Fimmvorduhals+Laugavegurinn+Hringbrautin 19/06 au 3/07/2014

Vous revenez tout juste d'Islande, vous n'avez pas encore défait vos valises que vous voulez nous montrer vos photos et nous faire partager votre enthousiasme ... Faites-nous rêver ...

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acd
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Fimmvorduhals+Laugavegurinn+Hringbrautin 19/06 au 3/07/2014

Message par acd » 09 juil. 2014, 16:31

Voyage en Islande du 19/06/2014 au 3/07/2014, en autonomie totale.

Les photos sont mises avec le texte sur un autre forum, dont voici le lien:

https://acd1411.wordpress.com/2016/05/0 ... ngarfjoll/

Sinon vous avez la possibilité de lire ci dessous.


Avec une voiture bien équipée, nous sommes partis à 3 de Belgique le 16/06, et avons pris le bateau le 17 à Hirstals au nord du Danemark.
Arrivée à Seydisfjordur le 19/06.

La base du projet de ce voyage était l'ascension du Trolladyngja, à partir de la F910 sud.


J'ai cueilli Jacques et William (son fils) à liège et vers 13H nous mettons le cap sur Hirstals, au nord du Danemark.
Trajet sur route sans problème.
Le 17 à 3H du matin nous avons planté la tente aux abords d'un champ à 30 km du port.
Petit dodo de 5 heures.

Les 2 jours sur le bateau, en ce qui me concerne, seront consacrés à l'étude de l'utilisation d'un gps Garmin 62S, nouvellement acquis, ainsi que du programme Base Camp et de l'introduction des traces dans le gps.
Les 2 autres passeront la majeure partie du temps à dormir!

Le trajet sera tranquille avec une mer dans l'ensemble assez calme.

William, 22 ans, que je ne connais pas, se révèle être quelqu'un intéressé par tout ce qui est survie en pleine nature. Il est, comme moi, aussi passionné de musique. Il est loin d'être le mou suiveur dont il m'avait fait effet. Il est impatient d'être en randonnée.

Deux précisions utiles:
- J'avais déjà fait une rando assez hard avec Jacques et cela c'est passé super bien.
C'est suite à cette expérience que j'ai accepté que son fils William vienne en Islande. J'ai fait confiance à son père comte tenu de ce qu'il savait de mes randos.
- Pendant la marche, chacun avance à son rythme. Nous nous attendons régulièrement.
Il n'est pas question de suivre à tout prix celui qui est plus rapide ou de casser sa cadence avec un moins rapide. Faire telle sorte est la meilleure manière de démolir son endurance.


Jeudi 19/06.

Arrivée au port de Seydisfjördur. C'est la 3° fois que j'arrive en bateau, et toujours avec la même émotion quand je vois grandir ces montagnes. Pour Jacques et William, c'est une 1°.
Passage de la douane. Nous avons des quantités de nourritures trop importantes et certaines non autorisées.
Il n'y a qu'un seul douanier qui fait passer les voitures l'une après l'autre et dirigeant de temps à autre un véhicule vers un des 4 points de contrôle, couverts et fermés. J'imagine aisément ce qu'il doit s'y passer.
Nous sommes parmi les derniers à sortir du bateau.
Vient notre tour.
Sortie sans contrôle.
Yes, nous mangerons du saucisson belge et français!

Change (1 euro = 150,60 couronnes) puis course dans le supermarket d'Egilsstadir.
A l'office du tourisme, j'apprendrai que les pistes qui mènent à Trolladyngja sont encore fermées.
Changement de programme. Trolladyngja ce sera pour la fin, si c'est possible.
Cap sur le parc de Statafell, près de Höfn (sud ouest de l'Islande).
Le temps est beau.
Balade relax de 14 km en 3 heures. Facile pour tous, d'autant plus que nous n'avons qu'un petit sac de +- 5 kg sur le dos.
Minuit 30 nous sommes dans nos sacs et la pluie commence à tomber. Elle ne s'arrêtera qu'au matin.
A ma demande de " Bien dormi? " Jacques, qui dormait à côté de moi, me répondra que oui, avec 1500 watts de ronflements (les miens) dans la figure!!!


Vendredi 20/06

Cap sur Jokulsarlon que nous verrons sous un beau soleil.
Cap sur le parc de Skaftafell
Nous démarrons la rando annoncée à +- 25 km vers 15H, qui nous mènera de Sjonarnipa à Svartifoss puis au pont enjambant la Morsa avant de nous élever sur la crête du Jokulfell et puis retour au camping.
Sac à dos de +- 5 kg.
William qui était fringant jusqu'au 20° km commence à ralentir vachement l'allure. J'apprendrai par Jacques qu'il ne s'est pas bien entraîné. Aie!
Retour à la voiture à 23H30, après plus de 28 km.
William ressemble à une statue de sel inerte! Il se contentera de nous observer quand nous monterons les tentes. Cela promet, moi qui aime que tout le monde mette la main à la pâte.


Samedi 21/06

Préparation des sacs pour une randonnée de 6 jours. Je trouve le sac de William fort lourd. Celui de Jacques l'est plus encore. Au jugé ils font largement plus de 22 kg. Je leur signale, mais ils estiment que le poids est normal.
Le temps est menaçant.
14H: départ. De Skogafoss (près de Vik - sud de l'Islande) à Landmannalaugar, via Thorsmörk, et retour.
25 km sont prévus pour la 1° étape. Il y a 800 m de dénivelé en montée et autant en descente.
Moins d'une heure plus tard, William tire déjà la patte.
Jacques qui se rend pleinement compte de l'état de William l'encourage du mieux qu'il peut.
Vers 600 m d'altitude, nous avons droit à une fine pluie et du brouillard qui nous suivra jusqu'à la même altitude de l'autre côté, dans la descente. Sur-pantalon et veste. Les équipements sont efficaces.
Arrivée au col (1040 m) 14 km et 5 heures plus tard. Stop au refuge pour préparer un repas lyophilisé afin redonner de l'énergie à William qui fait penser à un zombie.
Nous resterons 1H30 dans le refuge.

Après le col, c'est en toute logique on s'attend à la descente.
Mais non, c'est du plat, un peu de descente immédiatement suivie d'un peu de montée.
Le tout dans la neige et pendant 4 km, en restant globalement à la même altitude.
Marcher dans la neige est fatigant.
Lors d'un dénivelé positif William s'écrira: " Ces montées vont m'achever! ".

De plus le paysage est absent, gommé par le brouillard. Pas de beaux points de vue à nous mettre sous la dent. Nous ferons même un détour de plus de 500 m, trompés par deux randonneurs qui nous précèdent. Ce sera le GPS qui nous ramènera sur la bonne voie.
Jacques commence à fatiguer. A la fin de la journée, j'apprendrai qu'il a retiré 2 kg du sac de son fils et les a rajoutés dans le sien. Ceci pour que William ne compromette pas la rando. Chapeau à lui.
La descente s'amorce, extrêmement raide. Il y a des chaînes de sécurité à plusieurs endroits.

Nous sortons des nuages. Nous apercevons le " Bois de Dieu ".
La vue est superbe, mais ni Jacques ni William ne sont en état de l'apprécier.

Il reste 2 km avant d'arriver au camping. William, totalement silencieux, marche comme un automate. Jacques attrape une crampe au pied.
Courageux, il continue alors que je lui propose de planter la tente (il y a ici des endroits parfaits).

La rivière qui nous sépare du camping d'Husadalur est fort gonflée.
Il reste le pont à passer avant de pouvoir planter la tente et profiter d'un repos plus que mérité.

Minuit trente. Je suis bien devant. Je me dirige vers le pont, et je constate qu'il est cassé. Une partie de la rivière passe devant l'accès du pont. Jacques et William me rejoignent. Je suis prêt à porter leurs sacs. Je me déshabille et je sonde. Le courant est beaucoup trop violent. Il me serait impossible de passer sans perdre l'équilibre.

Il nous reste à faire demi-tour pour trouver un emplacement pour monter les tentes et manger.
Une heure plus tard, les tentes sont montées.
Celle de William est dressée en priorité. Il nous regarde hébété, totalement pétrifié.
Jacques est formidable. Malgré sa crampe il aide avec une volonté farouche. Super.

2 minutes plus tard William est dans son sac et s'endort.

Nous montons la 2° tente, court repas, puis, à 2H 10, c'est le dodo.


Dimanche 22/06

Le pied de Jacques ne va pas mieux. La randonnée est vachement compromise.
Il est décidé que je retourne à Skogar rechercher la Toyota et revenir chercher le zombie et l'éclopé!
Je n'en veux absolument pas à Jacques qui a un couac physique totalement indépendant de sa volonté.
Pour William, son manque de préparation met en péril le projet du groupe. Ca c'est beaucoup moins drôle.

Je mettrai moins de 6H30 à revenir sur Skogar. Le temps est au beau fixe, et je me régale de ce que nous n'avons pas vu la veille. Les vues sur le Godaland sont tout simplement magnifiques. La suite qui mène au refuge Fimmvörduskali, avec le décor de la dernière éruption, ne l'est pas moins. Il y a encore des endroits fumants. Le contraste de la lave récente et de la neige est des plus jolis.
La descente sur Skogar jusqu'au pont offre peu d'intérêt mais, dès que l'on longe la rivière et ses nombreuses cascades, l'émerveillement est de retour.
De randonneurs que je croiserai, j'apprendrai que 2 passerelles, en amont du camping d'Husadalur, permettent de franchir la Markarfljot à pied et à sec.
J'arrive à Thorsmörk vers minuit (il fait toujours clair). Pas un mouvement autour des tentes. Pourtant je suis le seul à passer à cet endroit et la Toyota est loin d'être discrète.
Je sors de la voiture. Un bruit d'éléphant vrille mes tympans: Jacques ronfle à fond. William dort également.


Lundi 23/06

Plein soleil et vent.

Le pied de Jacques va mieux.
Non loin de là, pour vérifier si tout va bien, courte balade dans le petit canyon Stakksholsgja, que j'avais déjà eu l'occasion de voir précédemment en été 1994 et en hiver 2000. Lors de cette dernière visite, il y avait plein de formes gelées des plus jolies.

Tout semble O.K.

Seul, je n'aurais pas franchi la rivière avec la Toyota. La rivière me semble trop forte et je n'ai personnellement pas vu de véhicule la franchir.
Mais, hier, Jacques a vu plusieurs véhicules, du même gabarit que le mien, la franchir. Près du camping il y a un 4 x 4 plus bas que le mien. Tout cela m'a mis en confiance (plus tard j'apprendrai que ce dernier véhicule est celui de la gardienne, qu'il est passé quand la rivière était basse, et qu'il est actuellement bloqué de l'autre côté).

Chargement de la voiture, et entrée dans la rivière.
Le gué est très profond, et avec un super courant.
Arrivé juste en face de la berge opposée, le véhicule bloque (pas le moteur). Je sens la voiture bouger avec le courant. L'eau passe au-dessus du capot et atteint le niveau du bas des fenêtres! Je fais une courte marche arrière, enclenche le blocage du différentiel, et hop, nous sortons. C'était chaud, très chaud!!!!

Préparation des sacs.
Les sacs de Jacques et William sont passés au crible.
Dehors les boites de sardines et de corned beef, les berlingots de Cécémel, les sucres et sachets de thé, les friandises non énergétiques.
Ne seront gardés que le chocolat, quelques gaufres, des mendiants et fruits secs, des Mars.
Les fromages et saucissons seront limités au strict minimum.
Dehors les vêtements de réserves en trop: les 2 caleçons (sur trois), la paire de chaussettes en double, le T shirt en double, le pull en double, et dehors aussi les choses inutiles du genre brosse à dent pour nettoyer les semelles des chaussures (William), ainsi que la gamelle en double!
Bref, le sac de William a certainement diminué de 5 kg et celui de Jacques de 6.

Nous entamons la rando qui devrait nous amener à Landamannalaugar en 2 jours, puis retour pour récupérer la voiture.
Le temps change. Le ciel est en train de se couvrir.

Nous sommes devant le 1° gué.
Bien évidemment, je me dépêche et me positionne sur un îlot au milieu du gué pour photographier le passage de Jacques et William. Je me marre à fond de voir leur tête quand ils traversent l'eau bien froide. Je change même d'objectif pour faire un gros plan.
Sortis du gué, on se rhabille et, juste avant de repartir, je déploie mon pied pour faire une photo de nous trois. Le grand angle s'impose. Où est-il? Je réalise que je l'ai oublié sur l'îlot!!!
Je devrai me déchausser et le chercher, mais le gué est large et long. Ce sera Jacques qui le retrouvera. Ouf! Une optique fixe 24 mm 1:1.4 Nikon est loin d'être gratuite. Et puis sans elle je serais vachement limité pour les photos.


La piste est super belle. Je redécouvre, dans l'autre sens, cette randonnée que j'avais faite en 2006.
L'allégement des sacs se fait sentir. William marche sans problème.
La 2° partie de cette journée se passe sur les hauteurs. Le temps change, le vent commence à souffler et la T° diminue.
Après avoir traversé une longue plaine de sable de lave et essuyé de solides coups de vent chargés de scories, nous arrivons au 2° gué. La T° a vachement chuté.
Il est 23H30. Le gué est large, le courant est fort... Il est évident que le pantalon doit être retiré. Il y a un vent de dingue.
Je passe le 1°. Effectivement, ce n'est pas simple. Il faut regarder droit devant et surtout pas l'eau sinon l'équilibre est perdu. Ce ne serait pas une bonne idée de faire plouf dans une eau aussi glaciale, pour soi comme pour le matériel.
Sorti de l'eau, je me sèche et attends les 2 autres qui mettent un temps anormalement long à se préparer.
Taïaut, c'est parti. Leur tête vaut de l'or. J'espère que les photos seront réussies.

Vers minuit, nous sommes au refuge d'Hvanngil. Très courte pause pour grignoter un peu d'énergie, puis cap sur le refuge d'Alftavatn.
Peu après, nous voyons une grosse 4 x 4 quitter le refuge d'Hvanngil et se diriger vers nous. Ce sont les gardiens du refuge qui nous préviennent que le temps va se dégrader et que le vent souffle plus à Alftavatn qu'à Hvanngil.
Je préfère faire les quelques 5 km maintenant, par temps plus ou moins sec que demain dans la pluie. Nous les remercions et continuons.

Le vent se déchaîne de plus en plus.
Vers 1 h du matin le 3° gué qui nous oblige une fois encore à se déshabiller.
Vent, froid et un peu de pluie en sus.

1H30, nous arrivons au camping, après 36 km de marche.
A cette heure là, tout est calme. Nous rentrons dans la cuisine du refuge. Enfin protégés des éléments.
Dans la cuisine, bien au calme, nous préparons le lyophilisé.

Repas avalé, Jacques et moi sortons pour monter les tentes. Je préfère que William se repose.
Dans un vent déchaîné, ponctué de gouttes, nous montons plutôt rapidement la tente de William et l'arrimons solidement.

Au tour de la 2°.
La toile extérieure s'envole dans tous les sens. Quand elle est enfin fixée au sol, nous constatons que les fils des tendeurs se sont emberlificotés. Plus d'une demie heure pour les démêler!
Pendant ce temps, les piquets sortent de terre. Dément.

4H10 du matin. La tente est fixée solidement et nos affaires à l'intérieur. Nous nous endormons.
Un peu plus tard, je suis réveillé par un claquement. C'est le vent qui ouvre les tirettes de la porte extérieure. Je suis obligé de fixer les anneaux de la tirette au sol, et avec des gros piquets.


Mardi 24/06.

11H30. Nous sommes réveillés par le gardien qui nous annonce que le temps va encore se dégrader, et que nous avons intérêt à fixer plus solidement les piquets. C'est possible???
Démontage dans la tourmente puis déjeuner dans le calme de la cuisine.

13H50: Départ.
La piste qui monte devient de plus en plus raide. Avec le vent, chargé de pluie, qui chasse en rafale (à mon avis à plus de 100 km/h), nous sommes déséquilibrés. Parfois je suis projeté de 50 cm sur le côté et encore autant au 2° pas. Parfois je dois stopper pour maintenir l'équilibre. Parfois aussi, comme notre position est inclinée du côté d'où vient le vent, quand celui ci s'arrête un court instant, je bascule. Je n'ai jamais connu ça, du moins aussi longtemps.
Sur un col, la pluie se transforme en petits grêlons qui tambourinent à toute allure sur notre capuche. Heureusement de côté, pas de face.
Un peu plus tard, la protection de mon sac à dos est emportée par le vent. William me stupéfie. Il réagit avec une vitesse dont je ne l'aurais jamais cru capable et rattrape la protection qui, miracle, s'était immobilisée dans un creux.
Inutile de penser la remettre dans cette tourmente. Cela ne pourra se faire qu'au refuge distant encore d'une heure.
La pluie redouble.
Il y a peu de randonneurs sur la piste, mais la quasi totalité sourient quand nous les croisons. Il faut dire que ces moments sont incroyables, et qu'ils valent la peine d'être vécus.

Plus loin, la piste traverse de longs champs de neige, et ceci jusqu'au refuge.
17H10 Le refuge d'Hrafntinnusker est atteint.
Refuge bondé. Nous n'aurons d'autre choix que de laisser nos sacs dehors, à la pluie.
Le gardien, aimable mais ferme, nous accorde un petit bout de banc pour que nous puissions manger.
Nous expédierons nos tartines et fromage dans un petit coin sombre.
Ici, l'humidité et la condensation règnent en maître. Le pied! Quand je pense qu'il y en a qui vont passer la nuit ici. Je ne voudrais pas être à leur place.

18H10. Après cette seule pose de la journée, nous remettons nos pompes qui commencent à être vachement mouillées (cela me rappelle une certaine randonnée en Argentine).
William demande d'attendre que ses chaussures soient sèches avant de partir. Réaction typique du fatigué qui invoque n'importe quoi pour avoir un répit, car faire sécher des chaussures dans une humidité qui doit friser les 100% ...
Je quitte ce refuge sans regret et en route pour l'étape ultime: Landmannalaugar.

Le temps ne s'améliore pas. Il reste stable dans sa folie. C'est du jamais vu.
Nous remarchons dans ces champs de neige qui trempent de plus en plus nos chaussures.
Le brouillard de met de la partie. Les piquets ne sont plus visibles et les traces de pas partent dans tous les sens. Je dois marcher en tenant le gps à la main pour rester sur la piste.
Le trajet sera effectué d'une traite sans boire ni manger. Depuis Alftavatn, je n'ai pas eu l'occasion de sortir l'appareil photo du sac à dos.

20H50. Nous sommes à Landmannalaugar, après 59 km parcourus, dont 23 aujourd'hui.

Le terrain de camping est aussi crapuleux qu'en 1996 et 2006. Pas d'herbe, mais de la terre relativement boueuse dans laquelle il est impossible d'y planter le poindre piquet. Ce n'est qu'avec de grosses pierres que nous maintenons la toile de la tente Robens dans le vent qui souffle toujours.

La 2° tente est hors d'usage: une tirette extérieure a lâché.
Par chance extraordinaire, il reste de la place dans le refuge.

Je me rends bien compte que l'état de notre matériel ne nous permettra pas de revenir sur Thorsmörk. De plus le temps annoncé est encore à la pluie et au temps gris.
Je propose à Jacques de repartir en bus le lendemain. Il est directement d'accord.
Lors de notre installation dans le refuge, je constate que TOUTES mes affaires sont mouillées y compris mon duvet! Le matériel photo ne vaut guère mieux. Il y a deux optiques qui ont de la bue intérieure et le viseur du boîtier en a tout autant. Super!
Aucune possibilité d'étaler quoi que ce soit dans ce refuge. Rien n'est prévu pour le rangement des affaires. Pas de crochet non plus. Nous avons droit à un matelas étroit, et la place devant pour le sac. Bien évidemment, les solives et fermes de la toiture sont utilisées, mais par les autres qui sont arrivés bien avant nous.
23H30. A trois, nous allons faire trempette dans la rivière chaude pendant certainement une heure. Nous sommes quasi seuls. Le 1° vrai moment de détente depuis l'arrivée en Islande.

De retour dans le refuge, je dormirai dans ma chemise polar et mon pantalon, avec mon pull sur mes pieds et une autre chemise sur le torse. Comme il ne fait pas froid, cela ne ma posera aucun problème.


Mercredi 25/06

Nous sommes tout les trois en bonne forme. L'ambiance et le moral sont excellents.
Départ en bus pour Hella, en vue de rallier Thorsmörk.
A Hella la liaison pour Thorsmörk ne sait se faire le lendemain.
Je pars en stop pour Thorsmörk (je suis le seul à pouvoir refaire passer la voiture par le gros gué).
Une heure plus tard, je suis déposé sur la piste qui y mène. Il me reste 25 km à parcourir à pied car, à cette heure (18H15), je ne risque pas de voir grand monde sur cette piste cul de sac.
Le pire c'est que j'ai plus de 10 gués à franchir à pied.

Après 5 km de marche une voiture passe et m'embarque. Elle me déposera à 7 km de la voiture. Chouette. Plus que 2 gués à franchir. Le 1° est petit, et je le passerai sans déchausser.
Arrivé devant le 2° qui est gros, profond et avec du courant, il y a une voiture qui s'y engage. Je fais des signes pour l'arrêter. Ce sont des français qui acceptent de me passer de l'autre côté. Génial!
Pour passer la Markarfljot, j'aurai encore 3 km à parcourir afin d'emprunter les 2 passerelles en amont du camping.

21H30. Arrivé à Husadalur, je demande à la gardienne ce qu'il en est pour le gué. Elle me répond qu'il est infranchissable pour le moment. Peut-être demain, mais forcément sans garantie. La gardienne m'apprendra aussi qu'il n'y a aucun espoir que le F910 s'ouvre d'ici mi juillet (ce 8 juillet, elle est encore fermée).
Nuit à passer au camping. Jacques sera prévenu par téléphone
Un jeune gardien me propose d'être là vers 8 h pour l'aide au franchissement du gué. Une jeune gardienne me propose de m'installer dans une cabane à l'abri du vent pour la préparation de mon repas. Tous les gardiens, ici sont super aimables.

Montage de la tente sur un beau gazon.
Préparation de mon lyophilisé et rédaction du carnet de route.

Jeudi 26/06

7H40. Je suis prêt pour le passage du gué.
Le gardien fait passer son tracteur dans le gué. Plusieurs endroits sont vérifiés. Là où cela semble le moins profond, il y a du sable, donc impassable pour moi.
Finalement, le gardien me dit de passer là où c'est le plus profond. Il attache une corde à un anneau avant de la Toyota.
Il rentre dans la rivière. La corde se tend. Je suis en vitesse courte. La Toyota ne bronche pas. Elle sortira de la rivière sans aucun problème. Je serai passé seul sans souci. La corde du tracteur aura servi de sécurité et c'était mieux comme ça. Je remercierai le gardien avec 3 bières (bien appréciées). Il refusera une rémunération.

Après avoir passé le gué, je récupérerai Jacques et William qui auront passé une nuit à l'hôtel et fait bombance, la veille, dans un restaurant.
Ils sont ravis. Chouette, car je m'inquiétais quand même un peu.
Nous passerons 1 heure dans un coffee shop d'une station service avant de mettre le cap sur Selfoss pour un repas au restaurant.

Visite de Geysir. Le site à bien changé. Il y a des petites barrières partout. Plus moyen de s'approcher de la bulle du geyser, ou du reste.

Visite de Gulfoss. Idem, il y a des nouveaux escaliers en bois, des chemins balisés et des cordes limitant l'accès.

En fin de journée, nous stoppons à la ferme hôtel Brattholt.
L'endroit est devenu HÔTEL GULFOSS. Rien n'a changé à l'intérieur, mais visiblement c'est un hôtel à part entière et non une ferme hôtel dans laquelle il est possible de faire sa tambouille.
Il est complet.
Nous mettons le cap sur une ferme hôtel renseignée par la réceptionniste.
En chemin nous nous arrêterons dans un village de chalets de vacances.
Ok pour une nuit. Nous investirons rapidement les lieux pour tout faire sécher. Le chalet devient rapidement un gros bordel.
Nous en profitons pour faire de la lessive.


Vendredi 27/06.

Les sacs se préparent vite. William semble se roder.
Au centre ouest de l'Islande, +- 30 km au sud de Hveravellir, nous démarrons le trek Hringbrautin autour et dans le massif de Kerlingarfjöll. Vous trouverez des infos sur ce trek tout à la fin.
C'est un site en pleine expansion, comme tout en Islande, mais qui semble encore épargné par les grands changements dus à l'afflux des touristes.
Le Lonely Planet parle d'une randonnée éprouvante de 3 jours. J'en ai prévu deux pour le boucler.
Le trek passe par un site géothermique grandiose. De loin le plus beau que j'ai vu.
Par la suite, il contourne le massif, dans un décor brut et sauvage. La nature à l'état pur. La piste n'est absolument pas visible. Seuls des piquets (régulièrement absents) nous renseignent de l'exactitude de notre chemin. Sans GPS, il faut oublier.
Nous ne rencontrerons personne ce jour là. De temps en temps nous voyons quelques anciennes traces. Mais jamais le moindre sentier.
Les passages que nous empruntons étaient certainement inaccessibles 2 semaines auparavant.
La neige, la boue et l'eau sont omniprésentes.
Le début du trek se passait sous des cieux menaçants, qui se sont ouverts sur nos têtes dès que nous avons dépassé les 1000 mètres d'altitude. Pluie et brouillard étaient de la partie.
Chance, dès que nous sommes redescendus, nous avons eu droit au sec et même, en finale du 1° jour, à du soleil.
Nous étions partis vers 12H30 et, sans avoir rien mangé entre-temps, nous ne nous arrêterons qu'à 21H15, à côté du refuge que je pense être celui de Kisubotnar (j'ai oublié de marquer les waypoints des 2 refuges de ce trek).
Nous aurons parcouru aujourd'hui 23 km sur un tracé de 47.
Nous avons dû déchausser pour franchir un gué, alors que je n'avais eu aucun avertissement de gué à franchir pour ce trek.
Montage des tentes et repas à côté du refuge, non gardé et fermé à clef.


Samedi 28/06

Départ pour terminer la boucle.
Pendant le démontage des tentes, nous serons attaqués par des milliers de mouchettes. Le filet de tête était absolument indispensable, mais je me suis fait piquer une cinquantaine de foi sur les bras et le ventre. Ca chatouille à fond!
En cette matinée, le soleil est de la partie.
Le paysage est encore plus beau qu'hier. Nous passons à côté d'un superbe défilé vertigineux au fond duquel coule un torrent que nous aurons à traverser quelques centaines de mètres plus bas (2° gué à franchir avec déchaussement).
13 km après le départ de ce matin, nous arrivons à un 2° refuge. Je réalise que celui d'hier n'était pas celui que j'avais pensé. Nous sommes maintenant à Kisubotnar. Rapide calcul: il reste encore 16 km à faire. Sur les 2 jours, nous aurons parcouru 54 km en tout!
Nous ne verrons que 2 autres randonneurs sur la totalité du trek. Compte tenu de la difficulté et du manque de 'confort ' il n'y a pas de quoi être surpris.
Jacques et William ont été ravis de cette promenade.

Vers 21 H nous sommes de retour à la voiture.
Nous mettons le cap sur Hveravellir.

Montage de la tente, préparation et repas à l'intérieur, grosse rigolade et concours de rots!
Quelques minutes plus tard, un allemand nous demande, en français, d'être calme, car il est... 23H30!
Complètement décalés, et habitués à être seuls, nous avions absolument oublié que nous ne l'étions plus. J'aurais bien aimé voir la tête des autres campeurs quand ils nous ont entendu roter!

Par la suite nous avons passé plus d'une heure dans la petite piscine chaude. Décrassage par la même occasion.


Dimanche 29/06.

Nous mettons le cap sur la péninsule de SNAEFELLSNES, située à l'ouest de l'Islande, entre Reykjavik et les fjords de l'ouest. Un des rares endroits que je n'ai pas encore visités en Islande.

Ce soir, nous dormons encore un peu plus au nord de cette péninsule, avec les fjords de l'ouest en face de nous. Superbe endroit.
J'ai le très net sentiment que l'endroit où nous plantons la tente, est celui où je me suis arrêté en 2006, quand j'ai visité les fjords de l'ouest. Je vérifierai cela en rentrant avec les photos.
Jacques et William n'avaient jamais dormi sous tente avant ce voyage en Islande.
Ils sont surpris de me voir choisir cet endroit le long de la route (590), mais visiblement cela ne les déplaît pas.
Vers minuit les autres vont dormir.
Je compléterai le carnet de route et resterai éveillé jusqu'à 1H30.
La mer est calme d'un bleu doux lumineux et reposant. J'assisterai au rougeoiement du soleil et de ses reflets dans l'eau. Magique!


Lundi 30/06

A Grand-ducale je pourrai comparer la vision, sous la pluie, de la petite montagne Kirkjufell avec celle montrée sous le soleil, dans le Lonely Planet. Il n'y a pas photo!!!
Le tour complet de la péninsule sera effectué.
Dans l'ensemble, rien d'exceptionnel, si ce n'est qu'à la pointe nous trouverons une jolie plage de sable blond entourée de roche noire de lave. Il y a de quoi être surpris.

Nous grimperons en voiture par une piste défoncée pour approcher de très près le petit glacier SNAEFELLSJOKUL. Cela valait le déplacement.
Nous aurons eu du temps gris et de la pluie mais uniquement en voiture.
De retour sur la route 54 le soleil sera de la partie.
Passage par Borgarnes, très belle petite ville campée dans un décor magnifique, avant de rejoindre la route 1.
Cap sur Reykjavik et dodo le long de la route tranquille (502) à 70 km de la capitale.
Le rodage de William est fini (il est temps). Arrivé à 21H, la tente est montée, le repas préparé, mangé et la vaisselle faite en moins d'une heure et demie!
Après, dans la voiture, sur la carte, je leur fais un récapitulatif de ce que nous avons fait. Je leur montre ce que nous aurions fait si la piste F910 avait été ouverte. Toujours sur la carte, je pointe les nombreux endroits magiques qu'il y a encore à découvrir. Je les vois rêver!


Mardi 1/07

Retour sur la route 1. Passage par le tunnel payant qui passe en dessous du bras de mer Hvalfjördur. Assez impressionnant ce tunnel de 6 km.
Rapide visite de Reykjavik.
Cap sur Hella pour un repas au resto (celui que les 2 ont testés quand ils étaient seuls et dont ils m'ont dit grand bien). Effectivement c'est pas mal du tout et la viande est exceptionnelle.

Quelques minutes plus tard, nous mettons le cap sur Landmannalaugar, via la route 26, par la piste F208 réputée fabuleuse, en vue de faire une petite randonnée dans les collines de rhyolites le lendemain, s'il fait beau.
A 18h nous sommes à Landmannalaugar. Il pleut à verse et le vent est bien présent. J'apprends que le temps de demain sera équivalent. Exit le projet de randonner, par beau temps, dans les collines demain matin.
Deux nouvelles heures de trempette dans la rivière chaude, sous une grosse pluie, avant de se mettre en route par la piste de Fjallabak (F208).
La pluie redouble. Les rivières sont gonflées. Une grosse 4 x 4 arrive de l'autre sens. Le conducteur nous dit que les gués sont franchissables mais pour le dernier, cela risque d'être chaud.
Je n'ai pas envie de planter mon véhicule et je fais demi-tour.
Dodo le long de la route 26, sous une pluie battante.

Mercredi 2/07

Retour sur le route 1.
Passage à Seljalandfoss et Dyrholaey.
Au sud ouest de Kirkjubaejarklaustur, je reprends l'autre bout de cette piste F208, en vue de voir à quoi ressemble ce gué délicat.
Passage du gué sans aucun problème ainsi que de la dizaine qui suivent jusqu'à Landmannalaugar puis retour. Je suis au volant à l'aller, et Jacques au retour. Lui qui n'a jamais fait de 4 x 4 y prend goût.
Nous sommes enchantés par le décor de cette piste et de la faille d'Eldgja.
De retour sur la route 1, peu avant Kirkjubaejarklaustur, nous sommes arrêtés pour excès de vitesse.
37500 couronnes soit 310 euros, réduit à 248 si l'amende est payée tout de suite, pour avoir roulé à 117 au lieu de 90 km/h.
La police islandaise est très discrète, mais bien présente!
Dernier stop et repas devant Jokulsarlon.

Cap sur Egilsstadir et montage de la tente, à 20 km au sud, le long de la route 1.
Il ne pleut pas!
Il est 2H30 quand nous nous glissons dans nos sacs de couchage.

Jeudi 3/07
Embarquement à Seydisfjordur et retour en Europe continentale






INFOS A PROPOS DU TREK HRINGBRAUTIN

Dans la période à laquelle nous l'avons parcouru, je tiens à préciser que cette randonnée de Hringbrautin s'adresse à des randonneurs avertis.
Si, globalement, ce trek n'est pas plus difficile que celui du Laugavergurinn, il y a lieu de s'attendre à des difficultés imprévues, et une solitude quasi absolue (ce qui est loin de me déplaire).
Les refuges peuvent servir, si l'on prend le soin de les réserver à l'avance, sinon il y a intérêt à avoir sa tente.
A mon avis, il est tout à fait possible de faire le circuit en un jour - et sans courir - si vous avez une excellente résistance. Ne perdez pas de vue, que pour un jour vous n'avez pas besoin de tente, de sac de couchage, de mousse et de moins de nourriture. Un sac à dos léger vous permet d'avancer plus rapidement sans effort supplémentaire, et votre endurance sera prolongée.
Pour infos: nous avons réalisé la totalité de ce trek en 13H20 de marche (passages de gués compris), avec des sacs bien chargés. Je ne parle pas du temps passé pour les pauses photos, repas et autres. La lumière ne pose aucun problème.
Par contre, nous n'avons eu que 3 gués pour lesquels nous avons dû déchausser. Plus tard dans la saison, les ponts de neige utilisés pour passer les rivières seront absents, mais peut-être aussi que certaines rivières infranchissables à sec à cette période le seront.
Actuellement vous n'y trouverez pas le confort disponible sur le Laugavergurinn, et surtout peu ou pas de randonneurs à qui demander des informations.
Les cartes publiées par 'Mal og Menning' de Reykjavik www.forlagid.is ne sont d'aucun secours par rapport au sentier. Les sentiers repris sur les cartes ATLASKORT 16 et SERKORT 3, au 1:100 000 ne correspondent pas au trek.
La carte gratuite à télécharger par le net est de loin plus précise.
Il est vrai que les piquets mis à sa place ne correspondent pas exactement au téléchargement, mais on est beaucoup plus près de la réalité.
De toutes les façons, même sans piquet, le gps (indispensable) vous mène à bon port. Nous avons fait un long tronçon sans piquet, et en finale, nous sommes arrivés là où je le voulais.
J'avais, avant de partir, contacté la firme qui publie les cartes FERDAKORT qui publie des cartes au 1:50 000. Mais la tarte paresseuse à qui j'ai eu affaire, a traîné ma demande en longueur et ne m'a pas donné les infos précises que je demandais.
J'ai eu un semblant de réponse quand nous étions en Islande, alors que mon 1° mail (il y en a eu huit) avait été envoyé plus d'un mois avant notre départ.
Je n'ai donc pas d'infos précises concernant les cartes FERDAKORT au 1:50 000



P.S.:

En ce qui concerne les photos.
Je ne fais que de la diapositive (argentique!), qui donne un résultat largement supérieur à n'importe quel projecteur numérique, lorsqu'on projette sur un écran avec une base de 3,75 mètres de large.
Il faut 2 semaines pour le développement des films.

Pour mettre les photos sur le site, je devrai scanner ces dias. Cela prend beaucoup de temps, mais c'est faisable et je le fais.

Des photos devraient être ajoutées au texte, par la suite.

Tout cela ne serait rien si la manière d'ajouter des photos sur le site était facile. Ce qui est loin d'être le cas en tout cas pour moi.
En rapport avec le dernier point, il y a de forte chance que mon poste reste orphelin de photos.

De plus, je me suis rendu compte que les détenteurs de site sont toujours contents de voir des postes s'y ajouter. Cela flatte leur ego.
Mais jusqu'ici, je n'en ai jamais vu un qui a agi pour régler les problèmes liés à ces ajouts que ce soit pour les photos ou pour le reste.
C'est peut-être lié au fait - bien légitime - qu'ils ne sont pas à même de pouvoir faire des modifications sur leur site.
Les photos, il y a des très fortes chances qu'elles ne soient jamais intégrées à ce poste.


Alain

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