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Trek cet été de Egilstadir à Skogar
Publié : 17 mai 2009, 13:58
par Kervin
Bonjour !
Je vais partir du 24 juillet au 24 août prochain pour faire un trek en Islande seul et en autonomie (environ 550km). J'ai déjà une petite expérience de trek en autonomie (1 semaine Mongolie), et un peu plus grande de marche (le max fait étant d'environ 500km sur 3 semaines).
Après de précieux conseils obtenus sur ce forum (merci David!), et sachant que je souhaite grosso modo suivre les routes existantes (je pars seul) voici en synthèse ce que je vais faire :
- Départ d'Egilstadir
- Passage par la F931 en longeant le lac Logurinn
- F910 jusqu?au barrage de Karankuhkar
- Poursuite par la F910 jusqu?à Askja, en passant par la Jokulsa à bru, la Kreppa et la Jokulsa à Fjollum
- Passage de Askja à Nyidalur en passant par la F910 Sud (passage au nord du Vatnajökull)
- F26 jusqu'à Nyidalur
- Puis F26, et bifurcation à l'Est pour rejoindre le lac Hagongulon
- Trajet vers le sud en longeant la Kaldakvisl
- A nouveau F26 jusqu'à F208
- F208 jusqu'à Landmannalaugar
- Landmannalaugar-Skogar
J'ai noté notamment que les parties difficiles devraient se trouver entre Askja et Nyidalur :
- risque (modéré en été) de sables mouvants entre Urdarals et Kistufell
- risque (moins modéré) de tempête de sable
- au niveau de Urdurals, en cas de fonte, le ruissellement du glacier peut former un gué énorme, peu profond mais de plusieurs km de large
- difficulté de trouver de l?eau car jusqu?à Gaesavotn
- gués pouvant être assez rudes entre Skjalfandafljot et Nyidalur - surtout celui avant Nyidalur- notamment par mauvais temps .
Concernant l'équipement, je vais utiliser une carte au 1/300.000 (Islandskort Mal og menning) ansi que mon GPS, et je me tate pour acheter un Spot satelite Personal Tracker.
Bon sinon, pas d'autre équipement spécial, si ce n'est des chaussures pour traverser les gués (j'hésite à prendre une paire de bottes, mais je crois que je vais opter pour la paire de sandales plastique que j'avais en Mongolie), et puis pour le confort, un filet anti moustique, et lunettes "étanches" contre le vent de sable.
Je suis preneur de tout avis/conseil/témoignage sur ce projet !
Par ailleurs, je me pose encore quelques question sur l'alimentation. Concernant l'eau, pas trop d'hésitation. Ca sera un filtre type MSR (miniworks). En revanche, concernant la nourriture :
- Je pensais initialement prendre de la liophylisée, mais en lisant des post sur plusieurs forums, j'ai l'impression qu'il peut être plus intéressant (concernant le rapport prix/poids/calories) d'acheter de la nourriture "séchée" (flocon de purée, riz, pâtes, semoule couscous, etc.). Qu'en dites-vous ?
- Je pensais également tout prendre dans mon sac, mais il semble plus interressant (c'est à dire clairement plus léger!) de sa faire "livrer" au fur et à mesure de mon trajet sur les quelques refuges où je vais passer (Dreki, Nyidalur et Landmannalaugar), en préparant à l'avance mes paquets à la gare routière de Reykjavik, et en les faisant acheminer par bus. Avez-vous déjà fait cela ? Comment ça se passe concrètement ? Est-ce "à peu près" sûr ? Je ne voudrais pas arriver dans un refuge et me rendre compte que je n'ai plus de nourriture pour la semaine qui suit...
Merci d'avance !
Simon l'a fait
Publié : 17 mai 2009, 16:41
par Chris
Bonjour,
Pour ta dernière question, tu peux demander à Simon membre de ce forum, et lire (si ce n'est déjà fait) son post ici :
http://www.france-islande.fr/forum/viewtopic.php?t=768
Chris.
Publié : 18 mai 2009, 11:01
par Kervin
Merci pour cette info, Chris.
Re: Trek cet été de Egilstadir à Skogar
Publié : 18 mai 2009, 13:40
par cyclophoto
Kervin a écrit :
Bon sinon, pas d'autre équipement spécial, si ce n'est des chaussures pour traverser les gués (j'hésite à prendre une paire de bottes, mais je crois que je vais opter pour la paire de sandales plastique que j'avais en Mongolie), et puis pour le confort, un filet anti moustique, et lunettes "étanches" contre le vent de sable.
Je suis preneur de tout avis/conseil/témoignage sur ce projet !
Par ailleurs, je me pose encore quelques question sur l'alimentation. Concernant l'eau, pas trop d'hésitation. Ca sera un filtre type MSR (miniworks). En revanche, concernant la nourriture :
- Je pensais initialement prendre de la liophylisée, mais en lisant des post sur plusieurs forums, j'ai l'impression qu'il peut être plus intéressant (concernant le rapport prix/poids/calories) d'acheter de la nourriture "séchée" (flocon de purée, riz, pâtes, semoule couscous, etc.). Qu'en dites-vous ?
Merci d'avance !
Avec les sandales pour traverser les gués , pense à prendre des chaussettes néoprène pour plongée ou planche à voile car la T° de certains gués avoisine le 0° sur la F910 .
A la place d'un filtre céramique , je te conseille plutôt des pastilles , c'est + léger et en Islande l'eau est potable quasiment partout quoique parfois un peu trouble dans certaines rivières ( alluvions).
La solution sucres lents avec les pâtes, riz, couscous... est la moins salée pour le porte-monnaie et pour la santé mais demande temps de cuisson et matériel ( casserole ) plus important donc nécessairement + de carburant aussi . Du point de vue rapport poids/énergie ça se vaut entre Lyo et non lyo , sauf qu'en marchant tous les jours , il faut doubler les rations donc le lyophilisé coute + cher.
On trouve facilement sur place des barres de céréales, du musli, et des fruits secs à prix raisonnable ; le chocolat est très cher .
@+
François
Longer Kaldakvísl et variante par Snapadalur
Publié : 18 mai 2009, 13:48
par Himbrimi
Bonjour Kervin,
À toute fin utile? comme tu prévois de longer Kaldakvísl depuis Hágöngulón, pense bien à rattraper la F26 à hauteur de Versalir et non pas plus loin au sud. La raison c?est qu?il y a un chenal artificiel, issu d?un lac-réservoir au nord de Versalir, qui amène de l?eau de la Þjórsá jusqu?à Kaldakvísl en empruntant à la fin le cours naturel d?Illugaverskvísl, qui n?est donc pas du tout la petite rivière tranquille à laquelle on pense en regardant les cartes ! La confluence se fait au niveau de Sauðafell, si tu arrives là tu ne pourras sûrement pas passer? Le chenal artificiel se franchit par le pont de la F26, juste à l?est de Versalir.
Une idée de variante en quittant Nýidalur : plutôt que de suivre la F26 puis le chemin carrossable du barrage de Hágöngulón, tu prends au sud-est dès le refuge de Nýidalur jusqu?au très intéressant site géothermique de Eggja-Snapadalur (c?est balisé de loin en loin, se renseigner au refuge), puis tu fais 5 km vers le sud pour rejoindre la piste qui vient de la rive nord-ouest de Hágöngulón, il n?y a plus qu?à la suivre jusqu?au lac (elle n?est pas très marquée au sol mais reste bien visible dans l?ensemble). Tout cela est nettement plus beau que la F26 mais aussi très peu passant, comme tu t?en doutes? Par mauvais temps je ne m?y risquerais pas car c?est truffé de petites montagnes et perdre sa route là-dedans serait une mauvaise affaire, mais si la météo est clémente les massifs de rhyolite en mettent plein la vue.
Bons préparatifs,
Yann
Publié : 19 mai 2009, 13:55
par Kervin
François, merci pour tes infos.
Je pense effectivement que les chaussettes néoprène seront les bienvenues.
Pour le filtre, je pense rester sur mon idée, car je crois que sur certaines portions, l'eau est boueuse et les pastilles insuffisantes (je me souviens avoir improviser un semblant de filtre avec mes chaussettes lorsque j?étais en Mongolie avec seulement des pastilles, c'était assez comique?)
Pour la nourriture, je pense donc que je vais alterner lyophilisée et non lyophilisée.
Yann, merci également pout tes infos.
Lorsque j'ai repéré mon itinéraire, j?avais effectivement pensé à prendre le sud-est dès le refuge de Nýidalur, mais je me suis posé la question sur les montagnes en cas de visibilité réduite. Je crois que j'improviserai en fonction du temps (qui de toute façon sera très changeant a priori...)
A plus
t'as bien avancé ton trip, je vois
Publié : 26 mai 2009, 16:44
par david
salut
cool, t'avances bien dans ton projet.
après Nyidalur, si tu vas vers vonarskard et la zone de snappadalur, ne reste surtout pas dans le vallon mais remonte sur la ligne de crete de la rive gauche. attention, c'est très raide...
mais bon, le gardien t'en dira beaucoup plus que moi.
merci yann pour ton info vers la kaldakvisl. je me serais fait avoir. c'est d'ailleurs moi qui avait soufflé l'idée pour échapper à l'immonde sprengisandur (pour les piétons).
cette þjorsa, où qu'on passe, elle se dresse toujours en travers en toute fin de compte (au moins à langisjor, elle devrait pas me barrer la route).
pour le filtre, je reste persuadé que le filtre miniworks est la meilleure solution pour filtrer l'eau. l'eau même boueuse est pure et les pastilles de chlore n'apporteront pas grand chose (la désinfection me semble inutile)et surtout n'éclairciront pas l'eau.
ne prends surtout pas de bottes. je crois qu'on ne peut faire pire betise que d'utiliser bottes ou cuissardes. si elles se remplissent et qu'il y'a beaucoup de courant, pas sur que tu puisses les retirer et là, leur poids t'entrainera vers le fond.
Publié : 09 juin 2009, 13:36
par Kervin
Salut David,
Désolé de ne répondre que maintenant, je viens juste de prendre connaissance de ton message.
Merci pour tes info concernant vonarskard et la zone de snappadalur.
J'ai acheté mon filtre ce week-end ! (j'avais envie de partir dans la foulée ! ! ! mais patience patience...).
Je suis d'accord avec toi pour les bottes. Je vais prendre mes sandales en plastique, et je rajouterai les chaussettes néoprène.
De manière générale, je pense que mon projet est maintenant assez bien rodé.
J'ai toujours un peu d'appréhension sur le système d'approvisionnement par livraison dans les refuges, mais bon... A la grace de Dieu ! (... et des trolls !...)
Kervin
Publié : 25 août 2009, 18:56
par Kervin
Bonjour à tous
Me voici de retour après ce petit périple en Islande
JUSTE INCROYABLE ET TELLEMENT HALLUCINANT ! ! !
J'y reviendrai peut-être un peu plus longuement par la suite, mais en attendant, je veux juste préciser que j'ai été amené à changer mon itinéraire, et je ne suis pas passé au refuge de Dreki. J'avais néanmoins fait livrer de la nourriture (lyophilisée), du moins en théorie (j'espère que le bus l'a bien apportée à destination, comme cela a très bien fonctionné pour Nyidalur) au refuge de Dreki.
Donc, toujours en théorie, il y a là-bas un carton avec mon prénom dessus (KERVIN) et 5 jours de nourriture.
Si vous lisez ce mail et êtes en Islande, et que vous en avez besoin, n'hésitez pas !!!
A plus tard !
Kervin
Publié : 25 août 2009, 20:03
par Souricette
Impressionnant ton projet (qui maintenant est devenu réalité) de faire tout ce chemin seul dans ce pays sauvage et désolé (ça n'y parait pas mais ça veut dire que j'adore

).
Il faut que tu reviennes nous raconter ça plus en détail. Je suis sur que tu as plein d'anecdotes et d'histoires de rencontres formidables.
Publié : 20 févr. 2010, 17:30
par Kervin
Bonjour à tous !
Je commence à réfléchir sérieusement à ma prochaine marche, et me rends compte que je n'ai jamais vraiment pris le temps de raconter cette aventure d'il y a quelques mois...
Fichu quotidien qui vous hape dans ce torent tumultueux et ne vous laisse sortir la tête de l'eau qu'une fois tous les 6 mois...
Raconter ce que je vécu serait un peu long (et je ne suis pas très doué pour les récits).
En synthèse, traversée Nord Sud à pieds en solo avec, dans le désordre
- une tente qui s'envole et que je ne rattraperai jamais
- de l'humidité, de l'humidité, un vent hallucinant, et pour le fun, un peu d'humidité
- de la solitude complète dans le Sprengisendur
- du liophylisé "réchauffé" à l'eau froide
- j'en passe et des meilleurs
Mais aussi et surtout :
- une beauté des paysage absolument incroyable (je découvre que le chaos des origines est profondément esthétique !)
- des conversations sans fin avec des oiseaux qui me montrent la route
- des couleurs et des formes totalement oniriques
- des rencontrent mémorable avec quelques cyclistes ou marcheurs
- DE LA VIE, QUOI !!!!
Je ne suis pas un spécialiste de l'informatique (donc je n'ai pas de blog), mais la moindre des choses que je puisse faire, c'est de donner quelques conseils à ceux qui en souhaiteraient. Donc n'hésitez pas à me demander : à ma modeste mesure, je vous répondrai avec plaisir.
Bon vent !
Publié : 21 févr. 2010, 06:30
par Reun
salut Kervin,
... J'aimerais bien, moi aussi, que tu nous parles plus en détail de tes aventures ... quand on est passé dans un endroit difficile ou "incroyable" on aime bien savoir comment l'on trouvé les autres !!
... pour ma part, j'ai fait en 2008 en vtt Askja - Nydalur en longeant le glacier ... on a souffert !! ... et comme David, kistufell a été notre sauveur .
bonne préparation pour le prochain
Reun
http://faregis.uniterre.com/
Publié : 23 févr. 2010, 14:31
par david
et bien tu n'as pas été happé par les trolls finalement... je me posais des questions sur la réussite de ton projet
curieux de savoir quel a été finalement ton cheminement. classique ou plus rock and roll?
Publié : 01 mars 2010, 10:04
par Kervin
Bien, alors voici quelques mots de cette aventure dont elle me fait penser au proverbe suivant : c?est en forgeant qu?on devient forgeron?
Je passe très rapidement sur mon arrivée en terre d?Islande. Je me souviens cependant de cette lumière rose orangée incroyable dans le ciel lors de l?atterrissage, de la traversée de ces champs de lave entre l?aéroport et RVK qui me plonge tout de suite dans un univers surréaliste, et enfin de cette petite ville de RVK dont je suis tombé amoureux.
Mon trajet initial devait me mener de Egilstadir à Nyidalur, en passant par Askya, et avant de rejoindre le sud pour finir par le treck classique de Landmannalaugar. Je prépare donc 2 cartons de ravitaillement : un pour Askya, et un autre pour Nyidalur, que je fais « livrer » par bus depuis la gare routière de RVK (il suffit d?indiquer son nom + lieu de « livraison », le tout moyennant quelques euros), le reste étant dans mon sac à dos.
Je prends un coucou qui me transporte de RVK à Egilstadir, mais suis un peu déçu car tout ce voyage se passe dans les nuages, et je ne peux absolument pas profiter du paysage.
Arrivé à Egilstadir, ma route peut enfin commencer : depuis Egilstadir, je rejoins la 931 et longe la Lagarfljot jusqu?à l?embranchement avec la 910. Cette première marche le long du lac/rivière est un vrai petit bonheur. Je rentre progressivement dans cette aventure. Il y a beaucoup d?oiseaux long de la route, et si au début de ma marche je ne m?intéressais pas vraiment à eux, leur compagnie tout au long de mon vagabondage sera de plus en plus importante pour moi. Je m?amuse à les saluer et à converser avec eux (la marche solitaire vous fait faire de ces trucs?), et lorsque j?hésite sur un itinéraire, je les laisse m?indiquer la route...
En revanche, la pluie est constante, et plus monte vers les « hauteurs », plus le brouillard se fait dense. Après trois jours de marche, je suis le long de la 910 non loin de Holmavatn. Je prends conscience de manière assez radicale que plusieurs éléments posent problème dans mon équipement : en premier lieu, ma « cape » de pluie. Si je peux me permettre un conseil, c?est une très mauvaise idée de prendre ce genre de « vêtement », parce qu?une marche prolongée fait transpirer (on est donc trempé à l?extérieur mais aussi à l?intérieur?)
Mais surtout, le problème vient de ma tente? Ah? cette tente? Excellente en Mongolie, mais pas du tout adaptée pour l?Islande. D?abord parce que pour la monter il faut mettre le « dessous » (sol + moustiquaire), et ensuite seulement, la recouvrir avec le « toit » (donc impossibilité de la monter lorsqu?il pleut, sauf à vouloir dormir dans une baignoire couverte). Ensuite parce que très mal adaptée au vent (je n?ai pas de tendeur, donc lorsque le vent est violent, la toile se colle à la moustiquaire, et en cas de très forte pluie, l?humidité passe à travers?). Enfin, beaucoup trop petite pour pouvoir faire sa popote à l?intérieur (en tout cas pour faire chauffer quelque chose). En synthèse, choisissez bien votre tente avant de partir !!!
Petite anecdote d?ailleurs. Au bout de ces trois premiers jours de marche, je devais m?arrêter comme je l?ai dit non loin de Holmavatn. Là, sur un chemin qui rejoint la route, se trouve une remorque abandonnée de camion de travaux. Je m?abrite de la pluie dessous pour y étendre ma tente afin qu?elle sèche. Je pose mes affaires à côté, et me rend vers un petit lac à 300m de là pour y remplir ma gourde grâce à mon filtre MSR. Lorsque je reviens, la remorque a disparu, et mes affaires avec, car cette remorque était loin d?être aussi abandonnée que je ne le croyais.
Je peste comme c?est pas permis contre le chauffeur?Jusqu?à ce que je me rende compte que ce chauffeur a en réalité soigneusement replié mes affaires, et les a posées sous quelques pierres pour ne pas qu?elles s?envolent, le tout étant indiqué par mes bâtons de marche qu?il avait planté à côté.
Je peste comme contre moi-même, pour m?être emporté pour rien contre cette personne?
Je passe la troisième nuit sous ma tente, trempé, et de plus, le froid est vraiment présent, si bien que je dors dans ma couverture de survie. Le lendemain matin, la pluie continue? et le brouillard est toujours très présent (je ne vois pas à 30m, ce qui pour le moment ne pose aucun problème d?orientation car je n?ai qu?à suivre une route, mais m?empêche d?apprécier tout paysage). Je croise quelques voiture de temps à autre, et demande le temps qu?il va faire. Très mauvais sur les 5 prochains jours?
Je me dis que je n?ai pas l?équipement qu?il faut, que je ne peux continuer comme cela. Je m?interroge longuement avant de décider de rentrer sur Egilstadir pour racheter du matériel et un ou deux vêtements beaucoup plus efficace contre le froid et la pluie. Un retour sur ses pas n?est jamais évident, surtout au bout de trois jours? je ravale un peu mon orgueil, et après un jour de marche + quelques heure de stop, me voici de retour à Egilstadir.
Mon premier réflexe est d?aller dans un magasin pour acheter une tente, mais je me rends compte qu?il n?y a plus que des tentes familiales? L?option « retour à RVK » est vite mise de côté, car je n?ai pas envie de faire un aller retour.
Je change donc complètement mon fusil d?épaule, et décide de me rendre à Akuyéri pour y faire mes emplettes, et en me disant que je vais changer mon itinéraire. Askya sera pour une autre fois. Je me dis que la traversée Nord-Sud a du charme, tout en sachant que je vais me manger du désert de pierres pendant la très grande partie de ma traversée.
Mais cela me plait, car la marche en solitaire dans ces paysages de désolation totalement épurés m?attire énormément?
Ma route me mènera donc depuis Akuyéri jusqu?à Laugafell avant de rejoindre Nyidalur. La sortie d?Akuyéri est plutôt agréable, même si les montagnes retiennent pas mal les nuages. Je suis assez rapidement loin de la ville, et l?asphalte laisse place à des chemins de terre et de cailloux. La montée progressive vers le Sprengisandur est assez facile.
Et là commence ma traversée du désert?
Avant tout, je dois dire que l?eau n?aura jamais posé problème. Car si le Sprengisandur est un désert, il est traversé ça et là par quelques cours d?eau, et à raison d?une marche de 25 à 35 km par jour, on peut sans problème avoir au moins une fois dans la journée de quoi se ravitailler en eau.
Mon filtre MSR est parfait (je me suis parfois dit que des pastilles purifiantes auraient fait l?affaire, mais je me suis ensuite rendu compte que l?eau près des glaciers est beaucoup plus trouble, est donc nécessitait d?être filtrée). Je me rappelle d?ailleurs d?une anecdote. Ce fut à une journée de marche après Nyidalur, près de Skrokkalda. Ma carte indique un point d?eau près de la F.26. Lorsque j?arrive le soir, je me rends compte que le petit lac est à moitié asséché. J?ai cependant la flemme de remplir ma gourde, et me dit que je ferai cela le lendemain. Le lendemain matin, le lac était totalement asséché?
De même, les différents passages à gué n?auront jamais posé de souci, et mes chaussettes en néoprène dans mes sandales en plastique font parfaitement l?affaire !
En revanche le vent fut assez pénible. Une légende dit qu?il souffle généralement du Nord vers le Sud (je me voyais déjà avoir des ailes). C?est clairement une légende (en tout cas, lorsque j?y étais).
Je crois n?avoir jamais eu un vent de dos? toujours de face ou latéral? Je me souviens en particulier d?une portion : ce fut sur la F 752, avant de rejoindre la F26, au moment où la 752 fait un angle droit et passe de plein sud à plein est. Or il y avait à ce moment là un vent extrêmement violent qui soufflait de face. Sur ces 5 km, j?ai avancé en étant quasiment plié en deux, tête baissée, m?aidant de mes bâtons de marche.
Moment difficile, mais au fond de moi, je suis heureux comme un prince de pouvoir affronter ces éléments, et livrer cette petite bataille, au milieu de nulle part, avec en ligne de mire le Vatnajokull? Un vrai moment de bonheur. La vue de ce glacier, ainsi que celle du Hofsjökull, reste d?ailleurs une de mes plus belles images.
Le refuge de Nyidalur est un petit moment de détente très appréciable. D?abord parce que je peux y prendre une douche. Ensuite parce que je rencontre des personnes avec qui je peux parler. Je pense notamment à un couple de français qui eux, viennent d?Askya, et que je reverrai à l?aéroport à mon retour à Paris. Cela me fait d?ailleurs penser à ce couple de « retraités » allemands, rencontré non pas à Nyidalur, mais plus loin, dans le refuge ? fermé ? de Felsaft : une rencontre toute simple avec ces deux cyclistes qui ont parcouru le monde, et m?ont offert un carré de chocolat et un café chaud qui valaient tout les festins du monde? Nyidalur est aussi le moyen pour moi de retrouver mon paquet avec mes vivres dedans.
J?ouvre d?ailleurs une petite parenthèse sur le sujet. J?étais parti avec uniquement du lyophilisé, et des barres multivitaminées. Mes rations initiales étaient les suivantes : deux barres pour le petit dej?, un plat à midi, et un repas complet le soir. Je me suis rendu compte que je me satisfaisais très bien d?une barre le matin, puis une mangée progressivement sur plusieurs heure jusqu?au repas complet du soir.
Cela m?aurait permis d?économiser quelques kilo, car définitivement, mon sac était trop lourd (entre 20 et 27 kg selon le niveau de ravitaillement qu?il contenait). Si bien que si je n?ai jamais vraiment eu à me plaindre d?ampoules, j?ai en revanche eu le dos (et notamment mon épaule droite) qui m?a fait vraiment mal tout au long de ma marche?
L?une de mes erreurs fut également de vouloir économiser du poids (car oui, j?ai économisé du poids ?) en ne prenant pas de réchaud à gaz, mais plutôt ces petits morceaux de je ne sais quoi qui ressemble à des morceaux de sucre et que l?on fait chauffer. Autant dire que par grand vent, c?est d?une absurdité complète. La synthèse de tout cela, c?est que le lyophilisé à l?eau froide c?est très, très, mais alors très moyen (chips de purée, chips de riz, chips de viande, etc.), et qu?un bon réchaud est préférable.
A propos du vent, je reviens sur le tout début de ma traversée du désert.
Après avoir racheté une nouvelle tente à Akuyéri, je me suis demandé si je devais conserver l?ancienne ou non. Tous les arguments me poussaient à la laisser, mais une petite voix me dit « on ne sait jamais ».
Petite voix, un grand merci à toi, car le 4ème matin malgré toutes les pierres que j?avais posées sur les bordures de ma tente, lorsque je suis sorti, le vent (très violent !) s?est engouffré, à l?a littéralement arraché au sol, si bien qu?elle s?est envolée à vitesse grand V.
La scène était surréaliste : je me suis mis à courir derrière aussi vite que possible, mais d?une part mes chaussures de randonnées n?étaient pas l?idéal, et surtout, courir dans le sable / pierre ne m?a franchement pas aidé. A l?heure ou j?écris ces mots, une tente vole dans le désert, et je me paye une barre de rire en repensant à la scène.
Pendant les jours qui suivent, j?ai eu la chance d?avoir un temps à peu près clément, et ma tente d?origine a pu faire a peu près l?affaire. Du moins, jusqu?à environ 1 jour de marche de Landmannalaugar ou j?essuie? comment dire? non pas une pluie, mais un truc diluvien?
Malgré des vêtements d?excellentes qualités contre la pluie, « l?expression trempé jusqu?aux os » n?aura jamais été aussi vraie. Cette pluie dure une éternité? Je sais qu?il va m?être impossible de dormir dans ma tente, et qu?il me sera impossible d?avoir des vêtements secs pour les prochains jours?Moment très difficile moralement, et je suis vraiment à bout?
J?essaye même de chercher ces espèces de gros tuyaux qui traversent parfois les chemins de terre, afin d?y rentrer et de m?y abriter, mais ils sont trop petits? Avec du recul, j?en ris, mais sur le moment, je me souviens avoir eu cette impression très forte qui consiste à se dire : « bon, allez, maintenant, je me réveille, ça va aller mieux » sans pouvoir me réveiller?
Après une marche d?environ 40 km sans avoir trouver de refuge, d?abris, ou d?équivalent, je me rends près d?un axe (F.26) où passe des voitures. Je fais du stop, un américain (géologue) me prend et me ramène dans une ville du coin, d?où je décide d?arrêter ma marche, et de revenir à RVK.
Gros coup au moral.
Le lendemain, à RVK, je vais visiter le musée de la marine, et je repense à ce navigateur (Desjoyaux si je ne me trompe pas) qui pour le dernier Vendée Globe avait du revenir au port avant de repartir. Sans aucune comparaison bien sur, et en toute humilité, je me dis qu?il est hors de question d?arrêter, et que je me dois de repartir !
Je prends un bus qui m?amène à Landmannalaugar, et me lance sur ce treck. Et là, je dois dire que je ne sais trop quoi penser.
Ce treck demeure assez fréquenté? La solitude du désert me manque. Je commençais à peine à le tutoyer, avec ses étendues infinies de sable gris... Je passe de la Lune à Mars, sauf qu?à la solitude de la Lune, succèdent les touristes de Mars (mais après tout, n?en suis-je pas un aussi ?)
J?essaye de faire abstraction de cela, et contemple sans réserve ces paysages qui sont tout simplement incroyables ! Leur beauté est surréaliste : des montagnes de toutes les couleurs, des glaciers, du souffre sortant des entrailles de la terre, de la lave solidifiée, des déserts rouges, des gorges jaunes. Une autre planète?Un autre temps?
Je finis ce vagabondage avec une profonde joie dans le c?ur.
Je vous le disais au tout début de ces quelques lignes, « c?est en forgeant qu?on devient forgeron ». Je ne sais pas si je suis devenu forgeron, mais je peux vous dire que j?aurai forgé durant cette marche? Islande est une femme très spéciale ! Un sacré caractère, mais tellement belle !
En attendant de te retrouver, jolie Dame?
Publié : 01 mars 2010, 22:22
par david
bienvenue au club
ton opiniatreté me laisse sans voix. félicitations pour ce périple hors du commun sortant complètement des standards habituels.
enfin quelqu'un qui confirme que le trek du laugavegur est très joli mais qu'il y manque la dimension "mystique" du désert.
plus jamais d'ailleurs pour moi un trek sans une portion désert importante. ça m'a trop manqué cette année 2009.
tu as beaucoup appris en une seule année en islande. et oui, elle ne se laisse jamais apprivoiser.
le seul qui a réussi à la dompter restera à jamais je crois le fameux Fjalla Eyvindur qui survécut des dizaines d'années dans le désert.
des erreurs de choix de matériel, des indécisions d'itinéraire, une météo cataclysmique... et pourtant encore une fois, ta résistance a été héroïque. toujours remonter au feu malgré les coups de mou... je sais par expérience la force morale qu'il faut avoir pour encaisser les déceptions et les abandons.
bon, ce genre de récit me donne parfois des frissons dans le dos et me fait hésiter à repartir de l'avant pour de nouveaux voyages.
heureusement, quand j'aurais fermé ta page, je ne me rappellerai que des bons moments que l'islande procure (et je crois que la tempete en fait partie).
je t'ai déjà félicité pour ton trip?
définitivement bravo...
à bientôt peut être à dans un coin de désert...