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Actualités islandaises mai 2016

manif panama Crédit visir.is
« Elections maintenant !!! »

Après deux mois de crises et de manifestations, voici que le calme revient : un gouvernement quasi identique au précédent, des élections présidentielles « classiques », des élections législatives anticipées que le gouvernement voudrait bien repousser le plus tard possible, un reflux des Pirates au profit des formations politiques en place…
Pourtant la tempête a été violente, marquée le 4 avril par la manifestation la plus nombreuse (22000 ?) jamais connue en Islande ; qui peut croire, comme tentent de le faire les deux partis de la majorité, que rien ne s’est passé ?
Que l’on me permette un retour en arrière.
Cela commence mi mars par un mot « Wintris », nom d’un fond que l’épouse de Sigmundur Davíð Gunnlaugsson aurait caché dans un paradis fiscal ; pourquoi en fait elle état spontanément ? C’est que le 11 mars, préparant avec deux journalistes, dont un associé au travail sur les Panama Papers, une émission à diffuser deux semaines plus tard, il a appris que son nom paraissait sur ces documents. Sa défense – « je n’ai rien à voir avec ce fond » – ne tient pas longtemps. Non seulement il a triché, mais il a menti, et surtout – crime impardonnable – la publicité faite à l’affaire écorne sérieusement l’image des Islandais alors qu’ils étaient parvenus à faire oublier les faiblesses ayant conduit à la crise de 2008.
Le 5 avril, lendemain de la grande manifestation, Sigmundur Davíð court à Bessastaðir. Il veut obtenir du Président l’autorisation de dissoudre l’Alþingi. Il n’a consulté ni les instances de son parti ni son allié le Parti de l’Indépendance. Le président Ólafur Ragnar refuse. Le même jour plus tard, à l’issue d’une réunion du groupe parlementaire du Parti du Progrès, Sigurður Ingi Jóhannsson, Vice-Président du parti, annonce que Sigmundur Davíð se met à l’écart et qu’il prend lui-même la tête du gouvernement. Le Parti de l’Indépendance approuve ce changement. Des élections auront lieu à l’automne.
Panama papers
« Allons, allons, ce n’est pas parce que tu n’es pas sur les Panama papers que tu es un loser !!! »

Bien que la liste des 600 ( ?) Islandais mis en cause dans les Panama Papers ne soit pas encore officiellement connue, certains prennent les devants tels ce conseiller municipal (Parti de l’Indépendance) de Reykjavík, le Trésorier de l’Alliance social-démocrate, le directeur exécutif du Parti du Progrès, les directeurs de deux caisses de retraite, et évidemment les banquiers mis en cause à propos de la crise de 2008. En reconnaissant immédiatement leur situation pour la minorer les ministres Bjarni Benediktsson et Ólöf Nordal, aussi président et vice-présidente du Parti de l’Indépendance, semblent parvenus à la faire oublier…
Le 18 avril le président Ólafur Ragnar annonce à la presse qu’il « arrête d’arrêter » (selon une expression locale « ORG n’arrête pas d’arrêter d’arrêter ») : l’incertitude dans laquelle se trouve le pays requiert un président expérimenté ! L’annonce est au départ plutôt bien accueillie, puis un reflux s’amorce : Dorrit Moussaïev, seconde épouse de ORG, n’a-t-elle vraiment rien à se reprocher pour ce qui concerne l’évasion fiscale ? Et surtout a-t-on vraiment besoin d’un homme autoproclamé « sauveur » pour régler des problèmes classiques dans une démocratie ?
Début mai Guðni Th. Jóhannesson, professeur à l’Université, annonce une candidature murmurée depuis plusieurs semaines. Il s’envole immédiatement dans les sondages. Cela n’empêche pas Davíð Oddsson, ancien Premier Ministre et Gouverneur de la Banque Centrale, d’annoncer sa candidature à son tour. Ólafur Ragnar, tombé à 25%, se dit rassuré par la qualité des candidats maintenant en lice et retire la sienne, discrètement…
La proximité d’élections et les désaccords soudain apparus au sein des Pirates entraînent un reclassement des forces politiques. Les Pirates redescendent en dessous de 30%, niveau encore enviable, au profit surtout de la Gauche Verte qui atteint maintenant 20%.
Le 23 mai Sigmundur Davíð, ancien Premier Ministre, et toujours président du Parti du Progrès, reprend sa place à l’Alþingi ; sa première déclaration est de se dire opposé à des élections anticipées.
Ainsi va la vie politique islandaise, de crises en crises séparées de retours apparents au statu quo, des révolutions au sens étymologique, mais où l’on note une irritation croissante que les dirigeants politiques auraient grand tort d’ignorer, par exemple en tentant de reporter les élections promises à l’automne.
Situation politique fin mai
L’élection présidentielle
Andri Snær Magnason Davíð Oddsson  Guðni Th. Jóhannesson crédit mbl.is
De g à d : Andri Snær, Davíð et Guðni

La décision de Ólafur Ragnar de se représenter a entrainé le retrait de quelques candidats. Mais neuf ont décidé d’aller jusqu’au bout. Parmi eux deux seulement paraissent en mesure de l’emporter et un troisième, Andrí Snær Magnason, peut avoir une influence sur le résultat final, puisqu’il s’agit d’un scrutin à un seul tour.
La candidature de Davíð Oddsson peut surprendre. C’est lui dont les manifestants « des casseroles » ont en octobre 2008 tout d’abord réclamé la démission de Président de la Banque Centrale pour son rôle dans les semaines précédant la crise, et aussi parce qu’il a été Premier Ministre de 1991 à 2004 et donc grand ordonnateur de la folie financière qui a conduit à cette crise. A qui lui rappelle cet épisode, il répond, comme en 2008, qu’il n’est pas plus responsable de ces choix que les électeurs qui ont voté pour le Parti de l’Indépendance qu’il présidait alors ! Mais sa candidature à une fonction éloignée de la politique quotidienne n’est elle pas un moyen de se blanchir ? Crédité au départ de 3% il est le 30 mai à 18,5%, ce qui montre la capacité de cet homme habitué aux campagnes électorales à activer les réseaux conservateurs. Il peut aussi compter sur le quotidien Morgunblaðið dont il est rédacteur en chef et qui depuis plusieurs semaines est empli de sa campagne.
Guðni Th. Jóhannesson, professeur de géographie à l’Université et auteur de plusieurs ouvrages, n’a ni cette expérience ni ces moyens, mais ce peut être un avantage auprès d’un corps électoral assoiffé de nouveauté. Il a su créer une attente autour de sa candidature qui l’a propulsé à 59% lorsqu’elle été annoncée, et le 30 mai encore au même niveau. Avec Davíð et lui on revient à la tradition du combat entre un politique et une personne de la société civile, toujours gagné par la dernière sauf quand Ólafur Ragnar Grímsson s’est présenté.
A cet égard, Andri Snær est peut-être handicapé car il mêle les deux profils cités en étant un écrivain engagé marqué à gauche par ses ouvrages notamment « Dreamland » (« Dreamland a self-help manual for a Frightened Nation » – Citizen Press – London) où il dénonce avec talent les excès de la société islandaise des années antérieures à la crise. Crédité de 29% avant l’annonce des candidatures précédentes, il est tombé à 8.8% après celle-ci et était le 30 mai à 11%.
La préparation des élections législatives
… et d’abord leur date. La manifestation-monstre du 4 avril et les suivantes étaient toutes sur le même mot d’ordre : élections immédiates. En prenant ses fonctions de Premier Ministre Sigurður Ingi Jóhannsson promet des élections à l’automne. Puis une condition apparaît : que les 76 projets que le gouvernement a encore à son programme soient examinés par l’Alþingi. Et des voix se font entendre dans la majorité : pourquoi des élections anticipées ? Jusqu’à Sigmundur Davíð qui le 5 avril avait fait la route de Bessastaðir pour arracher une dissolution à ORG, et qui, retour d’un congé de sept semaines, met en doute l’intérêt de celle-ci !
Il est vrai que le Parti du Progrès, tombé à 6.5%, a grand besoin de panser ses plaies ; le retour de l’ancien premier ministre y contribuera-t-il ? De leur coté les Pirates confirment leur baisse à 30%, score encore enviable. Il sont maintenant dépassés par le Parti de l’Indépendance comme si l’argent caché de ses présidents et vice-présidente était de peu d’importance ! La Gauche Verte confirme son bond à 20% alors que son ancien allié, l’Alliance Social-démocrate, toujours à la recherche d’un second souffle, continue de chuter à 7.4% et Avenir Radieux est en passe de disparaître (3.1%).
Et voici que réapparaît « Viðreisn » (« Redressement » ?), disparu après une irruption tonitruante, voici deux ans (voir chronique d’avril 2014), sur la scène politique. Le parti fondé par Benedikt Jóhannesson, éditeur de revues notamment « Iceland Review » et membre influent du Parti de l’Indépendance, apparaissait comme une scission pro UE de ce dernier, plus partagé qu’il ne paraît sur le sujet. Cette fois plus aucune référence à l’UE sur un programme facilement soluble dans celui de ses concurrents, mais l’engagement d’organiser le référendum sur la reprise des négociations.
Actualité économique
Parmi les projets que l’actuel gouvernement souhaite conduire à leur terme il y a la levée du contrôle des changes. Il s’agit, je le rappelle (voir chronique de juin 2015), d’éviter la sortie intempestive de valeurs estimées à 1200 milliards d’Ikr (8.6 milliards d’euros !) dont la conversion en devises pourrait entraîner une grave crise monétaire. Ces valeurs sont de deux catégories :
•Les valeurs résultant de la vente de leurs avoirs par les trois banques mises en faillite en septembre et octobre 2008, soit 900 milliards d’Ikr. Ces dernières ont fait l’objet de négociations avec la Banque Centrale,
•Les « glacier bonds » résultant de mouvements spéculatifs sur la couronne conduits par quelques fonds souverains dans les années précédant la crise, soit 600 milliards d’Ikr ramenées progressivement à 320.
Pour ces dernières des enchères en euros doivent être organisées par la Banque Centrale. Les valeurs non vendues seront inscrites dans un fond spécial avec un taux d’intérêt très faible, ce qui devrait inciter tous les détenteurs de ces valeurs à participer aux enchères. Bjarni Benediktsson fait voter la loi en urgence le 21 mai pendant la clôture des marchés ; elle est immédiatement promulguée.
Vie sociale
Profitons de cette (relative) accalmie pour nous intéresser à la société islandaise.
Une natalité en décroissance
Taux de fécondité de 1980 à 2015
fécondité

C’est une surprise si l’on considère la place des enfants dans les familles islandaises : le taux de fécondité (compris comme le nombre moyen d’enfants par femme en âge de procréer) est tombé à 1.81, plus élevé que la moyenne de l’UE (1.58) mais insuffisant pour assurer le renouvellement de la population (2.1). Comme ailleurs, le premier enfant naît plus tard : 27.4 ans contre 22 ans dans les années 1980. Fort heureusement le taux de mortalité (6.6%o) et le taux de mortalité infantile (1.9%o) restent parmi les plus bas en Europe.
Solde migratoire
Au cours du 1er trimestre 2016, le solde migratoire des citoyens islandais reste négatif : 710 sont partis, surtout chez les « cousins » nordiques, et seulement 600 sont revenus. Il est par contre positif pour les citoyens étrangers : 1650 (dont 610 Polonais) sont arrivés en Islande et 540 en sont partis (dont 130 vers la Pologne). Il y a donc au 1er avril 2016 8.3% d’étrangers sur l’île.
La plupart des étrangers installés en Islande se félicitent de l’accueil qu’ils reçoivent, mais cela ne va pas sans quelques crispations :
•politique très restrictive appliquée par l’Office de l’Immigration, qui repousse tout immigrant économique (hors Espace Economique Européen) et n’hésite pas à expulser des familles installées depuis plusieurs mois (voir illustration dans Grapevine : http://grapevine.is/news/2016/05/27…),
•difficulté pour le même Office à trouver des logements pour les réfugiés accueillis récemment (il est vrai que la concurrence de Airbnb est rude : Reykjavík et au monde la ville où l’offre est la plus forte comparée au nombre d’habitants !),
et ceci, que l’on aimerait n’être qu’une anecdote : le chanteur Unnsteinn Manuel Stefánsson (Retro Stefson) a été présentateur pour l’Islande à l’Eurovision 2016. Commentaire paru sur Facebook « Quoi ? un nègre comme visage de l’Islande ? » Réaction de l’intéressé, dont la mère est angolaise et le père islandais : « il vaut mieux cela que le silence ! ». Veut-il dire que ce silence serait bruyant ?
Actualité culturelle

Comme souvent elle sera franco-islandaise :
•En souvenir de Solveig Anspach, décédée le 7 août 2015, son film inachevé « l’Effet Aquatique » a été présenté au Festival de Cannes et a reçu le Prix SACD (Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques) de la Quinzaine des Réalisateurs,
•Autre hommage, celui dédié par l’Orchestre Symphonique d’Islande à Jean-Pierre Jacquillat qui en fut le directeur musical de 1980 à 1986, avec un concert prévu le 9 juin à Harpa. Au programme : Rolf Martinsson et Gustav Mahler (4ème symphonie),
•Et au moment même où j’écris (29 mai), à Paris, sous la Pyramide du Louvres : « Le pianiste berlinois Nils Frahm installe pianos, orgues et machines sous la pyramide pour un concert exceptionnel en duo avec le musicien et producteur Ólafur Arnalds (voir https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%93lafur_Arnalds)… jusqu’au lever du jour ! » (programme du Louvre).
Relations internationales
•Le 14 mai les chefs de gouvernement des cinq Pays Nordiques, et leur ministre des Affaires Etrangères ont été reçus en visite officielle aux États-Unis et ont rencontré Barack Obama (voir communiqué de la Maison Blanche https://www.whitehouse.gov/the-pres…) et John Kerry. Le sujet principal était la sécurité, face notamment aux fréquentes incursions russes dans les airs ou les eaux de ces pays. Par ailleurs Sigurður Ingi a invité Barack Obama à une visite en Islande,
•A l’occasion de l’entrée du Monténégro dans l’Alliance Atlantique, le 21 mai, Lilja Alfreðsdóttir, nouveau ministre des Affaires Étrangères, a exclu toute révision du soutien de l’Islande au boycott de la Russie malgré ses conséquences sur les exportations.
Pendant ce temps la vie continue
•06/05 : diffusion du dernier annuaire téléphonique sur papier. Le premier a été édité en 1905,
•11/05 : la consommation d’eau (des toilettes) diminue sensiblement lorsque Greta Salóme Stefánsdóttir chante à l’Eurovision, mais cela ne suffit pas pour qu’elle accède à la finale !
•20/05 : les porteurs de psoriasis pourront accéder gratuitement au Blue Lagoon,
•30/05 : 60 toilettes vont être installées sur l île pour faire face à l’afflux de touristes,

et ceci qui vaut pour plusieurs jours :
•18/05 : Hrafnhildur Lúthersdóttir gagne la médaille d’argent du 50 mètres brasse aux championnats d’Europe !!! Le commentateur français encense les médailles d’or et de bronze de cette course, et ne dit mot de Hrafnhildur : incapacité à prononcer son nom ?

Hrafnhildur Lúthersdóttir crédit youtube.com

Écran géant à Paris pour l’Euro 2016

Le restaurant/bar le « NJUTBAR » 22 rue de la banque 75002 Paris est a tendance scandinave c´est pour cela que le patron a décidé de retransmettre tous les matchs de l´équipe d´ Islande sur écran géant pour l’Euro qui commence bientôt.
N´hésitez pas a passer l´information a tous les Islandais de Paris.

Salutations scandinaves.

Bruno TRUEL

Exposition de Marc Loyon : « Islande, détails » à Paris

Exposition de Marc Loyon : « Islande, détails » à Paris jusqu’au 30 mai

Sans titre

Galerie UPP

205 rue du Faubourg St Martin

75010 Paris

10h-13h, 14h-18h sauf WE

Vous êtes conviés au vernissage le jeudi 12 mai à 18h30

 L’Islande est le pays le moins dense d’Europe et 93% de sa population est devenue urbaine ces dernières années suite à un exode rural massif. L’étendue de ce territoire, caractérisé par ses volées de lave et le chaos millénaire, est impressionnante. Alors qu’une grande partie du pays, difficilement accessible, reste inhabitée, apparaît subitement l’image d’une société de consommation autour de la route 1 – véritable ceinture du pays.

Marc Loyon, photographe basé à Rennes, aborde des thématiques portant sur les notions d’habitats, de loisirs et d’organisation du territoire. Avec sa série « Islande, détails », il nous interroge : quelles empreintes laissons-nous ?

« Sur le paysage islandais est inscrite l’histoire du déplacement de l’homme. »

Dream Life en concert à Paris le 2 avril

Le trio islando-britannique Dream Wife à l’humour décapant insuffle son rock féministe sur scène, samedi 2 avril à Paris.
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Dream Wife («la femme rêvée») a chipé son nom à une comédie romantique de 1953 avec Cary Grant et Deborah Kerr qui vantait, comme rarement à l’époque, l’émancipation féminine. Pourtant, c’est Spinal Tap, le faux documentaire bidonnant sur un groupe de hard rock, qui a motivé l’an dernier trois étudiantes en art à Brighton à présenter leur propre girl band factice. Film et concert à l’appui, le projet devait surtout épater une galerie d’art. Mais la parodie est un révélateur : elles les aiment ces pompons, Blondie, ce slogan «Girls just wanna have fundamental rights» brodé au point de croix autant que les cris des riot grrrl. Elles ont poussé leur projet jusqu’aux scènes londoniennes, invitant performeurs et artistes visuels à les assister. Leur humour corrosif au service d’un militantisme antisexiste pourrait en faire des petites sœurs des Chicks on Speed, connues pour leur tube We Don’t Play Guitars. Mais Dream Wife est d’abord tous riffs dehors, avec le mordant et la modernité de Le Tigre, qui avait rebooté le punk-rock des riot grrrl aux débuts des années 2000 avec Kathleen Hanna de Bikini Kill au micro. Dream Wife a trouvé sa propre voix démente : l’Islandaise Rakel Mjöll, parfumée à la liberté d’éructer de façon punk ou de hululer ivre de joie. Maîtrisé, le titre Believe emballe avec une voix qui extrait pourtant Cher des pires souvenirs, comme pour nous rappeler qu’elle était l’une des premières à utiliser l’auto-tune sur le morceau du même nom, avant que les rappeurs n’en fassent leur pain quotidien. Chez Dream Wife, la pop culture à spectre large remue les chorales sixties orchestrées par le tyran Phil Spector comme la pop complexe de la Canadienne Grimes qui règne en maître sur ses productions. Tout s’empile comme des petits cubes et même un peu comme les fantasques Sugarcubes, pour donner forme à une pop qui s’éclate, sans souci du regard masculin. D’ailleurs, sur le single Hey Heartbreaker, la traditionnelle chanson sur un briseur de cœurs est ponctuée d’extatiques «I’m having so much fun !» Cela pourrait être aussi le cas du public si Dream Wife pouvait participer à plus de festivals, qui (se) déclinent encore principalement au masculin, car on ne peut pas compter seulement sur le défricheur et engagé Les femmes s’en mêlent, qui les accueille samedi, pour leur faire place.

Festival « Les femmes s’en mêlent
Samedi 2 Avril 2016 au Trabendo – soirée de clôture / De 22h00 à 6h00
Parc de La Villette, 211 avenue Jean Jaures
75019 Paris 19
01 42 01 12 12
Site web :
http://www.trabendo.fr

À Reykjavik, le taux de chômage est tombé à 1,9%

Miracle à l’islandaise: à Reykjavik, le taux de chômage est tombé à 1,9%
L’information n’a pas fait la Une : «L’Islande a retrouvé son niveau de chômage d’avant la crise.» Un résultat impressionnant pour la petite île indépendante qui a connu l’une des pires crises économiques d’Europe. Depuis sa faillite retentissante en 2008, l’Islande et ses quelque 320.000 habitants ont réussi un retournement économique impressionnant. Avec quelles recettes?

Le chômage en Islande est désormais de 1,9%, selon les chiffres officiels, le taux le plus bas depuis 2007. En 2007, le taux de chômage était de 1,3%… Au plus fort de la crise, survenue en 2008, le chômage avait dépassé les 10% (avec des pointes à 12%).

Pourtant, la crise islandaise a été un vrai tsunami pour cette île. «Peu de pays, voire aucun, avaient vécu une débâcle économique aussi catastrophique», notait le FMI à son propos.

Ce petit miracle à l’islandaise s’explique. Selon le Premier ministre, «nous n’aurions pu sortir de la crise si nous avions été membre de l’Union européenne», avait-il dit en novembre 2015. Sigmundur Davíð Gunnlaugsson avait même été plus loin en affirmant que ne pas être membre de la zone euro avait été une chance pour l’Islande: «Si toutes ces dettes avaient été en euros, et si nous avions été obligés de faire la même chose que l’Irlande ou la Grèce et de prendre la responsabilité des dettes des banques en faillite, cela aurait été catastrophique pour nous sur le plan économique.»


Comparaison chômage Islande-Irlande entre 2005 et 2014 (source Alterécoplus) © alterecoplus

Pourtant l’Islande revient de loin. Le pays a connu une crise beaucoup plus violente que les autres pays européens du fait de la démesure de son système financier lors de l’éclatement de la crise des subprimes. Mais face à une telle situation, l’Islande a pris des mesures très différentes des autres pays européens, quitte à provoquer de vives tensions avec certains d’entre eux (leurs avoirs n’ayant pas été remboursés à la suite d’un référendum en Islande). «A la différence des autres pays heurtés par la crise, l’Islande a laissé ses banques faire faillite, ne préservant que les comptes des ménages résidents. Les étrangers qui avaient placé leur argent dans les banques du pays ont tout perdu lorsque ces banques ont fait faillite. Ailleurs, dans le reste de l’Europe, de nombreuses banques ont été nationalisées car il n’était pas concevable qu’elles puissent faire faillite», rappelait l’Express en 2015.

Le pays a mené une politique mêlant contrôle des capitaux (une idée mal vue en Europe), austérité budgétaire mais aussi hausse des impôts et surtout dévaluation importante de sa monnaie (60%) qui a entraîné une importante inflation, aujourd’hui maîtrisée… et une reprise de la croissance. Résultat, Reykjavik n’a pas sacrifié sa politique sociale et le FMI a été totalement remboursé de ses avances financières. Cette politique a fonctionné, moins d’entreprises ont fait faillite et il n’y a pas eu d’exode des jeunes comme au Portugal, Espagne ou Irlande.

De nombreux économistes font le parallèle avec le cas grec qui est toujours noyé dans sa dette et l’empilement des plans d’austérité. Mais les deux pays sont loin d’être semblables. La Grèce est enfermée dans les règles de la zone euro alors que l’Islande est libre de ses règles et de sa monnaie. Et a même décidé de ne plus demander son adhésion à l’Europe.

De plus, l’Islande a profité des capitaux qu’elle détenait du fait de l’énormité de son système bancaire, bloqués par le contrôle des changes. En conclusion de son rapport sur l’Islande, le FMI le reconnaît le côté peu orthodoxe de la reprise islandaise: «Cet ensemble éclectique de mesures a été efficace dans le cas de l’Islande, mais il n’est pas du tout certain que les enseignements à en tirer soient transposables ailleurs, y compris dans la zone euro en crise.»

En tout cas, l’Islande est devenue un exemple pour ceux qui critiquent l’intégration autour de l’euro. Avec raison ?

http://geopolis.francetvinfo.fr/miracle-a-l-islandaise-a-reykjavik-le-taux-de-chomage-est-tombe-a-19-95935
https://www.facebook.com/ambassadedislande/posts/1022883054434736

Septième festival du livre de « LIRE A PLOURIVO »

Septième festival du livre de « LIRE A PLOURIVO »

Les talentueux et énergiques amis de « Lire à Plourivo » organisent leur septième festival du livre le samedi 5 et dimanche 6 mars 2016.

Samedi 5 mars 2016 : conférences débats
11h – 13H : lectures à voix haute au Bar de la mairie au bourg de Plourivo
Lecture à 4 voix : Nez en l’air et pieds au sol Le massif de Penhoat Lancerf : une production de La Fabrique à paroles
10-15 personnes lisent des extraits de romans de leur choix ou des poèmes – 3 à 4 minutes chacune
13H -14H : repas sur place (sur inscription)
15H – 18 H : conférence débat : L’ISLANDE
Lieu : salle des fêtes (petite salle)
15H : retours d’Islande à 2 voix par Claudine PANCIROLI et Christine FLOURY qui nous présentent leur ISLANDE
16H : littératures d’Islande avec Joël DONNART, Françoise LEDOUX et Jean Marie PHILIPPART
17H : Paimpol et l’Islande par Pierre GUERIN
18H Arlette et Laurence chantent
A noter : deux expositions photos
Islande : terre de glace et de feu de Michel KREYDER et Sylvie DONNART

Dimanche 6 mars 2016
A la salle des Fêtes
10H – 18H
Dédicaces et rencontres avec 40 auteurs et éditeurs (romanciers, nouvellistes, historiens, poètes, illustrateurs, livres pour enfants)
Les animations
Un atelier calligraphie animé par Thomas JOST
Des ateliers lecture pour les enfants animés par Françoise LEDOUX et Cathy LE TREOU
Manu CAMPOS et Isabelle MICALEFF : rencontre autour de leur livre « Vers la paix »
La chorale « terre, eau, feu » dirigée par Manuelle CAMPOS
Les commerçants de PLOURIVO décorent leurs vitrines aux couleurs de l’Islande
Expositions de Sylvie DONNART et Michel KREYDER
18h Rencontre de l’équipe de Lire à Plourivo avec les exposants

« Tourner la page » de De Audur Jónsdóttir

tournerTourner la page
De Audur Jónsdóttir
Traduit par Jean-Christophe SALAUN
Édition Presse de la Cité
464 pages
Paru le 27 août 2015
22€

« S’il t’est véritablement impossible de prendre soin de toi, veux-tu au moins me faire le plaisir de t’occuper de ton roman ? »
Un beau matin, Eyja se réveille dans un petit village de pêcheurs islandais, mariée à un ivrogne de vingt ans son aîné. Si ce dernier empoisonne son quotidien, elle ne parvient pourtant pas à s’en détacher. Mais sa grand-mère, déterminée à la bousculer, lui offre un nouveau départ et l’envoie rejoindre sa cousine, l’audacieuse Rúna, en Suède. Il est temps que la jeune femme tourne la page. Là-bas, parviendra-t-elle à écrire le roman auquel elle pense depuis des années ?

L’angoisse de la page blanche… Eyja rêve de cet impossible rêve du premier roman. Elle, la petite fille d’Halldór Laxness, prix Nobel de littérature 1955. Une figure majeure de la nation et de la culture islandaises (NDLR : authentique). Oui, mais la plume d’Eyja reste muette. Mariée au Coup de Vent qui se dilue dans l’alcool, la jeune femme finit par suivre les recommandations de sa grand-mère et accepter « l’exil » chez sa cousine en Suède. Une ancienne championne de ski un brin extravertie et un séjour à l’étranger, il n’y a rien de tel pour tourner la page… Audur Jónsdóttir crible son roman d’éléments autobiographiques. Multiplie les flashbacks à en perdre le lecteur mais, comme les chats, finit par retomber sur ses pattes. C’est parfois rude, or Tourner la page vaut la peine qu’on s’accroche. On y croise des femmes attachantes aux parcours chaotiques. On y goûte surtout l’esprit d’un Woody Allen et l’esthétique torturée de David Lynch. Un cocktail forcément enivrant.

Servi par un style vif et sans fioritures, ce texte moderne et intelligent sur la reconstruction de soi pose aussi la question de la création littéraire.

« Un des plus éminents ouvrages de l’année passée, voire des années passées. » Hallgrímur Helgason