Arctique : la glace fond ... la tension monte !
Publié : 15 août 2007, 23:40
Le 2 août, les Russes sont allés planter un drapeau en titane au fond de l'océan arctique, à 4200 m de profondeur, à la verticale du pôle Nord ...
Opération de prestige, opération symbolique, certes, mais aussi sans aucun doute les prémices d'une revendication territoriale latente ...
Chacun sait aujourd'hui que sous l'effet du réchauffement global, l'Arctique se réchauffe deux fois plus et deux fois plus vite que les autres zones du monde. De récentes études du GIEC (Groupe Intergouvernemental d'Experts sur l'Evolution du Climat) prévoient une disparition quasi totale de la banquise estivale en Arctique d'ici la fin du siècle. Dès lors, le climat ne sera plus un frein redhibitoire à l'exploitation de nouvelles ressources, notamment pétrolières.
Le pétrole ... la plus grande folie des hommes, plus que l'or, plus que tout ! On ira en chercher les dernières gouttes même dans les endroits les plus extrêmes et les plus inaccessibles. Le renchérissement exponentiel lié à l'épuisement des ressources actuellement connues rendra vite rentable le pétrole des zones extrêmes, et rien ne pourra arrêter cette ultime folie.
D'autant que (contrairement à l'Antarctique) le bassin Arctique est mal protégé, pour ne pas dire pas protégé du tout, par les conventions internationales. Il n'est régi que par la Convention des Nations-Unies de 1982 sur le droit de la mer (Conv. de Montego Bay). Ce texte fixe à 200 miles nautiques (environ 360 km) la zone économique exclusive des Etats Cotiers à partir de leur littoral.
Mais c'est encore au delà qu'il peut y avoir du pétrole ... Yves Mathieu, le spécialiste des réserves en hydrocarbures de l'Institut Français du Pétrole, estime que l'Arctique recèle du pétrole pour environ 7 années supplémentaires de consommation mondiale, et suffisamment de gaz pour repousser le problème de sa raréfaction jusque vers 2050.
Directement sous le Pôle Nord, il n'y a ni pétrole ni gaz, on peut en être certain car ce fond sous-marin n'est pas un bassin sédimentaire, et il ne peut y avoir d'hydrocarbures que dans les zones sédimentaires.
La majeure partie des réserves sont situées en périphérie du bassin arctique, c'est à dire pour la plupart dans les zones de souveraineté économique des pays du cercle polaire, Russie, Canada, Etats-Unis, Danemark, Norvège, et Islande ... Autrement dit, la plupart de ces ressources de l'avenir sont déjà attribuées.
C'est pour les hydrocarbures situés dans les eaux internationales que certains s'agitent ... Russie en tête. Car la Convention de Montego Bay de 1982 prévoit que les Etats riverains peuvent faire valoir des droits sur des fonds marins situés au delà de la zone de souveraineté des 200 miles, pour autant que ces fonds constituent un prolongement géologique de leur propre plateau continental.
Voici donc les géologues au service de la géopolitique ! Chaque été, et particulièrement celui-ci, des navires de recherche russes cartographient méticuleusement les fonds sous-marins du vaste bassin arctique, et la Russie a déjà pointé du doigt plusieurs zones dont une, vaste comme deux fois la France, entre la Sibérie et le pôle, sur laquelle elle revendique des droits de prospection et d'exploitation car elle présente toutes les caractéristiques d'une zone riche en combustibles fossiles.
Depuis 1996, il existe un Conseil de l'Arctique qui coordonne la coopération pour la protection de l'environnement arctique (l'Islande en fait partie). Aura-t-il son mot à dire ? Et s'il le dit, cela servira-t-il à quelque chose ?
Quant aux Etats-Unis, soucieux de préserver leur liberté quant au droit de la mer, ils n'ont jamais ratifié la Convention de Montego Bay de 1982. A Washington, certains commencent à le regretter car, de ce fait, ils n'ont pas (officiellement) droit au chapitre, alors qu'ils sont éminemment concernés par le biais de l'Alaska.
Bref ... plus la glace va fondre, et plus les tensions vont monter. Le geste symbolique des Russes le 2 août sous le pôle Nord est emblématique.
En juillet dernier, un expert de l'OTAN déclarait qu'il estimait certain que les grands conflits à venir auraient pour enjeu l'énergie, et hautement probable que la Russie serait engagée dans un conflit à caractère international dans les 25 prochaines années.
Et les ours dans tout ça ... ?
Chris.
Opération de prestige, opération symbolique, certes, mais aussi sans aucun doute les prémices d'une revendication territoriale latente ...
Chacun sait aujourd'hui que sous l'effet du réchauffement global, l'Arctique se réchauffe deux fois plus et deux fois plus vite que les autres zones du monde. De récentes études du GIEC (Groupe Intergouvernemental d'Experts sur l'Evolution du Climat) prévoient une disparition quasi totale de la banquise estivale en Arctique d'ici la fin du siècle. Dès lors, le climat ne sera plus un frein redhibitoire à l'exploitation de nouvelles ressources, notamment pétrolières.
Le pétrole ... la plus grande folie des hommes, plus que l'or, plus que tout ! On ira en chercher les dernières gouttes même dans les endroits les plus extrêmes et les plus inaccessibles. Le renchérissement exponentiel lié à l'épuisement des ressources actuellement connues rendra vite rentable le pétrole des zones extrêmes, et rien ne pourra arrêter cette ultime folie.
D'autant que (contrairement à l'Antarctique) le bassin Arctique est mal protégé, pour ne pas dire pas protégé du tout, par les conventions internationales. Il n'est régi que par la Convention des Nations-Unies de 1982 sur le droit de la mer (Conv. de Montego Bay). Ce texte fixe à 200 miles nautiques (environ 360 km) la zone économique exclusive des Etats Cotiers à partir de leur littoral.
Mais c'est encore au delà qu'il peut y avoir du pétrole ... Yves Mathieu, le spécialiste des réserves en hydrocarbures de l'Institut Français du Pétrole, estime que l'Arctique recèle du pétrole pour environ 7 années supplémentaires de consommation mondiale, et suffisamment de gaz pour repousser le problème de sa raréfaction jusque vers 2050.
Directement sous le Pôle Nord, il n'y a ni pétrole ni gaz, on peut en être certain car ce fond sous-marin n'est pas un bassin sédimentaire, et il ne peut y avoir d'hydrocarbures que dans les zones sédimentaires.
La majeure partie des réserves sont situées en périphérie du bassin arctique, c'est à dire pour la plupart dans les zones de souveraineté économique des pays du cercle polaire, Russie, Canada, Etats-Unis, Danemark, Norvège, et Islande ... Autrement dit, la plupart de ces ressources de l'avenir sont déjà attribuées.
C'est pour les hydrocarbures situés dans les eaux internationales que certains s'agitent ... Russie en tête. Car la Convention de Montego Bay de 1982 prévoit que les Etats riverains peuvent faire valoir des droits sur des fonds marins situés au delà de la zone de souveraineté des 200 miles, pour autant que ces fonds constituent un prolongement géologique de leur propre plateau continental.
Voici donc les géologues au service de la géopolitique ! Chaque été, et particulièrement celui-ci, des navires de recherche russes cartographient méticuleusement les fonds sous-marins du vaste bassin arctique, et la Russie a déjà pointé du doigt plusieurs zones dont une, vaste comme deux fois la France, entre la Sibérie et le pôle, sur laquelle elle revendique des droits de prospection et d'exploitation car elle présente toutes les caractéristiques d'une zone riche en combustibles fossiles.
Depuis 1996, il existe un Conseil de l'Arctique qui coordonne la coopération pour la protection de l'environnement arctique (l'Islande en fait partie). Aura-t-il son mot à dire ? Et s'il le dit, cela servira-t-il à quelque chose ?
Quant aux Etats-Unis, soucieux de préserver leur liberté quant au droit de la mer, ils n'ont jamais ratifié la Convention de Montego Bay de 1982. A Washington, certains commencent à le regretter car, de ce fait, ils n'ont pas (officiellement) droit au chapitre, alors qu'ils sont éminemment concernés par le biais de l'Alaska.
Bref ... plus la glace va fondre, et plus les tensions vont monter. Le geste symbolique des Russes le 2 août sous le pôle Nord est emblématique.
En juillet dernier, un expert de l'OTAN déclarait qu'il estimait certain que les grands conflits à venir auraient pour enjeu l'énergie, et hautement probable que la Russie serait engagée dans un conflit à caractère international dans les 25 prochaines années.
Et les ours dans tout ça ... ?
Chris.