conjoncture économique et refuser à ses acteurs la part qu’ils jugeaient légitime ? Ces mêmes acteurs ont à leur tour su se montrer généreux en contraignant leur gouvernement à recevoir beaucoup plus d’immigrants que ce qu’il prévoyait.
Décembre n’a pas dérogé à la règle : mois de lumières et de fêtes. Pour confirmer cette tradition je citerai ici ma chronique de décembre 2010, la première à propos de Noël :
Car le mois de décembre est en Islande celui de la nuit, qu’il faut éclairer de toutes les manières possibles. Les aurores boréales peuvent apporter le plus bel éclairage qui soit, mais elles exigent bien des conditions pour se laisser voir et sont le plus souvent discrètes. La lune ? Parfois, bien sur, mais voici que décembre 2010 a été marqué par une éclipse totale de notre satellite !
Restent les maisons, et c’est pourquoi Noël commence début décembre et ne finira qu’en janvier ! Un seul Père Noël ne saurait suffire… il y en aura donc 13 (treize !), dont tout ami de l’Islande doit connaître la liste par cœur, et qui font leur visite à raison d’un par jour jusqu’au 24 décembre. Heureux les petits Islandais ? Pas sûr : ces Pères Noël ne sont pas toujours sympathiques tant ils adorent faire des farces. Stekkjarstaur arrive le premier, droit comme un piquet, et se précipite dans la bergerie pour boire le lait des brebis. Le second est Giljagaur friand de la mousse du lait de vache… Et ainsi jusqu’à Ketkrókur, le douzième, qui essaie d’attraper par la cheminée la viande fumée bouillant dans une marmite. Quant à Kertasníkir, le dernier, il vole aux enfants ces bougies qui dans le passé étaient leurs seuls cadeaux !
Grýla leur mère, Leppalúði, son troisième mari, et Jólakötturinn (le chat de Noël) ne valent pas mieux. Car Grýla est une ogresse qui entend les enfants peu sages où qu’ils soient, les attrape, les met dans sa hotte, pour, au motif qu’elle est toujours affamée, les consommer une fois revenue dans son repère ! Et Jólakötturinn emporte les enfants qui n’ont pas reçu de cadeaux…
En dépit de ces menaces les faibles humains préparent la fête, nettoient leur maison de la cave au grenier, composent toutes sortes de gâteaux, et évidemment (98% selon une étude récente !) achètent des cadeaux. A la table du réveillon, il y aura du porc fumé ou du renne ou peut être des perdrix blanches. Le lendemain sera servi le « hangikjöt » (gigot d’agneau fumé) qui est à lui seul une raison de prendre l’avion pour l’île…
La continuité est aussi dans le menu des repas. Comme les années passées, la moitié des Islandais ont mangé du « hamborgarhryggur » (carré de porc fumé) au réveillon et 75% du « hangikjöt » au repas de Noël (sondage MMR).
Malgré les chapardages de 13 Pères Noël, il reste aux enfants islandais et à leurs parents de nombreux cadeaux, à base de Star Wars pour les garçons et de Reine des Neiges pour les filles, et de smartphones pour tous.
Le choix de Ólafur Ragnar Grímsson
Pour faire place à Noël et ses festivités, l’actualité politique est mise en sourdine après le vote du budget. Au lieu des intentions de vote, MMR sonde les projets gastronomiques des électeurs. Même les vœux du Premier Ministre passent inaperçus. Il est vrai qu’il ne surprend personne en redisant combien les Islandais doivent être fiers de si bien vivre sur leur île. Ce que confirme le Bureau des Statistiques.
Mais la trêve est terminée dès le 1er janvier lorsque, à l’occasion de son allocution de vœux le Président Ólafur Ragnar Grímsson lève le suspense sur ses intentions : il ne se présentera pas pour un sixième mandat.
Pourquoi ? (voir http://english.forseti.is/media/PDF…) : « Oui, beaucoup d’années sont passées, à une vitesse étonnante : temps de défis difficiles, de joies et aussi de chagrins ; beaucoup de choses ont pris un autre aspect depuis que Guðrún Katrín (Guðrún Katrín Þorbergsdóttir, décédée le 12 octobre 1998) et moi sommes arrivés ici. [… ] Les nombreuses incertitudes (ORG cite Icesave, les débats autour de l’adhésion à l’UE, la levée du contrôle des changes, les projets de développement du référendum…) qui, voici quatre ans, avaient provoqué des appels à prolonger mon mandat, ont aujourd’hui heureusement disparu. […] A la lumière de cette description, et en référence à cette démocratie qui est le fondement de notre vie nationale, je crois le moment venu de transférer les responsabilités de président sur d’autres épaules, et ai donc décidé de ne pas me représenter. »
Faut-il croire ORG ? Il a tenu le même discours voici quatre ans, pour ensuite revenir sur sa décision après avoir été sollicité par une pétition opportune. Celui-ci est scrupuleusement examiné par des exégètes ; la plupart penchent vers le « oui »…
Qui va s’y risquer ? Des candidats se sont déjà manifestés, peu crédibles. D’autres ? Par la durée (20 ans !), ses décisions concernant Icesave, ses transgressions par rapport au rôle traditionnel des présidents islandais, et aussi la stature internationale qu’il a su acquérir, Ólafur Ragnar a profondément transformé la réalité de la fonction, et volontairement ou non, montré combien elle est déséquilibrée. Malheureusement les projets de réforme constitutionnelle semblent l’ignorer, peut-être parce qu’il faudrait alors revoir complètement l’équilibre des pouvoirs. J’y reviendrai.
Actualité économique
Comme prévu le PNB a progressé de 4.5% au cours des 9 premiers mois de 2015. Ce résultat est d’autant plus intéressant qu’il repose à la fois sur la progression de la consommation (4.4%), de l’investissement (15.8), et celle du commerce extérieur.
J’ai déjà relevé que l’importation de produits augmente plus vite que l’exportation ; on voit sur le graphique ci-contre que ce déséquilibre est largement compensé par le solde positif de la balance des services.
Le chômage est stabilisé autour de 3,5% et les prix restent étonnamment sages, en partie à cause de la bonne tenue de la couronne : il faut 141.7 Ikr pour 1 euro contre 154.7 voici un an.
Alors, bien sur, le Français jaloux cherche des ombres :
  • les généreuses augmentations de salaire consenties au début de l’été n’ont pas encore produit tous leurs effets sur la consommation interne et le niveau des prix,
  • la chute des cours de l’aluminium conduit à s’interroger sur la pertinence de certains projets industriels, et les producteurs à exercer une intense pression sur leurs fournisseurs d’énergie, qui ont pourtant consenti des conditions très avantageuses,
  • le succès des négociations avec les « anciennes » banques, préalables à la levée du contrôle des changes, n’est pas encore assuré.
Et, aux confins de l’économique et du politique, reste bien sur le problème de la monnaie.
Relations internationales : l’Islande et l’UE
Le coût de la couronne
Publiée début décembre, une étude réalisée par le périodique économique « Vísbending » estime que l’utilisation de la couronne coûte 1 million Ikr (7000€) par an à chaque foyer. Ce calcul repose sur une évaluation du montant des intérêts payés pour les emprunts publics et privés contractés en monnaie locale, comparés à ce qu’ils seraient pour des emprunts en devises. Une telle évaluation peut certainement être discutée, mais il est clair que la monnaie est le talon d’Achille de l’économie islandaise, tant celle-ci repose sur le commerce.
Le boycott russe
C’est précisément cette caractéristique qui conduit les exportateurs de poisson à critiquer à nouveau (voir chronique de août 2015) la décision islandaise de soutenir la boycott européen des produits russes. Curieusement (ou non ?) ni Sigmundur Davíð ni Bjarni, présidents des deux partis au gouvernement, ne viennent soutenir Gunnar Bragi Sveinsson, Ministre des Affaires Etrangères, pour une décision qu’il n’a certainement pas prise seul !
Actualité sociale
Les grèves
2015 a été marqué par un nombre exceptionnel de grèves ou menaces de grève. Au printemps/été 2015 54 syndicats avaient menacé de lancer une grève. Le Médiateur national est intervenu dans 57 cas et a pu ainsi limiter le nombre de grèves ou en raccourcir la durée. Il est vrai que les concessions ont été importantes, de l’ordre de 30 à 40% en 3 ans selon les niveaux de rémunération.
Accueil des réfugiés
J’ai dit ici comment l’accueil de réfugiés avait été considéré comme un devoir national par la plupart des Islandais, contraignant ainsi le gouvernement à se montrer beaucoup plus généreux que ce qu’il avait prévu (voir chronique d’août 2015). De nombreuses familles à travers toute l’île ont proposé de leur ouvrir leurs portes, et aussi :
  • 12000 Islandais suivent la page Facebook « Sýrland kallar ! » (la Syrie nous appelle !) ouverte par Bryndis Björgvinsdóttir,
  • des concerts sont organisés pour leur venir en aide,
  • les salariés du laboratoire Actavis viennent à leur rencontre lors d’une fête de Noël organisée à leur intention en liaison avec la Croix-Rouge,
  • IKEA annonce qu’il fera un don de 100000 Ikr à chaque réfugié, quelque soit son âge, pour l’équipement de son logement, et contribuera au maximum à leur insertion professionnelle.
Tout n’est pas si simple : deux familles albanaises, installées en Islande depuis deux ans se voient refuser un permis de séjour par le Bureau de l’Immigration au motif qu’il s’agit d’immigrés « économiques », et sont immédiatement expulsées avec d’autres alors qu’elles ont chacune un enfant atteint d’une très grave maladie. La fin est un conte de Noël : à l’initiative de l’employeur de l’un d’eux, une pétition est lancée qui recueille 6000 signatures en quelques heures, et l’Alþingi ajoute immédiatement les familles à la loi qu’il vote en fin d’année pour accorder la nationalité islandaise. Les voici de retour en Islande.
Actualité Culturelle
Où les Islandais se tournent à la fois vers leur passé et vers la mode :
La mode est celle des séries télévisées, dans lesquelles les cousins scandinaves ont acquis un savoir-faire reconnu. L’Islande de se joint au mouvement avec « Ófærð », première série islandaise à vocation internationale, produite par Baltasar Kormákur, et qui devrait atteindre la France dans le courant 2016. Le 27 décembre 128000 Islandais (50% de la population de l’île, alors que la série est interdite aux moins de 16 ans !) étaient devant leur récepteur TV pour assister à la découverte d’un cadavre dans un village côtier !
Le passé est revisité par Mickaël Torfason et þorleifur Arnar Arnarsson pour produire un spectacle sur le thème de la Saga de Njáll le Brûlé présenté en première le 30 décembre au Borgarleikhús. La chorégraphie est de Erna Ómarsdóttir. Pour elle la musique et la dance peuvent mieux encore que l’écrit mettre en évidence certains passages de la saga ; elle cite notamment le célèbre passage où Hallgerður refuse de donner un cheveu à Gunnar, son mari, pour qu’il bande son arc, précipitant ainsi sa mort !
Et la vie continue…
… presque chaque jour…
… le 28 décembre, à Eskifjörður (est) après le passage d’une tempête…

Actualités du mois de novembre

Actualités islandaises – Novembre 2015 (par Michel Sallé)


En Islande comme partout dans le monde les réactions sont très nombreuses aux horribles assassinats perpétrés le 13 novembre à Paris, et multiples les manifestations de solidarité officielles. Mais aussi personnelles : beaucoup d’Islandais sont venus à Paris pour étudier ou y célébrer un moment heureux de leur vie, certains y sont restés ; tous s’identifient à ces Parisiens de toutes origines aveuglements tués ou blessés alors qu’ils écoutaient de la musique ou étaient assis à une terrasse de café.

L’actualité politique

Très vite, à Reykjavík comme ailleurs, le discours opportuniste réapparaît car ces attentats donnent raison à tous, ceux qui croient à la coopération internationale malgré ses bugs, ceux qui préfèrent fermer portes et fenêtres… celui enfin qui y voit une opportunité pour préparer sa candidature à un sixième mandat de Président !

Dans le gouvernement, tant Ólöf Nordal, Ministre de l’Intérieur et Vice Présidente et du Parti de l’Indépendance que Gunnar Bragi Sveinsson , Ministre des Affaires Étrangères et Vice-Président du Parti du Progrès, croient qu’il n’y a pas lieu de modifier la politique suivie depuis le début de la législature : coopération dans le cadre de la Convention de Schengen, dont l’Islande est signataire, et accueil généreux des migrants. Pour ce dernier « nous ne pouvons prétendre que cela n’arrivera pas ici […]. Mais nous ne devons pas tomber dans le piège de qualifier tous les réfugiés de terroristes. » De son coté Ólöf rappelle que « l’Islande fait partie du monde et nous devons prendre nos décisions en conséquence ; nous Islandais avons toujours voulu agir en coopération étroite avec d’autres pays, et ceci est spécialement important quand une menace est imminente ». Ce qui n’empêche pas de prendre un certains nombre de précautions. Les partis de l’opposition sont eux aussi sur cette ligne.

Mais le Président Ólafur Ragnar Grímsson s’inquiète : « la menace a des racines nouvelles, et elle emploie des méthodes que nous n’appréhendons pas toutes. Si l’on croit qu’il suffira d’être positifs à l’égard des sociétés multiculturelles et des immigrants, et que la menace disparaitra toute seule, il s’agit d’une très grave erreur » ; il ne verrait pas d‘un mauvais oeil une remise de question de l’adhésion de son pays à l’Espace Schengen. Posture présidentielle qui laisse présager une candidature à l’élection de juin 2016. Quelques jours plus tard il fait savoir qu’il est opposé à la proposition de l’Arabie Saoudite, portée par son ambassadeur, de participer au financement d’une mosquée à Reykjavík… mais doit convenir qu’il n’a aucun pouvoir sur ces sujets.

Le Premier Ministre Sigmundur Davíð Gunnlaugsson lui emboite le pas, pour qui les attentats de Paris ont montré l’inefficacité du dispositif Schengen. Retour du sommet de La Valette sur les migrants, il rapporte à la presse que les dirigeants européens sont en privé inquiets de l’arrivée de terroristes dans le flot des réfugiés mais n’osent pas en parler publiquement. Comme toujours l’exemple à suivre est pour lui celui du Royaume Uni de David Cameron, mais il n’est pas sur qu’il puisse vaincre les réticences des ministres cités plus haut.

Les migrants islandais

Les événements de Paris viennent occulter une autre information tout à la fois politique, économique et sociale. Même s’il est redevenu positif depuis 2013, le solde migratoire masque une situation qui pose question : le solde migratoire des citoyens islandais reste négatif alors que le pays semble sorti de la crise. Ainsi en 2014 3400 sont partis, surtout des jeunes, alors que 2640 sont revenus. Si le solde migratoire total reste positif, c’est que 4348 étrangers se sont installés en Islande, quand 2475 l’ont quittée.

Le phénomène n’est pas nouveau, comme le montre le graphique ci-contre du Bureau des Statistiques. Il suit les mêmes cycles que la conjoncture économique, mais n’est jamais positif même lorsque celle-ci redevient favorable comme en 2004 ou aujourd’hui.

Posons une loupe sur les dernières années :

En 2009 et 2010, ce ne sont pas seulement les Islandais qui migrent. Les activités qui emploient beaucoup d’étrangers, telles le bâtiment, sont durement touchées par la crise. 2013, et peut-être la fin de 2012, marquent un fort retournement, au point que le solde islandais est proche de 0. Celui de 2014 est il un accident ? On sait que le départ des médecins a contraint le gouvernement à un réajustement des salaires de l’ordre de 25%, qui a lui même entraîné un incendie social qui n’est pas complètement éteint !

Katrín Jakobsdóttir, Présidente de la Gauche Verte est la première (Visír – tribune du 22 novembre) à tirer la sonnette d’alarme. Certes étudier et travailler à l’étranger fait traditionnellement partie de la vie des Islandais, qui ainsi acquièrent ailleurs des compétences dont devrait profiter l’ensemble de leur communauté ; et il était normal que beaucoup, notamment des jeunes, ne reviennent pas au pays pendant la crise. Mais les mesures que le gouvernement de gauche (dont était Katrín…) avaient décidé pour faciliter leur réinstallation ont pour l’essentiel été annulées par son successeur. Or l’Islande a besoin des ces jeunes pour construire une société de connaissance, de liberté et de justice !

Le débat est lancé : pourquoi leurs études terminées un grand nombre de ces jeunes ne reviennent ils pas au pays alors qu’ils reconnaissent que la vie y est plus facile ? Les salaires peut-être, les conditions de vie (les deux derniers hivers ont été particulièrement durs et longs) aussi, mais surtout l’impossibilité de trouver sur place un emploi correspondant aux compétences et aux ambitions des intéressés. La spectaculaire résorption du chômage depuis la crise a surtout reposé sur la création d’emplois dans le tourisme, soit des emplois peu qualifiés, et les orientations économiques actuelles auront pour effet d’y joindre des emplois industriels.

A l’Alþingi Ásta Guðrún Helgadóttir, députée Pirate, se joint à Katrín pour souhaiter une réflexion à ce propos. Mais le Premier Ministre Sigmundur Davíð ne voit pas où est le problème : on ne peut pas empêcher les jeunes de vouloir parcourir le monde (le 27 novembre le Bureau des Statistiques (service rattaché au Premier Ministre) publie comme un démenti : « il n’y a pas de changement dans le solde migratoire pour 2015 », sans la moindre statistique ! La voici : pour les 9 premiers mois de 2015, 3120 Islandais ont quitté l’île ; 1990 y sont revenus…). Ce que lisant, certains membres de la diaspora se déchainent sur Facebook. La question est évidemment ailleurs ; comment ne pas la rapprocher des intentions de vote en faveur des Pirates (près de 50% chez les jeunes) et des conflits sociaux du printemps ?

La situation économique

A voir le graphique ci-contre, qui montre un pouvoir d’achat en progression de 7.9 % en un an, on comprend l’incompréhension de Sigmundur Davíð : pourquoi vouloir quitter ce pays pour des voisins européens dont les résultats économiques sont si mauvais comparés à ceux obtenus grâce à la politique suivie par son gouvernement ? Car, contrairement à toute attente après les concessions salariales faites depuis le printemps, la Banque Centrale parvient à contenir l’inflation en dessous de son objectif de 2.5%, …tout en laissant entendre que cela ne va pas durer, ce qui la conduit à majorer encore son taux de base à 5.75%.

Le chômage paraît stabilisé entre 3 et 4%. Pour ce qui concerne le commerce extérieur la balance des échanges de produits pour les 9 premiers mois de 2015 (voir http://www.statice.is/publications/news-archive/external-trade/external-trade-in-goods-january-september-2015/) connaît le même léger déficit qu’en 2014 pour la même période soit 14725 millions d’Ikr (1€ = 141.4 Ikr ou 100 Ikr = 7.07 €) (1.8% des exportations) et ce déficit est le produit d’une très forte progression tant des exportations (11.8% à 480121 millions d’Ikr) que des importations (11.3% à 494846 millions d’Ikr), ce qui montre à la fois le fort niveau d’activité et le bon maintien des exportations malgré une progression de 10% de l’Ikr par rapport à l’Euro au cours des 12 derniers mois. Les produits industriels représentent 53% des exportations, malgré la chute des cours de l’aluminium, et les produits de la pêche 42%. Grâce au tourisme, il est certain que la balance des services viendra plus que compenser le déficit cité plus haut. A noter toutefois qu’une étude de spécialistes hollandais montre que l’impact économique réel de cette activité est sensiblement surestimé (40% ?). Il est en effet très difficile d’évaluer la durée et les dépenses des touristes étrangers.

Actualité sociale

La chute des cours mondiaux de l’aluminium offre une transition vers le social. Alors que l’accord signé en octobre (voir chronique d’octobre) pour les employés du secteur public, notamment les infirmières, qui avaient rejeté les accords signés par leurs syndicats au printemps, est cette fois approuvé, voici que les salariés de l’usine de Straumsvík menacent de faire grève à leur tour. L’enjeu est d’importance : Straumsvík, à Hafnarfjörður près de Reykjavík, est la première fonderie d’aluminium construite en Islande. Filiale de Rio Tinto, elle produit aujourd’hui environ 190000 tonnes d’aluminium et emploie 450 salariés. Sa directrice générale, Rannveig Rist, est inflexible. Compte tenu de la chute des cours de l’aluminium (la tonne d’aluminium est tombée cette année de 2100 à 1480$), l’entreprise produit à perte ; si la fonderie est arrêtée, il n’est pas sur que Rio Tinto, qui vient de fermer quatre usines dans le monde, accepte son redémarrage ! Ce serait évidemment catastrophique pour l’économie islandaise et particulièrement Hafnarfjörður et ses environs. La grève est prévue pour le 2 décembre, les négociations paraissent très difficiles : qui cèdera ?

COP 21 : l’Islande et son environnement

Le Président Ólafur Ragnar, le Premier Ministre Sigmundur Davíð et plusieurs membres de son gouvernement seront présents à Paris à l’occasion de la COP 21. Ils ne viendront pas les mains vides. Le gouvernement islandais s’est en effet engagé à s’associer à l’objectif de 40% de réduction des gaz à effet de serre (rappelons qu’il s’agit d’un objectif à horizon 2030 sur la base du niveau constaté en 1990) de l’Union Européenne. Seize axes d’action sont identifiés groupés en cinq catégories :
– développement de la sylviculture et retour à la nature des terres non cultivées,
– développement de la voiture électrique,
– aides à l’agriculture et à la pêche pour réduire la pollution générée par ces activités,
– développement et valorisation de l’expertise islandaise sur la géothermie,
– adaptation aux changements climatiques.

Ce plan est présenté le 27 novembre lors d’une grande conférence de presse (malheureusement, pas de communiqué en anglais).

Peut il contrer l’impact de l’intervention de Björk (voir http://grapevine.is/news/2015/11/06/state-of-emergency-for-the-highlands-iceland-has-a-deadline-says-bjork/), associée à Andri Snær Magnússon, auteur du brûlot « Dreamland » et animateur de Protect the Park (voir http://heartoficeland.org/) ?. Tous deux dénoncent les projets du gouvernement de construire plusieurs barrages dans le centre de l’Islande et border la fameuse piste Sprengisandur d’un réseau à haute tension. Ils proposent que toute cette région devienne un parc national et en appellent au monde entier !

Actualité culturelle

Du 2 au 6 novembre a eu lieu la 16ème édition du Festival Airwaves, toujours plus grand, plus international et plus fou.

Le film « Hrútar » de Grímur Hákonarson continue sa moisson de prix, à Minsk, Thessalonique et en Hollande. Il porte ainsi à 18 le nombre de distinctions reçues depuis le Prix « Un certain Regard » du dernier Festival de Cannes ; quand donc sera-t-il diffusé en France ?

Autre prix, obtenu cette fois en France, celui du meilleur roman étranger pour « D’ailleurs, les poissons n’ont pas de pieds » (Fiskarnir hafa enga fætur (2013)), de Jón Kalman Stefánsson, traduit par Eric Boury, (Gallimard). Pas une surprise tant Jón Kalman est maintenant un écrivain mondialement reconnu…

Mais pendant ce temps la vie continue

– 09-11 – l’inondation de Skaftá coûtera plusieurs centaines de millions d’Ikr selon Sandra Brá Jóhannsdòttir, maire de ce territoire. Les terres d’une dizaine de fermes ont été endommagées, et la route qui longeait la vallée a complètement disparu,

– 12-11 – 15662 voitures ont été immatriculées depuis le 1er janvier dont 40% destinées à la location,

– 18-11 – voici à quoi pourrait ressembler la mosquée de Reykjavík dessinée par Gunnlaugur Stefán Pálsson og Pia Bickmann,

– 21-11 – Björk encore, qualifiée par ma source (Ásgeir Tómasson – RÚV 21 novembre) de un des Islandais les plus célèbres de tous les temps : elle a eu 50 ans,

– 28-11 – les « Anonymes » prennent le contrôle des sites web d’information du gouvernement pour protester contre la chasse à la baleine (voir vidéo en bas cette page web : http://www.mbl.is/frettir/innlent/2015/11/28/sidur_stjornarradsins_enn_nidri/). Le chroniqueur a heureusement d’autres sources !

– 29-11 – au concours de l’homme le plus fort d’Europe, en Suède, Hafþór Júlíus Björnsson (Games of Thrones) expédie un tonneau de bière de 15 kg au dessus de 7 mètres ; entraînement pour le concours mondial dit-il !

Actualités islandaises – Octobre 2015 (par Michel Sallé)

Ma chronique de l’été 2015 était grâce aux Russes consacrée à la politiqué étrangère de l’Islande et ses difficultés de positionnement, et celle de septembre à l’économie et ses excellents résultats, appuyée sur un rapport de l’OCDE diffusé à point nommé. Il faut maintenant revenir à la vie politique …pour constater qu’il y a peu à en dire, et se demander pourquoi ; pourquoi notamment les deux partis au pouvoir ne parviennent pas à tirer parti des résultats économiques annoncés mois après mois et confirmés par une très bonne étude de la banque Íslandsbanki.

La confirmation des bonnes prévisions économiques

En septembre, je citai largement l’OCDE ; voici que Íslansbanki (Þjóðhagsspá 2015-2017. Íslandsbanki publie régulièrement un point de conjoncture (Morgunkorn Íslandsbanka), que je reprends souvent dans ces chroniques, notamment les graphiques. Il n’y a malheureusement pas de traduction) publie des prévisions très fouillées, qui viennent conforter les précédentes :

– progression du PNB de 4.3% cette année et en 2016, puis ralentissement à 2.5% en 2017,

– cette progression reposera plus sur la demande intérieure, alors que l’exportation de biens et surtout de services, était jusqu’à présent son principal moteur,

– cette expansion aura un impact positif sur l’emploi : chômage ramené à 3.5%…

– … et sur la consommation des ménages : +4.8% cette année, 5.2% en 2016 et 2.8% en 2017,

– l’investissement devrait progresser de 23.9% cette année et 18.8% en 2016, mais connaître un ralentissement sensible en 2017 : 1.9%,

– malgré ce qui précède, les auteurs de l’étude considèrent que grâce à la bonne tenue de la couronne, l’inflation devrait rester au niveau de 2,5% ; il est néanmoins possible que la Banque Centrale garde un taux de base élevé, voire l’augmente,

– comme l’OCDE, Íslandsbanki soumet ces prévisions à la bonne réalisation de la levée du contrôle des changes (Íslandsbanki est le successeur de Glítnir, l’une des trois banques ayant fait faillite en septembre 2008).

L’histoire économique de l’Islande est familière de pics mal contrôlés suivis de creux profonds. Et les menaces sont réelles. Outre des difficultés dans la levée du contrôle des changes, les risques sont sociaux (voir plus loin) et politiques : le Premier Ministre et le Ministre des Finances, tous deux présidents de partis en difficultés, pourraient, surtout le premier, être tentés d’acheter au prix fort un retour en grâce électoral !

L’actualité politique

Car les électeurs restent impavides face à ces bonnes perspectives économiques.

Les sondages

Le dernier sondage MMR (16 octobre) fait état de cette relative stabilité :

Où l’on peut relever que :

– Le Parti du Progrès ne parvient pas à enrayer sa glissade,

– le Parti de l’Indépendance ne retrouve pas son niveau de la dernière élection, qui pourtant n’était qu’une victoire en trompe l’oeil,

– les deux partis au pouvoir avant avril 2013 ne profitent pas de leur opposition,

– Avenir Radieux semble ressortir de l’abîme après sa révolution interne, sans que ses progrès soient vraiment spectaculaires,

– spectaculaire est par contre la constance des Pirates autour de 33% (46.3% chez les 18-29 ans !), soit plus que le gouvernement.

Ce ne sont évidemment que des sondages, et les dirigeants Pirates eux-mêmes, que l’on a peu entendus ces dernières semaines, ne s’attendent pas à de tels résultats lors d’élections. Mais tout se passe comme si les personnes sondées ne faisaient pas le lien entre ces très bonnes nouvelles sur le plan économique et l’action gouvernementale.

Il ne suffit pas d’enrichir les électeurs pour obtenir leurs voix : le gouvernement paie cher l’arrogance de certains ministres, l’amateurisme des mêmes ou d’autres, son incompréhension du dialogue social, dont les grèves du printemps, non encore terminées, sont la conséquence directe.

De plus les opinions, islandaise ou autres, sont versatiles, comme en témoigne ce sondage Capacent Gallup, qui porte Jóhanna Sigurðardóttir au pinacle des derniers Premiers Ministres, après que son parti ait subi une véritable débâcle électorale à la fin de sa mandature :

SD = Alliance Social-démocrate ; PI = Parti de l’Indépendance ; PP = Parti du Progrès

En octobre, deux des « anciens » partis réunissent leur congrès, le Parti de l’Indépendance et la Gauche Verte. La coïncidence n’échappe pas à Katrín Jakobsdóttir, Présidente du dernier : « Pour tout dire je trouve bien que les deux congrès aient lieu le même week-end. Nos partis représentent les deux pôles de la vie politique islandaise ».

Réuni tous les 3 ans le congrès de Parti de l’Indépendance est un rassemblement de plus de 1500 personnes venues de toute l’Islande, cette année du 23 au 25 octobre. Même s’il peine à retrouver son audience du siècle dernier (jusque 40%) ce parti, presque toujours au pouvoir depuis les années 30, a façonné le pays, et reste une référence pour tous les Islandais. Élu en 2009 à sa présidence, Bjarni Benediktsson a eu du mal à imposer son autorité tant Davíð Oddsson est resté présent par ses éditoriaux et ses réseaux « vieil Islandais ». Mais celle-ci ne semble plus contestée : il est reconduit avec 96% des suffrages, qui consacrent à la fois sa prudence et sa position de véritable numéro 1 du gouvernement. Il parvient aussi à imposer Ólöf Nordal, Ministre de l’Intérieur, comme Vice-présidente à la place de Hanna Birna Kristjánsdóttir.

Áslaug Arna Sigurbjörnsdóttir, étudiante, représentera la jeunesse au poste de Secrétaire. Ce n’est pas fortuit : la Fédération des Jeunes Indépendants a préparé le congrès avec soin et est venue avec de nombreuses propositions de type « poil à gratter » pour le parti, lui imposant notamment une réflexion sur l’avenir de la couronne islandaise, dont Bjarni se serait volontiers passé. Le programme voté met l’accent sur le libéralisme en prévoyant la privatisation d’institutions comme RÚV, la radio-TV d’État, , Ísavía, gestionnaire des aéroports, Landsbanki avec la distribution d’actions gratuites à chaque Islandais.

A Selfoss, c’est aussi sous la pression des jeunes que la Gauche Verte veut vraiment être perçue comme une alternative claire. Elle rejette évidemment toute idée de privatisation et veut au contraire la création d’une banque populaire (Samfélagsbanki). Au chapitre « Vert » elle s’oppose à la chasse à la baleine et à l’exploitation pétrolière en Mer du Nord, et veut faire des l’Islande un pays décarboné à l’horizon 2050. Katrín Jakobsdóttir reste présidente ; Una Hildardóttir, 24 ans, est élue Trésorière du parti.

L’écoute des jeunes et la place qui leur est faite dans ces deux partis sont bien sûr destinées à contrer les Pirates, pour qui près de la moitié des jeunes se déclare prête à voter. Pourtant aucun des thèmes chers aux Pirate, telle la clarté de l’information, ne semble avoir été abordé.

En parallèle à ces deux congrès, un remaniement ministériel se dessine. De quelle ampleur ? Le Premier Ministre Sigmundur Davíð le voit léger ; Bjarni est il de cet avis ?

Actualité sociale

On se souvient que le deuxième trimestre 2015 a été socialement très agité et que les employeurs privés et publics ont du accorder d’importantes augmentations de salaire pour éviter une grève générale. Le calme était revenu, sauf pour certaines catégories d’employés du secteur public, notamment les infirmières, qui avaient rejeté les accords signés par leurs syndicats. En octobre ces personnels votent à nouveau le principe d’une grève à partir du 16 novembre si les négociations n’aboutissent pas. Les policiers se joignent à eux. S’ils n’ont pas le droit de grève, ils savent manifester leur mécontentement, par exemple en refusant de relever les excès de vitesse ou en se trouvant tous malades le même jour, générant ainsi d’importants retards dans le trafic aérien. Un accord est signé le 28 octobre conjuguant augmentations de salaire et réduction du temps de travail. Sera-t-il approuvé ?

Simultanément un autre accord est signé entre les employeurs et les principales fédérations de salariés, représentant 70% d’entre eux, sur les modalités de négociation collective. Il s’agit à l’instar de ce qui se fait dans d’autres pays nordiques, Norvège en particulier, d’orienter les négociations (place des femmes, équité privé/public, etc…) en prenant en compte les perspectives économiques (progression de la productivité, prix, cours de la monnaie, etc…). A cette fin une commission est créée associant les signataires, la Banque Centrale et les pouvoirs publics. L’horizon est 2018 lorsque les accords signés cette année viendront à échéance.

Relations internationales

Deux visites marquent l’actualité internationale, qui toutes deux sont des « premières » depuis de longues années et montrent que l’Islande intéresse :

– Visite de François Hollande (voir communiqué de l’Ambassade de France http://www.ambafrað nce-is.org/Visite-Presidentielle-a-l-occasion-de-l-Arctic-Circle), huit heures le 15 octobre, accompagné de Michel Rocard, Ségolène Royal et Nicolas Hulot pour constater au pied du glacier Sólheimajökull les conséquences du réchauffement climatique. Il était invité par le Président Ólafur Ragnar à l’occasion de la conférence « Arctic Circle » (voir https://en.wikipedia.org/wiki/Arctic_Circle_%28organization%29)

Visite de David Cameron, les 29 et 30 octobre, convié (voir http://eng.forsaetisraduneyti.is/news-and-articles/northern-future-forum-focuses-on-creative-industries-and-public-sector-innovations) par Sigmundur Davíð à participer avec les

Premiers ministres des Pays Nordiques et Baltes aux travaux du « Northern Future Forum ». Il s’agissait aussi d’entendre le Premier Ministre britannique, d’une part exprimer des regrets sur l’attitude de son pays lors de la crise de 2008 (on se souvient que l’Islande avait été classée parmi les pays ou groupes terroristes, aux cotés d’Al Qaida, par le gouvernement de Gordon Brown…), d’autre part conforter l’euroscepticisme de son hôte : missions accomplies du bout des lèvres.

Vie culturelle

« Parfois on a envie d’ajouter un peu de théâtre dans la vie et vice versa »… L’ ambition qu’exprime ainsi Ragnar Kjartansson est certainement la sienne dans les oeuvres qu’il propose au Palais de Tokyo (Paris) depuis le 21 octobre et jusqu’au 10 janvier 2016 « à la croisée de la performance et du cinéma, de la sculpture et de l’art lyrique, de la peinture de plein air et de la musique » selon le programme de l’exposition (voir http://www.palaisdetokyo.com/fr/exposition/exposition-monographique/ragnar-kjartansson).

A Reykjavík cette fois, le cinéaste Dagur Kári reçoit le 28 octobre le Prix de Cinéma décerné par le Conseil Nordique pour son film « Fúsi » (en France « Histoire d’un géant timide »). Selon le jury un conte simple et inventif sur le plan visuel qui évoque la nécessité de préserver sa bonté et son innocence dans un monde apparemment impénétrable. Simple peut-être, mais très ambitieux ! Dagur est aussi l’auteur de « Nói Albinoí ». Le prix lui est remis par Benedikt Erlingsson, primé l’an passé pour « Hross í oss » (en France « des chevaux et des hommes ».

Le 2 décembre à Aix en Provence, le Festival « Tous Courts » proposera douze courts métrages islandais (voir http://festivaltouscourts.com/visa-pour-lislande/) dans le cadre d’un programme « Visa pour l’Islande » organisé par Patrick Dorflein et le Centre Islandais du Film.

Pendant ce temps la vie continue…

07/10 – Célébrant l’anniversaire de l’arrivée en Amérique de Leifur Eiríksson, Barack Obama s’est félicité de l’excellence de notre passé commun avec le peuple norvégien ; émoi en Islande (pour beaucoup fréquenter le Borgarfjörður (Islande), le chroniqueur confirme que Leifur y est né et y a été élevé !!!) !!!

25/10 – le politologue Hannes Hólmsteinn Gissurarsson rappelle que les Danois ont voulu vendre l’Islande 4 fois, les Britanniques ont envisagé 3 fois de l’envahir, et les Américains 1 fois de l’acheter et la vider de ses habitants. Peut être a-t-on dit à B. Obama que c’était fait ?

25/10 – 8 espèces d’oiseaux, dont les macareux et les grèbes (variété de canards surtout présents sur le lac Mývatn), ont été portées sur la liste des oiseaux en danger tant leur nombre a diminué,

29/10 – au 1er janvier 2015, 8.9% des habitants de l’île étaient des immigrés, soit 29192 personnes, contre 27445 un an auparavant. 37.5% venaient de Pologne, 5.1% de Lituanie et 5.0% des Philippines,

30/10 – A 36 ans, Sigrún Arnardóttir est la mère de 10 enfants (de 19 ans à 9 mois). Pour faire bonne mesure Albert son mari leur a joint 3 enfants d’un premier mariage.