Comme toi, Gabriel, je me suis fait offrir le magnifique volume des Sagas islandaises dans la collection La Pleiade, traduction de Régis Boyer. Les notices, très bien faites, sont un apport précieux pour apprécier les textes eux-mêmes, et je trouve que pour chaque saga, on gagne énormément à lire d'abord la notice de Régis Boyer avant de lire l'histoire elle-même.
Je n'ai pas encore tout lu

Pour le coté romanesque, ma préférée (pour le moment) est la Saga de Njáll le Brûlé (très longue !), qui se déroule dans le Sud-Ouest de l'Islande. Et puis, personnellement, ce que j'apprècie, c'est de voir évoquer des endroits où je suis allé, des villages, des vallées, des noms de fermes, même, qui n'ont pas changé !
C'est là que l'imagination se met en marche ...
C'est aussi pour cette raison que j'aime la Saga des Gens du Val au Saumon, parce que j'adore la péninsule de Snaefellsnes, le Breidafjordur et la Laxadalur. Et puis j'ai adoré ce personnage de Guðrún (Gudrun Osvifursdottir), une femme au destin extraordinaire qui est l'âme de cette histoire. Pour moi, c'est "la saga de Gudrun" !
En juin dernier, nous avons passé une soirée à Stykkisholmur car nous devions y prendre le lendemain matin le ferry qui nous faisait traverser l'immense Breidafjordur vers la péninsule du Nord-Ouest.
Le soir, nous sommes allés faire un tour à deux ou trois kilomètres du port, au lieu-dit Helgafell (= "le mont saint"). C'est là que la belle Gudrun a fini sa vie. Sa tombe est dans un petit enclos à côté d'une chapelle, juste au pied du "mont" (qui n'est en fait qu'une colline rocheuse).
J'étais assez ému d'être là ... J'ai mis un petit caillou sur la tombe, puis on est montés tout en haut du "mont" (en silence et sans se retourner, comme veut la tradition).
De là-haut, la vue était incroyablement belle vers le Nord, vers les centaines d'îlots du Breidafjordur. On s'est assis à l'abri du vent derrière un rocher et on a pensé aux paroles de Gudrun, à la fin de sa vie, lorsque son fils lui a demandé, de tous les hommes qu'elle avait connus, quel était celui qui avait eu sa préférence ...
Sa réponse a préservé le mystère, car elle lui a dit seulement : "J'ai été la plus mauvaise pour celui que j'ai le plus aimé ..."
... ahhh ! les femmes !
