J'aurais dû prendre un compteur bihoraire pour l'électricité, vu tout ce que je consomme de nuit pour faire ce compte-rendu...
@Myriade : volontiers, j'y penserai
JOUR 7 : Hitchcock a été en Islande, maintenant j?en suis sûr
Aujourd?hui : boucle nordique.
Ça fait qq kilomètres mais titine est en forme et j?aime bien conduire (même si ça me rend grincheux après un certain temps, pas toujours facile à vivre le yaourt aux ferments magiques).
Où sommes-nous en ce 7e jour ? Certainement pas en train de nous reposer après avoir crée le monde en tout cas. Se reposer n?est pas possible. Il fait beau, donc chaud (l?effet de serre façon Terrano). Il fait beau, donc on a envie de profiter de la journée aussi (même si parfois le matin c?est très très dur de s?en convaincre, on est feignasse où on ne l?est pas hein, c?est un métier, ça se travaille non mais).
Et donc on est où ?
Toujours à Asbirgy.
On laisse le T2 au camping pour « gravir » le canyon. Enfin, gravir consiste ici à monter sur la partie haute du canyon. Asbirgy a cette particularité d?être en forme de fer à cheval. Jamais à court d?une explication mystique, les Islandais, ou du moins une des sagas écrites à l?époque, raconte que c?est le cheval d?Odin, le dieux des dieux (avant le père du Nazaréen bien connu), qui a marqué de son fer le sol de ce qui allait devenir le canyon d?Asbirgy.
Balèze le cheval d?Odin.
Je ne résiste pas à vous préciser que le nom d?Odin se retrouve dans « mercredi » dans plusieurs langues germaniques : Wednesday en anglais, woensdag en néerlandais, onsdag en danois, norvégien et suédois (l'allemand et l'islandais employant en revanche des termes neutres, respectivement Mittwoch et miðvikudagur).
Enfin, d?après Wikipédia.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Odin
(j?adore l?etymologie)
Bref :p (je vais encore me plaindre d?aller dormir tard mais bon, hein, si je digresse tout le temps aussi).
Asbirgy, donc.
La météo est donc superbe. Ce qui, en langage bifidussien se traduit par « il fait trop chaud et je vais encore me prendre un coup de soleil ». Vive la crème solaire.
La balade vers la partie surélevée au centre du fer à cheval est assez quelconque, finalement. Par contre, le sol est couvert de petites plantes.
Le sol est parfois particulièrement bien couvert.
Y?a même un pissenlit?
Enfin, quand je dis quelconque j?exagère. Assez rapidement, le point de vue devient plus intéressant et la forme du canyon apparaît enfin. Enfin, c?est vite dit. L?ensemble est assez imposant et la forme, de notre point de vue de fourmi, n?est pas la plus facile à capter. Yann-Arthus et son hélicoptère auraient sûrement une meilleure idée de la forme de l?ensemble.

(photo binôme)
(l?athlète décontracté qui grimpe en sifflotant, là, à gauche, c?est moi)
Les taches blanches ce sont les voitures et le camping? c?est dire s?il est dans le canyon !
Courage, on arrive au bout? (de quoi, on ne le sait pas encore).
Par contre on est informé que l?expression artistique façon tas de pierre n?est pas autorisée.
Oh ! Des arbres !
(encore ! déjà hier, en arrivant?)
J?adore les petites plantes qui couvrent le sol
Finalement on arrive au bout du chemin.
On se trouve là au bout du creux du fer à cheval (le creux étant ici en hauteur, vu que c?est une empreinte). Et on admire la vue (on en profite pour se reposer).
C?est là aussi qu?on découvre qu?il y a carrément une route goudronnée en plein dans le canyon (je ne sais pas si c?est que la route soit goudronnée ou qu?elle soit dans le canyon qui m?étonne le plus?).
Je continue ma petite série sur les plantes qui couvrent le sol?
Avec parfois une sorte de lichen (du moins je pense que c?était du lichen)
Et toujours cette volonté de pousser partout, et de profiter de l?été éclair islandais.
Sur le chemin du retour, on croisera un couple qui nous a demandé si on n?avait pas trouvé des clés de voiture?
Pas de bol?
(ouf, je n?ai pas vu de clés de voiture sur les photos, ç?aurait été con?)
Oh ! Ben c?est qui au milieu ?
Titine, bien sûr !
(vous excuserez la qualité de l?agrandissement, je n?ai pas accès aux caméras magiques dont bénéficient les experts américains des séries télé).
Allez, encore une petite plante pour la route?
Et à propos de route, on emprunte justement celle que l?on voyait de tout en haut.
On aboutit ainsi à un parking, tout au bout du canyon, en cul-de-sac.
Parking sur lequel on croise un de ces nombreux monstres islandais à 4 roues.
(je parle de la voiture de droite :p)
Ce que j?aime bien dans ce genre de véhicule transformé, c?est le côté boîtes empilées, de plus en plus petites.
Et puis ça doit être super confort sur les pistes islandaises un machin pareil.
Quand je pense qu?en Belgique j?ai juste le droit à deux tailles de pneu pour mon T2? j?aimerais voir la tête du préposé au contrôle technique si un 4x4 islandais débarquait :p
Tout au bout de la route, donc, se trouve une forêt.
De bouleaux, certes, mais une forêt quand même.
Ça fait du bien de retrouver une ambiance de sous bois, avec ses herbes, ses fleurs, son ombre? On n?ira cependant pas beaucoup plus loin, je suis crevé moi. On va dire que c?est la chaleur.
A propos de chaleur, on était étonné de voir que sur place, dès qu?il fait un peu beau, tout le monde est habillé de court. C?est l?inverse d?Istanbul. A Istanbul, en octobre, les locaux sont limite en doudoune là ou toi tu profites de la température pour mettre ton t-shirt. Ici c?est l?inverse, c?est toi qui a le polar et les Islandais qui ont la jupette et le short.
Petit tour au visitor center, pour profiter de quelques explications sur les volcans et leur activité de cracheurs de cendres et puis zou, en voiture.
(« carotte » de terre, avec les différentes éruptions indiquées)
Si la plupart des ponts sont assez communs, certains sont beaucoup plus jolis.
Mais rarement à double voie.
Ah, d?ailleurs, en ce qui concerne les ponts.
On aurait pu faire, sur place, une série de photos sur les ponts et routes oubliés, désaffectés. Un peu comme si les Islandais prenaient un malin plaisir à refaire le tracé de la route régulièrement, mais juste à côté de l?ancienne. De l?ancienne route mais de l?ancien ont également. Il y a comme ça, dans le paysage, des doublons abandonnés.
Trop cher de détruire un pont pour en faire un autre lors du changement de gabarit de la route ?
Il ne doivent pas s?emm? au service des cartes d?Islande. Déjà que les volcans s?amusent à réorganiser tout ça de temps en temps?
On reprend la route 85 pour ensuite prendre la 874 vers le nord. D?ailleurs, sur la carte d?itinéraire, on dirait que l?on coupe à travers champs mais non, y?a bien une route :p
(photo binôme)
Sur le chemin, on tombe sur des champs entiers de lupin.
Evidemment, n?étant du genre à ne m?arrêter que si j?ai 3 panneaux 500 m avant qui me disent qu?il va y avoir un parking (et encore, si ledit parking est indiqué avec force flèches et néons multicolores,très important ça, les néons multicolores, mais non n?y voyez aucune allusion cachée, m?enfin vous êtes terribles quand même), je n?ai pas de photo desdits champs de lupin.
Mais sinon un lupin ça ressemble à ça :
Et bien ça en plein plein plein plein plein plein.
Le lupin c?est un peu le lapin australien d?Islande. Une fois introduit il a proliféré, proliféré?Il était utilisé pour lutter contre l?érosion des sols.
Finalement ça reste une histoire de lapins et de lupins sur des lopins (de terre).
[watchaaaaaa]

(photo je sais plus qui, mais je l?aime bcp celle-là)
Sinon, à part ça, on roule? (photos binôme)
Et donc on voit beaucoup de route?
Qui tourne, parfois?
? mais le paysage change, quand même.
On commence à voir nos premiers bois flottés.
Le bois flotté c?est du bois coupé à un endroit sur Terre, que l?on balance à la flotte et que l?on récupère à un autre endroit. L?idée étant d?utiliser les courants pour transporter le bois.
Y?en a plein les côtes ici. Par contre je ne sais pas si c?est du vieux bois (ça se fait encore le bois flotté ??) ou des brebis égarées, laissées là par des flots impétueux ou par un Capitaine Igloo débordé pas ses bâtonnets.
Bon bon, d?accord, wiki-time :p
Provenance du bois flotté :
? arbre ou branches d'arbres rejetés dans l'océan (ou toute autre importante étendue d'eau) charriés par les fleuves ou arrachés par les vents, les tempêtes ou les inondations ;
? éléments d'immeubles ou de maisons, détruites lors d'inondations, tempêtes ou tsunamis ;
? objets en bois emportés par la mer depuis la côte ou la plage ;
? restes d'épaves de bateaux en bois ;
? palettes, caisses ou grumes perdus par les cargos.
Ceci dit, on transportait quand même, voire on transporte toujours, du bois de cette façon. Même si cela semble plus fluvial que maritime.
Bref, y?a du bois sur les côtes.
Ils sont forts ces Islandais, il n?ont pas d?arbres (enfin, pas beaucoup), alors ils s?arrangent pour que la mer leur en donne.
Moi je dis, très fort.
Le paysage change, donc, et devient franchement côtier et isolé.
De temps en temps, un panneau nous avertit de manière très imagée qu?il ne fait pas bon déborder de la route?
En fait on est en train d?aller tout au bout de l?Islande, au nord du nord.
Mais on est toujours en Islande.
La preuve, y?a des moutons.
On finit par arriver à Raufarhöfn (si qqn a la prononciation, ça m?intéresse?).
Raufarhöfn que l?on dépasser car notre objectif c?est hraunhafnartangiui.
Non. hauronarfantanguy. Ah non. raufanarfantangui. Non, zut, toujours pas.
Bon ben, un machintangui.
Je vous mets la photo, ça sera plus simple
Et qu?est-ce qu?il y a à hraiunfarantangui ?
Le point le plus au nord de l?Islande.
Ici, on est à 3.5 km du cercle arctique.
Même pas froid.
En théorie il y a un endroit encore plus près. Voire carrément sur le cercle polaire : Grimsey.
Mais c?est une île et le Terrano ne flotte pas, lui.
On va pas chipoter pour 3500 m (même moi je sais marcher 3500m, alors hein, bon, poupoune).
Hraunhafnartangi ça ressemble à ça :
Non, désolé, on ne voit pas d?ours polaire
Mais un Terrano, si.
(encore qu?on pourrait confondre)
Notre but : aller jusqu?au phare de Hraunhafnartangi (le mec qui a inventé le copier/coller est un SAINT !).
C?est loin :
(le brol tout penché par la distorsion de l?objectif, c?est lui)
En plus près ça donne ça :
Mais il n?y a pas que du bois flotté, des vieux filets et des crasses en tout genre.
Il y a aussi des oiseaux.
Et des maisons très isolées (regarder Shining là-bas en hiver ça doit être flippant).
Et donc des crasses aussi.
(ici, une crasse russe)
Et des petites plantes, encore et toujours.
Et du bois flotté :
Et des petites plantes qui, décidément, colonisent tous les petits coins colonisables.
Ah, et des sternes.
A quoi reconnaît-on une sterne ?
Une sterne est un oiseau (premier indice : regarder en l?air).
Noir et blanc.
(ça doit être un oiseau qui a été inventé il y a longtemps, quand il n?y avait pas encore le technicolor).
Noir et blanc et légèrement irascible.
Irascible ?
En fait une sterne ça fait des ronds dans le ciel.
Nous, on marchait en dessous. En tout cas, pas loin.
Tranquilles.
Même pas menaçants.
On voulait juste aller jusqu?au phare.
Et là, c?est comme dans « La Haine », jusqu?ici, tout va bien.
Jusqu?au moment où tu franchis une ligne imaginaire mais qui, dans le cerveau stressé de la sterne, est une frontière bien réelle, entre la zone où elle te tolère et celle où tu deviens ennemi anti-?ufs de sterne n°1.
Et là c?est toi qui stresse.
Parce que la bestiole te prend en grippe et t?attaque en petits piqués criards ponctués de tactactactactactac inquiétants. En fait elle en veut à ta tête.
Je suis prestement repassé du bon côté de la ligne de démarcation.
Je perds déjà mes cheveux, c?est pas pour me faire becqueter par une bestiole, fût-elle islandaise (y?a des limites à l?amour quand même).
Blague à part, elles sont censées attaquer le point le plus haut. Dans des endroits plus problématiques (Grimsey, justement), il est conseillé de se balader avec un bâton. Non pas pour jouer au base-ball avec la sterne en guise de balle (barbares, va !), mais pour que ladite sterne attaque le bout de bois ,plutôt que votre tête (subtile diversion).
N?empêche, c?est impressionnant.
De fait, il y avait un nid, pas loin. Enfin, pas loin, tout est relatif, la zone de protection sternienne est large.
En plus la voiture était loin?
Allez, c?est pas tout ça, on a faim nous.
Retour voiture.
On reprend la route, en sens inverse, pour revenir sur Raufarhöfn. On y croise de drôles de personnages. Entre eux et la sterne, mon c?ur balance?
Stephen King a dû venir ici, un jour?
Pourquoi retourne-t-on à Raufarhöfn ?
Pour y manger, pardi !
Le Lonely y indique un très bon resto.
Très bon mais très mal indiqué. Il y a pourtant un panneau à l?entrée de la « ville » qui dit que l?hôtel en questio nous souhaite la bienvenue.
Après, démerde-toi pour le trouver
On avait heureusement une photo dans une brochure.
Extérieurement ça ne ressemble à rien.
La porte d?entrée fait entrée de bureau d?entrepôt.
Mais ça vaut la peine de passer cette porte !
L?intérieur est cosy et l?accueil chaleureux (j?ai dit chaleureux, pas expansif

).
Menu ? Y?a pas. Mais il y a un buffet de poisson. Ou bien, si le buffet ne convient pas, on peut demander que le monsieur nous fasse un plat.
Dans le buffet :
- cabillaud sauce tomate/olives
- truite
- turbot
Super bon. Surtout le cabillaud.
En dessert : skyr / myrtilles / crème frâiche.
Rhaaaah.
Et une bière islandaise pour accompagner le plat (le monsieur était très fier de nous dire que cette bière, la Viking, avait gagné des prix en test en aveugle). C?est limite la meilleure bière du monde, c?est normal, elle est islandaise
La vue sur le port depuis le resto?
L?hôtel?
On profitera du wifi de la maison, gratuitement.
On pourra même rester une fois la patron parti?
10.000 ISK pour deux. Ni cher ni bon marché. Mais très bon à manger
On reprend la route, pour repasser devant le machin imprononçable et continuer un bout de chemin en direction de Kopasker.

(photo binôme)
On n?ira pas jusque Kopasker mais on s?arrêtera un peu en retrait de la route, pour dormir.
Il fait encore clair mais il est tard?
J?ai bien aimé le nord?
zZzzZZzzz?