
Certains d'entre-vous l'avaient sans doute vu, à l'angle de Langholtsvegur et de Holtavegur où il s'est tenu pendant des années (des décennies ?), le plus souvent debout, été comme hiver, par tous les temps, avec sa pancarte.
Helgi Hóseasson, dit "le protestataire Islandais", est décédé dimanche à Reykjavík dans sa 90ème année. De nombreuses personnes ont déposé des fleurs, des bougies et des messages écrits sur le trottoir où il a passé tant d'années, pour ce qui constituait "son combat".
Une pétition est en cours (déjà plus de 7000 signatures) pour qu'un mémorial soit érigé sur le lieu même où il affichait ses convictions.
Aux vendeurs de journaux qui le saluaient en le trouvant déjà en place à 6 heures du matin, il répondait qu'ils avaient tort de distribuer "de la violence et des mensonges".
L'une de ses pancartes les plus célèbres disait "Hver skapaði sýkla ?? ("Qui a créé les microbes ?"), voulant ainsi montrer que Dieu créateur de toutes choses avait aussi créé les causes des maladies et des malheurs de l'humanité.
Les thèmes de protestation d'Helgi Hóseasson étaient multiples, mais une de ses revendications principales était d'obtenir l'annulation de son "contrat avec Dieu", symbolisé par son baptème et sa confirmation.
Sa demande d'être "débaptisé" et formellement "radié des chrétiens" n'avait cependant jamais été officiellement acceptée par l'église d'Islande et par l'Etat (la religion luthérienne étant religion d'Etat en Islande).
Ce combat de toute sa vie l'avait conduit à "entarter" de skyr un évèque et plusieurs parlementaires.
A noter, au passage, que "l'entartage au skyr" fait partie de la haute tradition protestataire islandaise. Cet acte, considéré comme une grave offense, a été utilisé à plusieurs reprises lors de la "révolution des casseroles" de l'hiver dernier à l'encontre de certains membres du gouvernement, parlementaires et responsables financiers.
L'entartage au skyr avait également fait les beaux jours des manifestants écologistes qui protestaient contre la construction du barrage de Kárahnjúkar en 2007.
Une tradition qui remonte à l'époque des sagas : dans la Saga de Grettir le Fort, le héros, recevant un paquet de skyr en plein visage de la part d'un de ses ennemis, considère cet acte comme une insulte gravissime.

