JOUR 8 : des moucherons, où ça, des moucherons ?
(par contre je viens de voir un moustique juste à côté de moi, l?univers se venge, ne jamais le défier ouhlàlà)
Alors.
Aujourd?hui :
Je me rends compte que j?ai numéroté les jours comme une truffe.
En effet, le jour 8 du voyage est le 5 sur la carte (5e en Islande).
- - -
Je vous avais laissé le long de la route, tard le soir, après un repas-poisson délicieux.
Si on continuait un peu le chemin près duquel on s?était garé, on arrivait ici :
Une très jolie petite kriek, euh, pardon, crique (déformation nationale) se cachait là. On ne pouvait pas du tout la deviner depuis la route. C?est ça qui est magique.
Par contre vous aurez noté que la météo, elle, est devenue très islandaise, du moins dans l?image que l?on peut en avoir parfois.
Avec le recul, j?ai presque envie de dire : enfin

(sur le moment même y fait froid et ça mouille).
Mais l?ambiance est là. Brumeuse, humide, sombre. Avec la route un peu râpée et les ptits piquets jaunes, seuls éléments un peu tranchants dans le paysage, c?est parfait
On pourrait se demander si au bout de la route, il y a quelque chose.
Au début, avant Kopasker, la route est encore non goudronnée.
Je ne me lasse pas de vous la montrer?
Elle le devient, goudronnée, un peu avant d?arriver à la prochaine ville, là où la 870 devient la 85.
L?urbanisation rend les choses un peu moins dramatiques. Mais plus déprimantes
(je vous présente donc la riante cité de Kopasker, en pleine brume à une heure indécente du matin, c?est-à-dire horriblement tôt, je crois que même pour aller travailler, je me lève pas si tôt).
Après un petit arrêt technique à Kopasker (c?est bien quand même cette habitude de mettre des toilettes partout), on s?arrête sur une aire de pique-nique pour petit déjeuner.
Eh bien même là y?a une histoire de bandit qui autrefois habita dans les montagnes. C?étaient des vrais repaires de bandits, les montagnes et déserts islandais !
J?aurais bien aimé avoir le temps d?aller grimper là-haut pour voir les vestiges dont ils parlent dans la plaquette. Il faut dire que quand on aime les vieilles pierres comme moi (je parle de vieilles pierres rectangulaires placées amoureusement les unes sur les autres pour en faire de grandes grottes modernes), c?est sûr que l?Islande ça manque un peu de répondant.
Heureusement qu?il y a les moutons. Et les paysages. Et les routes. Et le Skyr. Et les burgers.
Quoi, des burgers ? J?y reviendrai
Bref, j?aurais bien aimé aller y faire un tour.
Enfin, je dis ça mais? on entendait de temps en temps des genres d?éboulements. Ce qui est moyennement rassurant quand même. Si ça se trouve c?était Grettir le strong qui se réveillait.
Bon allez, on se remet en route, après un petit déjeuner de type gâteau au chocolat / café chaud mérité après avoir bataillé pour allumer le camping gaz (sérieux, c?est n?importe quoi, un tout petit peu de vent suffit par donner à l?allumage d?un camping gaz les allures d?une épreuve de zen attitude).
Direction : Husavik.
Sur le chemin on voit notre premier tracteur?

(photo binôme)
?et notre premier mout, cheval.

(photo binôme)
Husavik ça ressemble à beaucoup de villes islandaises. C?est-à-dire que c?est rarement très charmant de loin.
Même s?il y a de très beaux bâtiments.

(photo binôme)

(photo binôme)
Husavik c?est le point de départ des circuits à baleines (celles des océans, pas des parapluies, paraît qu?en Islande on utilise pas de parapluie, enfin si, y?en a qui ont essayé, mais on ne les a jamais revus).
Etant un port, on y trouve aussi beaucoup de bittes. Celles d?amarrage, bien sûr (coquins que vous êtes). Encore que, les animales ont leur musée, ici.
Car en effet, ici, à Husavik, il y a le musée le plus bizarre d?Islande, et probablement d?une bonne partie du monde. Les plus mauvais esprits pourraient dire que c?est normal de trouver ce musée dans le trou de c, euh, chgrumbl, du monde, enfin, hum, dans un endroit assez loin et isolé d?un point de vue européen moyen.
Bref
Dooonc, Husavik est aussi très connu pour ça.
J?en parle j?en parle mais nous n?irons pas le voir. Un reste d?éducation chrétienne, sans doute.
Ou peut-être un intérêt très limité pour des morceaux de chair dans le formol (déjà que je défaillis en voyant des bocaux de rollmops, alors hein, vous pensez bien).
Husavik, donc.
On y fera la connaissance avec nos premières boutiques à souvenirs islandais. Une artisanale, vendant des pierres décorées en mouton ou des pulls typiques, une autre bien plus classique vendant tant des conserves avec de l?air islandais dedans (un sommet, celle-là) que des t-shirts ornés de sentences philosophiques comme « ég tala ekki islensku » (je ne parle pas islandais). N?empêche, y?en avait des drôles
Pas de musée du symbole mâle donc ni de tour à baleines.
Pour peu je me demande pourquoi je vous parle de notre arrêt à Husavik.
ça va finir en thérapie cette histoire.
On ne restera donc pas très longtemps sur place.
Un petit tour au port?
? un petit tour le nez en l?air pour apprécier la météo basse de plafond?
Et on repart.
Direction : Myvatn.
Littéralement, Myvatn veut dire « lac des moucherons ».
Pour ce que j?en avais compris Myvatn c?est super mais l?ambiance est hostile, un peu comme si on avait croisé les midges écossais avec les oiseaux d?Hitchcock, voire avec Aliens 2 (celui où il y en qui attaquent les humains par paquets de 10).
On avait même acheté des filets de tête, c?est vous dire à quelles bassesses complètement pas sexy ont était prêts à se livrer.
Myvatn, donc.
Première étape : les trous qui fument.
Le chemin nous fait passer devant une piscine, à la couleur particulièrement surnaturelle, qui autrefois servait de lieu de baignade avant je ne sais plus quelle modification du sol (genre une éruption) après laquelle l?eau est devenue plus propice à la cuisson du homard qu?au barbotage entre amis.
Une fois que l?on a pris un peu de hauteur, on peut apprécier le gigantisme du lieu.

(photo binôme)

(photo binôme)
Mais là, c?est un peu forcé, anthropisé, canalisé, industrialisé.
Mais ça existe aussi en « vrai » !
On est ici à Namafjall.
ça souffle, ça fume et ça sent horriblement mauvais quand on est dans le sens du vent.
Mais c?est beau.
Pour la petite histoire (oh ben oui tiens, c?est pas comme si je faisais dans le concis habituellement?), en cherchant l?entrée du site, on a failli prendre une sorte de chemin boueux, très boueux, et en plus très pentu.
Quelque part j?avais envie d?essayer mais à part quelques traces de pneus j?avais assez peu de preuves de la faisabilité de la chose.
J?ai bien espéré que le Jimny qui nous suivait aller tenter le coup mais en vain.
Bien nous a pris, car en fait, l?entrée se fait juste un peu plus bas, après le tournant. Avec une route bien goudronnée.
Tellement goudronnée qu?on voit plein de touristes avec des petites chaussures de rien du tout, plus habituées à la moquette de bus qu?au sol de Namafjall (c?est pas possible, ça doit être de l?argile arrosée à la superglu our coller comme ça).
Namafjall c?est un peu un zoo géothermique.
Il y a un sentier balisé et plein d?attractions.
Comme de la boue qui bloubloute :
(c?est là qu?on épuise son appareil à grand coups d?images/seconde pour essayer de capter le gros bloubloutage photogénique, évidemment ça na marche pas)
Des zones chaudes, voire très chaudes :
(photo binôme)
Des gueules ouvrant sur l?Enfer?
?une brume permanente qui encercle les pauvres touristes que nous sommes?

(photo binôme)
? des trous qui crachent de manière très bruyante et vigoureuse leur vapeur d?eau soufrée?
Le tout est très coloré.
Le paysage n?est pas en reste et regorge de tracés graphiques?
(j?ai d?autres photos avant et après qui démontrent la supériorité cinétique du Landcruiser sur le vélo)
Zorro est même passé par là (Olé, hombre, vamos a la playa, si !)
(hein que je suis bon en espagnol !)
Et toujours ces montagnes avec la tête dans les nuages
Et cette brume qui rendrait jalouse Londres elle-même.
Et ces petites fleurs, que décidément rien n?arrête.

(photo binôme)
L?alternance de zones colorées et de zones gris sombre donne un ensemble très mitraillogène

(photo binôme)

(photo binôme)
Bon bon !
J?arrête, vous avez vu à quoi ça ressemblait
Ah, je vous parlais de la terre qui colle.
La voici :
Suis content d?avoir des bottines plein cuir qui n?a pas peur de la boue et une moquette de Terrano en pur plastique noir.
On peut même jouer à Yann-Arthus, Nicolas-séquence-passion ou Philippe (de Dieuleveut, pour les plus vieux qui nous lisent

) en s?imaginant photographier des canyons gigantesques (alors qu?on fait des photos du sol depuis une hauteur sidérante de 1,7 m, c?est ce que je dois faire tête baissée

).
C?était collant, un peu trop fréquenté à mon goût (mais je suis un grand asocial) et pas très photogénique dans son ensemble.
Mais quels phénomènes !
Une sorte de Mini-Europe* de la géothermie, en somme.
* pour les moins Belges d?entre-vous qui n?ont pas dû subir la publicité à la musique lobotomisante du parc en question, assortie d?un slogan sans faille de type « Mini-Europe c?est géant », Mini-Europe c?est une sorte de mini golf des monuments européens, tous reproduits en tout petit, histoire que l?on puisse déambuler entre eux en disant « oh maman regarde, la tour de Pise ! ». Je critique mais ça doit être parce que j?ai bien aimé quand j?étais?.. petit. On brûle toujours ses idoles, que voulez-vous.
Après cette étape boueuse, direction Dimmuborgir.
C?est quoi Dimmuborgir ? Un ensemble quasi architectural de constructions d?origine volcanique.
Petite leçon :
Ce qui, en vrai, donne ceci :
C?est aussi ici que vivent les pères noël islandais, qui ont une tronche autrement plus espiègle que notre.
Mais ce qui m?a le plus impressionné à Dimmuborgir, c?est le mur ceinturant le chemin d?entrée.
On dirait de la tourbe. Mais c?est de la lave. Très forts, les maçons islandais.
Visiblement y?a du monde qui passe ici aussi.
Séquence conceptuelle :
Et sinon Dimmuborgir nous donne aussi une vue sur le lac Myvatn (après les îles Féroés, l?île île des moutons, voici donc l?autre pléonasme du voyage, le lac lac à moucherons).
Ce soir camping Bjarg, au bord du lac.
Camping sympa, varié dans ses emplacements, personnel sympa, serviable, commodités accueillantes et aux douches chaudes gratuites.
Je recommande. Et pourtant y?avait du monde.
Du monde et une ancienne jeep qui aimait regarder le lac?
Et les moucherons alors ?
Tu mets « moucherons » dans le titre et tu parles même pas de moucherons !
Ah non, c?est vrai.
Damned.
(je sais, je devrais faire scénariste, j?ai un sens inné du suspense).
Jour 9 : burger, ranger & le camping de la vallée perdue
