
Nous avons fait un grand périple en solitaires dans le quart Nord-Est, y compris l'extrême Nord-Est, particulièrement sauvage, où pas grand monde ne va, et où plus grand monde ne vit aujourd'hui.
Nous avions loué notre voiture à partir d'Akureyri que nous avons rejoint par un vol intérieur dès le lendemain de notre arrivée en Islande.
Comme d'habitude, nous avons pris notre temps pour vagabonder, essayer les petites routes ou pistes improbables, aller voir tel ou tel endroit repéré sur la carte ou sur internet avant de partir, ou bien indiqué par les Islandais rencontrés ici et là, au hasard des étapes. Pris notre temps aussi pour faire de nombreuses balades à pied (jour et « nuit ») et puis bien sûr, à maintes reprises, pour nous baigner, car dans ce secteur les occasions de trempette en eau chaude ont été nombreuses et variées.
Avouons que nous avons eu une chance insolente pour le temps : à une ou deux exceptions près, rien que du beau, et même du grand beau temps ! Certes, on sait bien que juin est le meilleur mois pour la météo mais là, je pense que les statistiques ont dû exploser. Passant 12 heures par jour (parfois plus) en plein air, nous revenons bronzés comme si on rentrait des Antilles. Heureusement que nous avions pris les lunettes de soleil, et (un comble pour nous, méditerranéens), nous avons même dû nous procurer de la crème solaire haute protection pour ne pas laisser les UV arctiques nous brûler le visage ! Du soleil mais un temps frais, quand même : entre 6 et 10 degrés la plupart du temps, avec un jour une pointe jusqu'à 16 dans le désert des Reykjaheiði, au Nord de Mývatn.
C'était encore le printemps en France mais l'été en Islande : « Gleðileg sumar ! » (joyeux été !), selon la formule consacrée qu'on voit partout là-bas. Période royale pour les fleurs : lupins bleus par milliers, drias blancs, renoncules jaunes et gros coussins roses de silène faisaient un concours de beauté. Bien sûr, nous avions aussi donné de multiples rendez-vous au « peuple migrateur », et les sites à oiseaux du Nord-Est ne nous ont pas déçus : le vaste estuaire de la Jökulsá á Fjöllum, les falaises de Rauðinupur, le fjord de Borgarfjörður eystri (Bakkafjörður), et puis, sur la péninsule de Langanes les falaises de Skoruvíkurbjarg, très isolées, loin de tout, où après quelques hésitations en préparant ce voyage, nous sommes finalement allés sur les conseils de Yann (Himbrimi) à qui nous disons un grand merci car ce bout du monde vaut vraiment le détour. Non seulement pour les grandes colonies d'oiseaux de mer (dont les fous de bassan) mais aussi pour le site des falaises qui est splendide, et pour la solitude infinie qui y règne. La « longue péninsule » (c'est le sens de Langanes) est inhabitée depuis longtemps. Le moins qu'on puisse dire est qu'elle est très peu fréquentée : nous n'y avons rencontré personne de la journée, ni à l'aller ni au retour !
Sur les hauts plateaux de Fljótsdalsheiði, près de Kárahnjúkar, devant le magnifique Snæfell (celui de l'Est), nous avons pu approcher de près les troupeaux de rennes broutant un maigre lichen entre les grands névés qui tardaient à fondre par 4 petits degrés malgré le soleil. Grâce à la route moderne construite pour le barrage de Kárahnjúkar, ce secteur est le seul parmi les hauts plateaux de l'intérieur de l'Islande que nous ayons abordé au cours de ce voyage, car les autres pistes intérieures étaient encore fermées.
Nous avons eu de très bonnes conditions d'hébergement et un excellent accueil dans les fermes isolées où bien entendu nous étions en général les seuls hôtes de passage. Intéressantes discussions avec les gens, en anglais parfois agrémenté de quelques mots et expressions islandaises que nous avons fini par acquérir et qui les font parfois sourire. Mais pour la première fois en Islande , nous avons rencontré de nombreuses personnes (de tous âges) parlant difficilement anglais (est-ce une caractéristique du Nord-Est ?). Les meilleures occasions pour discuter, nous les avons trouvées en soirée dans les fermes, ou encore mieux en faisant trempette : il faut croire que l'eau chaude des bassins, piscines et hot pots en tous genres a des vertus pour délier les langues !
Une surprise enfin, et non des moindres : l'Islande n'est plus vraiment un pays cher ! Les dévaluations successives de la Couronne associées aux taux élevés de l'Euro ont considérablement fait évoluer notre perception des prix islandais. Dans de nombreux cas, nous n'avons pas trouvé les prix des produits et services de base plus élevés que nos prix français ( ... il faut dire aussi que ces derniers ont tellement augmenté depuis deux ans !). Dans certains cas nous avons même payé moins cher qu'en France. Nous avons constaté aussi d'importantes disparités entre les villes (Akureyri, Egilsstadir) et les campagnes et petits villages perdus, où le coût de la vie pour le voyageur est bien moindre. En tout cas, l'époque où on pouvait dire que tout était au moins 50 % plus cher que chez nous est bien révolue. J'ai gardé tous les tickets et je vais essayer (pour ceux qui partent cet été) de faire un post avec quelques relevés de prix, chacun pourra ainsi juger par lui-même.
Après notre périple dans le Nord-Est (2500 km au compteur, quand même ... quand je vous disais qu'on aime les petits chemins ...

De retour à Reykjavík, le lendemain c'était le 17 juin, et le 17 juin c'est le jour de la fête nationale, le jour où l'Islande célèbre son indépendance si difficilement acquise. Sous un beau temps idéal, nous avons passé une très longue journée dans la ville (notre avion ne partait qu'à 0 h 55) en nous mêlant à toutes les festivités. Dès le matin, nous étions sur l'Austurvöllur, au Parlement et à la cathédrale où nous avons cotoyé (et je pèse mes mots : le protocole islandais est incroyablement cool !), le Président Ólafur Ragnar Grímsson et son épouse, le Premier Ministre Geir Haarde et Madame, le Gouvernement au grand complet ainsi qu'une myriaðe d'ambassadeurs ... mais aussi une belle dame au rôle hautement symbolique dont je vous reparlerai peut-être. A midi nous avons déjeuné au soleil à la terrasse du café-grill Thordvaldsen sur l'Austurvöllur, et puis l'après midi et en soirée, nous avons parcouru en tous sens cette immense fête patriotique et multiforme, avec les Islandais de toutes les générations, dans une ambiance cordiale et bon enfant.
Tard dans la soirée, un peu fatigués après cette grande journée de fête, nous étions dans le Flybus qui nous amenait à Keflavík, et par la vitre du bus, sur la droite, de l'autre côté de l'immense baie du Faxaflói, le Snæfell (celui de l'Ouest) nous a fait un magnifique clin d'oeil dans la lumière orangée de la nuit islandaise ...

Chris et MF.
P.S. ... oui, oui, je sais ... ça fait beaucoup de mots et pas beaucoup de photos ... Mais les diaporamas suivront : pas de panique !