L'Islande dans la tourmente financière et boursière

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ipsilon
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Message par ipsilon »

Merde... C'est quand même dramatique de lire un truc comme ça... :(
Vraiment dingue que les personnes concernées ne peuvent même pas lui fournir d'explications...

C'est les enfants qui vont pas être contents! :wink:
Chris
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De crispation en dérapage ... jusqu'où ira-t-on ?

Message par Chris »

De crispation en dérapage ... jusqu'où ira-t-on ?
Le Président de la République Ólafur Ragnar Grímsson critique vivement certains de ses voisins nordiques.


Rappelons que le 27 octobre, le Premier Ministre Geir Haarde avait frappé à la porte du Conseil Nordique pour demander l'aide des voisins et alliés traditionnels de l'Islande. Au delà des conférences de presse et des communiqués courtois, il s'est avéré dans les semaines suivantes que la solidarité nordique n'était pas forcément au rendez-vous ...

Aujourd'hui, on apprend dans la presse de plusieurs états nordiques que le Président de la République, Ólafur Ragnar Grímsson, aurait critiqué en termes trés sévères l'attitude de certains voisins, la Suède et le Danemark notamment, lors d'un repas avec des diplomates étrangers à Reykjavík jeudi dernier.

Dérapage contrôlé .. ou dérapage tout court ? Le Président de la République Islandaise n'est pas censé, en effet, se mêler de la politique du pays et se cantonne traditionnellement à un rôle de représentation. Or, Ólafur aurait - dit-on - choqué les délégués par ses paroles extrêmement dûres à l'égard de la Suède, du Danemark et du Royaume-Uni, stigmatisant le fait que les alliés traditionnels de l'Islande lui tournaient le dos alors qu'elle mène un dûr combat pour surmonter la crise financière.
D'après un communiqué de l'agene de presse norvégienne NTB, "les diplomates choqués pouvaient à peine en croire leurs oreilles." Au delà des sévères critiques adressées à plusieurs états nordiques, le Président aurait tenu des propos "insultants" à l'égard du Royaume-Uni.

Le journal Klassekampen (Norvège) précise qu'Ólafur Ragnar Grímsson a déclaré que, puisque les choses étaient ainsi, "l'Islande allait devoir se chercher de nouveaux alliés", offrant au représentant de la Russie la perspective que son pays puisse utiliser la base aérienne de Keflavík. Le délégué russe, surpris et médusé, aurait poliment refusé cette offre.

Le lendemain, le Président Ólafur est apparu dans le magazine TV islandais Kastjós sur la chaîne RÚV?s, disant qu'il n'avait "pas offert à la Russie d'utiliser la base aérienne de Keflavík, car ce n'est ni dans mes fonctions, ni dans mon pouvoir, de faire une telle offre."

Il a cependant confirmé qu'il avait été honnête avec sa pensée en exprimant son point de vue à l'égard des britanniques et du manque de solidarité de certains états de l'Allance Nordique, tout en ajoutant qu'il n'avait voulu offenser personne. "J'étais peut-être dans une digression dans mon discours aux ambassadeurs" a-t-il ajouté dans le magazine TV, "pensant au sentiment que nous avions à l'égard de pays qui ont été nos amis et alliés dans des périodes heureuses comme dans des périodes difficiles du passé", et expliquant que la nation islandaise "n'aurait plus jamais, désormais, la même perception ni la même image de ces pays".

Au cours de l'interview du magazine TV Kastljós, le Président a convenu qu'il n'entrait pas dans ses attributions de s'exprimer sur la politique étrangère de l'Islande, mais qu'il estimait cependant que c'était son rôle de soutenir la cause de son pays.

La ministre des Affaires Etrangères Ingibjörg Sólrún Gísladóttir a déclaré quant à elle à la chaîne TV RÚV que "bien qu'il soit naturel que le Président rencontre des diplomates étrangers, il ne devait pas intervenir dans les affaires traitées par son ministère".
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Chris
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Rubriques "Actualités" du site et du forum

Message par Chris »

Rubriques "Actualités" du site et du forum ...

Juste un petit message pour signaler un commentaire sur l'existence de ces deux rubriques, les concepts qu'elles recouvrent et leur fonctionnement.
C'est ici : http://france-islande.fr/forum/viewtopic.php?t=1225

Chris.
Chris
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Une synthèse sur le site de l'association

Message par Chris »

:arrow: A signaler aujourd'hui un article de synthèse publié sur le site de l'association France-Islande :
"L'islande au coeur de la crise : de la fin octobre au 14 novembre. Vers un espoir de "déblocage" ?

Vous pouvez y accéder directement en cliquant ici.
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Chris
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Un article de synthèse dans le magazine L'Express

Message par Chris »

Un article de synthèse dans le magazine L'Express cette semaine.

Il n'est pas toujours facile de trouver des articles de synthèse sur la crise islandaise. Il faut dire que la complexité du dossier et la difficulté d'accès aux sources (autres qu'officielles) ne facilitent pas les choses.

Dans ce cadre, on peut lire cette semaine dans le magazine L'Express un article de Jean-Michel Demetz, journaliste économique membre de l'Association Française de la Presse Diplomatique (37 Quai d'Orsay. 75007 Paris).

Mais un courriel reçu aujourd'hui me montre que certains lecteurs n'ont pas véritablement compris (malgré mon message ici) ce qu'est un forum ! Alors peut-être faut-il encore préciser que cet article, comme d'autres, ou comme les différents points de vue des membres du forum, n'engage que le point de vue de son auteur. Il n'est reproduit ici que dans le cadre des échanges et discussions libres propres au concept même de forum, de tous les forums, le forum France-Islande n'y faisant pas exception.
Et bien entendu, avec l'accord du site du magazine l'Express (article original ici).

Islande, voyage dans un pays en quasi-faillite

Par Jean-Michel Demetz, publié le 12/11/2008.

A force de surendettement, les banques, les entreprises, les ménages ont déstabilisé l'ensemble du petit Etat insulaire. Qui, au-delà de la catastrophe économique, s'interroge sur son avenir.

"Que faire la prochaine fois ? Défiler avec des têtes de cochon au bout d'une pique ? Occuper le Parlement ? Protester tout nus parce qu'on nous a dépouillés de tout ?
- Non, pas tout nus, la température va chuter sous zéro dehors ..."

Comment continuer la lutte ? Le groupe de manifestants s'interroge à voix haute. Tout à l'heure, ils étaient entre 2 000 et 4 000, sur la petite place du Parlement, au coeur de Reykjavik, la capitale islandaise. La brise marine apportait ce fumet délicat de homard grillé qui, à l'heure du déjeuner, enveloppe le centre-ville. Mais c'est une colère froide qu'exhalaient les protestataires rassemblés dans la dénonciation d'un système politique et financier qui a précipité ce pays de 320 000 habitants dans une quasi-banqueroute.

Les Islandais ne sont guère coutumiers des manifestations : les jeunes mères sont venues avec leurs poussettes, le rassemblement ne durera que cinquante minutes et tout le monde se sépare sagement. "Je ne comprends pas l'apathie de mes concitoyens, se désole Hordur Torfason, pionnier de la cause homosexuelle islandaise et l'un des organisateurs du mouvement. Le peuple entier devrait être dans la rue. C'est à croire que nous sommes encore peu nombreux à prendre conscience de l'étendue de la catastrophe."
Les chiffres sont, il est vrai, à peine croyables. Brutalement, au début du mois d'octobre, les trois banques du pays, surendettées - nul ne sait le chiffre précis - ont implosé, entraînant dans leur chute la Bourse (moins 95 %), la couronne islandaise (moins 70%, sa convertibilité est suspendue) et l'économie insulaire. Petits épargnants ruinés, fonds de retraite en chute, emprunteurs étranglés : c'est le bain de sang au pied des glaciers. Suprême humiliation, les experts du Fonds monétaire international (FMI) ont été dépêchés en urgence. Ce petit pays pacifiste se retrouve même inscrit par le gouvernement britannique sur la liste des Etats terroristes ! Comment en est-on arrivé là ?

Pendant dix ans, la petite république a vogué sur un rythme de croissance annuelle moyenne supérieur à 4 %. En ouvrant, à bon escient, son économie sur l'extérieur, les autorités ont actionné le levier de la croissance. Les échanges explosent, permettant le succès de PME solidement installées sur des niches (prothèses, équipements de découpe agroalimentaire). Les investisseurs industriels, notamment dans l'aluminium, débarquent, attirés par une énergie bon marché.
Mais cette libéralisation des échanges - indéniable réussite - s'est fourvoyée quand le capitalisme industriel a cédé aux sirènes du capitalisme financier. Le boom économique a, en effet, obligé la Banque centrale à augmenter les taux d'intérêt afin de juguler l'inflation. Or, ces taux élevés ont attiré des capitaux internationaux flottants, trop heureux de dénicher un rendement en couronnes bien supérieur à celui trouvé au Japon ou en Europe.
Des fortunes insolentes se bâtissent. S'endettant sans retenue, les hommes d'affaires islandais, tels de modernes Vikings, enchaînent raid sur raid, raflant ici des magasins (en Grande-Bretagne le prestigieux House of Fraser), là une compagnie d'aviation (Sterling au Danemark). Entre 1998 et 2005, les investissements islandais à l'étranger sont multipliés par 85 ! Pour le seul Danemark, les investissements directs en provenance d'Islande sont multipliés par 60 entre 2003 et 2007. Les Danois, effarés, murmurent - sans preuve - que l'Islande s'est métamorphosée en lessiveuse géante d'argent sale de la mafia russe.

Plus simplement, cette boulimie d'achats est rendue possible par les banques de l'île, qui, souvent contrôlées par ces mêmes hommes d'affaires, se sont à leur tour lourdement endettées - de huit à dix fois le PIB annuel - et semblent avoir pris en otage le pays. En 2007, le montant des impôts payés par la seule banque Kaupthing dépasse le budget de l'éducation nationale.

C'est le temps où tout paraît possible. L'Islande se range parmi les cinq pays les plus riches du monde (en PIB par habitant). En 2007, l'ONU classe l'île au premier rang pour sa qualité de vie. Pour l'ancienne colonie danoise, si longtemps à l'écart du monde, perdue dans les brumes de l'Atlantique Nord, quelle consécration ! Ses habitants sont emportés par une frénésie de consommation. Chacun veut être propriétaire, chaque foyer veut acquérir plusieurs voitures - le 4x4 dernier modèle, toujours plus cher, avec lequel on remonte au pas, pare-chocs contre pare-chocs, la principale rue commerçante. Le tout grâce à des crédits étrangers proposés par les banques de l'île : ils sont si bon marché ...

Comment ne pas céder à l'euphorie ? D'autant que, en 2007, le système de retraite islandais se vante d'être le plus richement pourvu au monde par habitant. "Notre mode de vie traditionnel a été bouleversé, raconte le député conservateur Bjarni Benediktsson, 38 ans. L'an dernier, en moyenne, un Islandais se rendait quatre fois par an à l'étranger. J'ai des amis qui allaient à Londres ou à Copenhague deux fois par semaine. Cette ère-là ne reviendra pas."

La catastrophe survient quand le robinet de l'épargne mondiale se ferme brutalement, cet automne. La confiance a disparu. A court de liquidités, les banques sont asphyxiées. L'Etat est incapable de les renflouer : elles sont - sur le papier - devenues plus riches que lui. Leurs dettes représentent 7, 8, 10 fois la production annuelle de tout le pays - comment savoir ? La valeur des établissements financiers s'effondre. La panique se propage depuis l'étranger. Des centaines de milliers de Britanniques, Scandinaves, Néerlandais qui avaient placé leur épargne sur la banque en ligne Icesave perdent tout. Au Royaume-Uni, des universités comme Oxford, une centaine de collectivités locales, la police de Londres, alléchés par les copieux intérêts promis par les Islandais, se retrouvent lessivés. En gage de futurs dédommagements, le Premier ministre britannique fait saisir les actifs islandais situés sur son sol.

Dans la petite île, l'effondrement bancaire conduit au désastre. La monnaie chute malgré des taux d'intérêt portés à 18 % pour tenter de la soutenir. Les traites des débiteurs s'envolent mécaniquement. "J'avais contracté un prêt en yens et en francs suisses pour acquérir un appartement, témoigne Kolfinna Baldvinsdottir, l'égérie des manifestations. La semaine dernière, ma traite a subitement triplé. Je ne peux plus payer. Vais-je être saisie ?"

Deux foyers sur trois seraient frappés par le renchérissement du crédit. Partout à Reykjavik, les chantiers sont gelés. Les grues immobiles surplombent les immeubles d'appartements de haut standing aux larges baies ouvertes sur les montagnes enneigées qui plongent dans la mer. Près du port, le futur palais des congrès dessiné par l'artiste d'avant-garde Olafur Eliasson offre sa carcasse décharnée aux bourrasques de grêle : nul ne se hasarde à prévoir le destin de ce qui devait être la vitrine glorieuse de la nouvelle Islande.

Le bâtiment licencie à tout-va. Déjà, les premiers immigrés polonais ont quitté le pays et chargé leurs voitures à bord des ferries à destination du continent. L'épicerie polonaise a fermé. Au sein des nouveaux centres commerciaux géants, à la périphérie, les magasins consentent des rabais jusqu'à 50 %. Dans un pays encore soumis à une sévère morale luthérienne, des comportements inédits se font jour : pris à la gorge, certains propriétaires de voitures, incapables de rembourser leurs traites ou de trouver un acquéreur, incendient leurs véhicules afin de toucher la prime d'assurance. Nationalisés en catastrophe, les trois grands établissements bancaires ont licencié d'un coup 20 % de leurs effectifs.
A la tête d'Askar Capital, une petite banque d'investissement, Sverrir Sverrisson mesure les dommages: "Plus aucune banque étrangère ne veut travailler avec des Islandais. C'est le chaos. Tout le système de transferts internationaux est bloqué. Nos importateurs ne peuvent plus payer leurs fournisseurs, ni nos exportateurs toucher leur argent." Les étudiants islandais partis étudier dans des universités à l'étranger - ils seraient 10 000 - sont dans l'incapacité de recevoir des fonds de l'Etat ou de leurs parents. Tout un pays plonge dans une longue hibernation.
"Notre niveau de vie devrait chuter de 10 à 15 % d'ici à la fin de l'année prochaine, estime le député Steingrimur Sigfusson, à la tête du Mouvement de gauche-Verts. C'est comme si nous avions subi une catastrophe naturelle, sauf que c'est nous qui l'avons provoquée."

Dans le même temps, la tourmente économique glisse vers la crise morale. L'Islande sera-t-elle capable de rembourser un jour ses dettes ? "En Scandinavie, un ministre démissionne quand il utilise la carte de crédit de son parti pour ses achats personnels, rappelle Orri, 30 ans, fonctionnaire. Chez nous, un petit groupe a conduit le pays à la banqueroute. Et rien ne se passe. Aucun fautif n'a été désigné."

Mis en cause, le gouverneur de la Banque centrale, David Oddsson, ne cille pas. Cet ancien comédien, ex-maire de Reykjavik, ex-Premier ministre, a pris naturellement la tête de l'établissement à la fin de sa carrière politique. Comme si Jacques Chirac, en 2007, avait pris sa retraite à la Banque de France ... Le gouvernement semble tétanisé. Le ministre des Finances est, il est vrai, un vétérinaire de formation. Le cabinet a cherché le soutien des pays nordiques, de l'UE, de Moscou. Mais peu d'Etats veulent s'avancer avant de connaître l'exacte ampleur de la catastrophe.

Ministres et oligarques se rejettent, par voie de presse, la responsabilité du désastre, quand ce n'est pas la faute à la crise internationale ou au gouvernement britannique. En réalité, c'est un système congénital qui fait la preuve de ses carences. Liens d'amitié, parentèles, relations professionnelles: dans ce petit pays, les intérêts croisés de la politique, de l'économie, des médias se recoupent sans cesse. La femme du Premier ministre a siégé quelques mois au conseil d'une des holdings. Ces mêmes holdings qui étaient actionnaires des banques et restent propriétaires des principaux médias ...

Les rapports alarmistes des experts étrangers ont été tus et ignorés. Les contre-pouvoirs ne fonctionnent pas. Dans ces conditions, une petite nation peut-elle survivre en embrassant pleinement la mondialisation et ses mécanismes complexes ?
La crise actuelle pourrait remettre en question l'idée même d'indépendance. "La crise islandaise, c'est simple : imaginez le conseil municipal de Rouen appelé à gérer la faillite combinée de la BNP et de la Société générale", explique Keita Stephenson, à la chambre de commerce franco-islandaise. "Il est très probable que le FMI se saisisse de la réalité du pouvoir, prédit Gunnar Haraldsson, professeur d'économie à l'université de Reykjavik.
Pour l'heure, le gouvernement se réfugie dans un discours lénifiant." Tout d'un coup, le Parlement islandais avec ses 63 députés (1 pour 5 000 habitants) paraît bien pléthorique.

L'ampleur de la dette ébranle les fondements du pays. Comment ne pas sabrer dans le généreux modèle social d'Etat providence dont les Islandais étaient si fiers ? Comment indemniser les 8 à 15 % de chômeurs prévus dans les six prochains mois dans un pays qui, depuis une génération, avait perdu l'habitude du chômage ? Comment garder ses jeunes bien éduqués, plurilingues ?
Selon un sondage, un tiers de la population envisagerait de quitter le pays. "En restant ici, j'infligerais à mes enfants et à mes petits-enfants le paiement de la dette", se désole Egill, 18 ans. Déjà, des demandes de visa affluent à l'ambassade canadienne.

Face à la faillite des élites locales, l'option de l'adhésion à l'Union européenne revient en force. "L'euro nous aurait prémunis de cet effondrement, analyse l'ex-ministre des Affaires étrangères Jon Baldvin Hannibalson. Mais les conservateurs n'en veulent pas, afin de préserver les intérêts particuliers de l'élite."
"Pour se redresser, l'Islande peut compter sur la pêche, le tourisme, l'énergie, plaide Jon Asbergsson, président du Conseil chargé de promouvoir les investissements. On n'est pas le Mozambique, tout de même. Croyez-le ou non, mais les Islandais se perçoivent comme une grande nation."
C'est bien là le problème, justement.

Jean-Michel Demetz.
L'Express. 12/11/2008.

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Chris
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Message par Chris »

Message de Pierre : (suite à remise en ordre du fil de discussion)
Pierre a écrit :Merci Chris pour cet article !

"La crise islandaise, c'est simple : imaginez le conseil municipal de Rouen appelé à gérer la faillite combinée de la BNP et de la Société générale"

Cette phrase est effectivement un parfait raccourci. Comment a-t-on pu en arriver là ? Et les responsables, on sont-ils ? Ils ont quitté l'Islande, j'ai entendu dire. Dangereux, mais pas totalement fous !
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Dernière modification par Chris le 17 nov. 2008, 19:22, modifié 1 fois.
Chris
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Message par Chris »

Message de Chad : (suite à remise en ordre du fil de discussion)
Chad a écrit :Dans n'importe quel pays au monde, les responsables auraient agi de cette façon malheureusement :roll:
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Chris
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Manifestation samedi 15 novembre

Message par Chris »

Manifestation massive samedi 15 novembre à Reykjavík

La presse islandaise et le magazine Iceland Review rapportent que, comme chaque semaine depuis la fin octobre, les manifestants se sont réunis samedi dernier sur Austurvöllur, le square du Parlement à Reykjavík.
Entre 5000 et 8000 personnes selon les sources, une foule de plus en plus nombreuse chaque samedi.

Pour une population de 190.000 h (agglomération de Reykjavík), c'est en proportion comme si une manifestation rassemblait entre 260.000 et 420.000 personnes au niveau de l'agglomération parisienne (10 millions d'h.)
Et cela dans un contexte sociologique où les gens sont beaucoup moins enclins à "descendre dans la rue" que chez nous.
De quoi réfléchir !

Les manifestants ont vivement critiqué le gouvernement, demandant de nouvelles élections. La manifestation a conservé un caractère pacifique, les seuls projectiles lancés contre la façade du Parlement étant des oeufs, du skyr ... et du papier-toilette (enflammé par la suite devant la porte).

D'après le journal Fréttabladid, parmi les orateurs on a pu entendre notamment le philosophe Vidar Thorsteinsson et les auteurs Kristín Helga Gunnarsdóttir et Andri Snaer Magnason.
Vidar et Kristín Helga ont stigmatisé l'attitude du gouvernement au cours de ces dernières années. "Le gouvernement a conduit un bus sans freins sur l'autoroute de la cupidité financière, suivant à toute vitesse les voitures de sport des millionnaires", telle fut la métaphore de Kristín.
Vidar Thorsteinsson a ajouté "Ce qui se passe en Islande n'est ni une catastrophe naturelle, ni un accident. C'est le résultat d'un système financier global dont les politiciens islandais ont rendu l'Islande dépendante. Nulle part dans le monde la bulle financière n'était devenue aussi hypertrophiée et incontrolable qu'en Islande."
Andri Snaer Magnason a expliqué que le gouvernement avait délibérément choisi d'ignorer les multiples mises en garde formulées par d'éminents experts internationaux ces dernières années. "On nous présentait ces critiques comme étant des marques de jalousie. Nous savons maintenant qu'elles émanaient de nos vrais amis", a-t-il ajouté.

Image . photo Iceland Review
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Image. photo Iceland Review
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Un accord de principe sur le problème "Icesave"

Message par Chris »

Un accord de principe sur le problème "Icesave"

Par le biais des experts français intervenant au titre de la présidence française de l'Union Européenne, un accord de principe a pu être conclu hier pour le remboursement des épargnants étrangers (britanniques et néerlandais notamment) dont les comptes d'épargne chez Icesave (filiale de Landsbanki) sont bloqués depuis deux mois.

L'Islande s'est engagée à rembourser les épargnants jusqu'au niveau de garantie de 20.000 euros par compte, prévu par la directive européenne 94/19 sur la garantie des dépôts bancaires. A noter que cette directive est également applicable au sein des Etats de l'Espace Economique Européen (dont l'Islande fait partie).

Les sommes nécessaires proviendront de la vente des avoirs de la Landsbanki (dont personne n'a idée ...). Le reste devra être financé par l'Etat Islandais. Les sommes en jeu sont de l'ordre de 3,7 milliards d'euros.
Selon les experts communautaires, la mise en oeuvre de cet accord prendra du temps. Certains évoquent un délai de une à trois années. La situation unique au monde de l'Islande, dont la totalité du système bancaire s'est effondré, a été prise en compte. Un système bancaire hypertrophié, qui était devenu, selon les experts européens, près de dix fois plus riche que l'Etat lui-même.

L'Islande seule ne peut pas rembourser. Concrètement, ce seront des prêts qui lui permettront de rembourser les épargnants jusqu'à concurrence du seuil de garantie. Des prêts qui seront consentis, entre autres, par le Royaume Uni et les Pays-Bas, afin que l'Islande puisse mettre en place le remboursement (partiel et plafonné) de leurs propres citoyens, entreprises et collectivités territoriales. L'Islande bénéficierait par ailleurs d'un différé de remboursement de ces prêts, ne commençant à les rembourser qu'après plusieurs années.

Ingibjörg Sólrún Gísladóttir, la Ministre des Affaires Etrangères, a déclaré que l'accord de principe sur le différent Icesave constituait un point crucial dans la reconstruction future de l'économie islandaise. Elle a confirmé que le message avait été clair que l'Islande n'aurait pas bénéficié de prêts sans la mise en forme d'une issue au conflit "Icesave".

En dépit des dénégations successives du Premier Ministre Geir Haarde ces dernières semaines (cf. ses citations plus haut), il a donc bien fallu que son gouvernement parvienne à cet accord pour débloquer la situation d'impasse dans laquelle il se trouvait.

Dès lors, le FMI devrait pouvoir statuer cette semaine sur l'aide envisagée pour l'Islande. A sa suite, certains Etats nordiques envisageront alors de débloquer des prêts complémentaires.

Les représentants de la Présidence française de l'U.E. ont fait valoir par ailleurs à l'Islande que l'éventualité de sa candidature à l'adhésion impliquait à l'évidence l'application de la directive (U.E. et E.E.E.) sur les garanties des dépôts bancaires.

Mais au delà de cet accord de principe, dont le calendrier d'exécution n'est pas pour le moment à l'ordre du jour, des dizaines de milliers de petits et moyens épargnants dont l'argent n'est plus disponible depuis deux mois sont confrontés à des problèmes trés concrets.
Nombreux sont ceux, par exemple, qui finançaient des crédits immobiliers à partir de ces placements, et qui ont dû mettre en place à la hâte des prêts-relais extrêmement coûteux et pénalisants.
D'autres sont en train de faire leur deuil des sommes épargnées chez Icesave supérieures au seuil de garantie dont l'application est envisagée.
D'autres enfin (et ils ne le savent même pas ...) en subiront indirectement les conséquences pendant des années, par le biais des budgets en réduction et des impôts en augmentation des collectivités territoriales (néerlandaises notamment) dont les avoirs ont disparu dans le trou noir dénommé "Icesave".
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Féroé
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Message par Féroé »

Le Courrier, quotidien genevois, a consacré une page entière de son édition d'aujourd'hui à la crise islandaise. Bon résumé.

(Juste pour avoir une idée de l'article, cf. ci-dessous, mais on ne peut pas agrandir l'image ; cependant, pas d'informations inédites, sauf que l'on apprend que la fille de l'ancien ministre des affaires étrangères Balduin Hannibalsson, Kolfinna, a fait une mauvaise opération en faisant un emprunt en dollar pour acquérir un appartement. Résultat : avec la dévaluation de la couronne, elle paie des mensualités beaucoup plus élevées que la valeur de son bien qui, dit-elle, ne vaut d'ailleurs plus grand chose...)

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Le FMI valide son accord

Message par Chris »

Comme prévu, après l'engagement de l'Islande à propos du dossier "Icesave", les instances dirigeantes du FMI ont approuvé hier l'accord du 24 octobre qui prévoyait l'octroi à l'Islande d'un prêt de 1,7 milliards d'euros.
Sur cette base, plusieurs Etats nordiques (dont en tête la Norvège), plus la Pologne, devraient accorder des prêts complémentaires pour 2,4 milliards d'euros.
D'après un communiqué du gouvernement islandais, l'apport du FMI devrait s'étaler sur deux ans, et l'Islande devrait rembourser ce prêt entre 2012 et 2015.
Cet accord a reposé sur l'engagement de l'Islande à mettre en place un "programme de redressement de l'économie", partie intégrante de l'accord.
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Commission d'enquête

Message par Chris »

Le Parlement a décidé aujourd'hui la mise en place d'une commission spéciale chargée d'enquêter sur les causes de la faillite du système bancaire islandais.

Cette commission d'enquête sera chargée de dire si des négligences, des fautes ou des malversations ont été commises et / ou couvertes par les autorités en place.
Le commissaire et un expert désigné par le Parlement feront partie de la commission, qui sera présidée par un membre de la Cour Suprème.
La commission disposera par ailleurs d'équipes d'enquêteurs composées d'experts islandais mais aussi étrangers (FMI ?).
La commission et les équipes d'enquêteurs seront indépendantes, et ne recevront pas d'instructions exterieures, pas même du Parlement.

Steingrímur Sigfússon, le leader de la "Gauche Verte" (principal parti d'opposition) a salué la mise en place de cette commission d'enquête en souhaitant que toute la lumière soit faite et que chacun assume ses responsabilités.
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1er versement de l'aide du FMI

Message par Chris »

La première tranche de l'aide (sous forme de prêt) du FMI a été transférée aujourd'hui à l'Islande.

Cette somme de 640 millions d'euros, va alimenter les réserves en devises de la Banque Centrale Islandaise.

Le reste de l'aide du FMI (1,6 milliard d'euros) sera versée en huit tranches successives sur deux ans, et sous condition de la conduite rigoureuse du "programme de redressement de l'économie", partie intégrante de l'accord du FMI.

L'Islande disposera d'un différé de remboursement, les échéances s'échelonnant entre 2012 et 2015.
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Discours à la Nation du 1er janvier

Message par Chris »

Discours à la Nation du Président de la République d'Islande le 1er janvier.

Dans son discours à la Nation le 1er janvier 2009, le Président de la République Ólafur Ragnar Grímsson a évoqué les fautes et les erreurs qui ont conduit à la situation de crise extrême dans laquelle se trouve plongée l'Islande, à l'aube de cette nouvelle année.
Avec beaucoup d'humilité, il a reconnu sa part de responsabilité, ayant lui-même trop encouragé l'expansion des activités financières des banques islandaises sur les marchés internationaux.

Le Président a reconnu que les bases du système financier de son pays étaient excessivement vulnérables, et que la soif de succès avait conduit à une certaine forme d'aveuglement ...
Il a ajouté qu'il s'était profondément remis en question et qu'il avait tiré les leçons de ses erreurs, encourageant les ministres, les parlementaires et les institutions financières à en faire de même, souhaitant que l'honnêteté, l'humilité et la modestie constituent les voies permettant à chacun de prendre ses responsabilités à l'avenir.

Le Président a conclu en disant que si l'appel pressant de la Nation Islandaise à un changement n'était pas entendu, cela rendrait difficile la mise en place de bases solides pour la société dans l'avenir.
"De nombreuses personnes sont en colère" a-t-il déclaré, "et elles ont de bonnes raisons de l'être".

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Le Président Ólafur Ragnar Grímsson
Chris
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Bjarni Ármannsson, ex-PDG de la banque Glitnir, rembourse 37

Message par Chris »

Bjarni Ármannsson, ex-PDG de la banque Glitnir, rembourse 370 millions de Couronnes.

Bjarni Ármannsson, ex-PDG de la banque Glitnir (désormais nationalisée et rebaptisée Íslandsbanki), a publié hier dans le journal Fréttabladid un article dans lequel il fait son autocritique et analyse les causes de l'effondrement du système bancaire islandais :
?Je m'en veux beaucoup d'avoir pris des décisions qui ont conduit à développer un système qui a conduit à l'effondrement, mais je dois désormais vivre avec ça ..."

Dans cet article, Bjarni Ármannsson explique que les composantes du système bancaire islandais formaient un édifice trop fragile pour survivre à la crise internationale : ?Nous avons commis une erreur en développant un système trop important sur une période de temps trop courte, et reposant sur une monnaie trop petite avec une politique monétaire qui ne pouvait pas fonctionner dans l'environnement actuel des échanges internationaux".

Aujourd'hui, Bjarni Ármannsson vient d'annoncer dans une interview sur la chaîne RUV qu'il avait remboursé 370 millions de Couronnes ( 2,2 millions d'euros) à la suite de l'effondrement du système bancaire islandais.
?Je pense que c'était la bonne chose à faire, être critique avec moi-même, à la lumière de l'effondrement du système bancaire. Dès lors, j'ai effectué ce remboursement."

Bjarni Ármannsson avait quitté son poste de PDG de Glitnir en mai 2007, remplacé par Lárus Welding.
Quid de son successeur ?
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