Nourriture
2x3900 gr, 2x7 jours (dépose à Nyidalur, mi-parcours). En gros 3000 Cal / jour à raison de 560 gr / jour.
Crème déjeuner (mélange farines pré-cuites, poudre d'amande, sucre), muesli, côte d'Or noir noisettes, crunch, galak aux spéculoos, cacahuètes, amandes fumées, noix de cajou, noisettes, saucisson, chorizo, chips, snickers, kitkat, balisto, kinder country, nouilles asiatiques, purée bolino, huile d'olive (2x250 ml).
Matériel
Comme point de départ je me suis fixé d'avoir avec moi un minimum de couche thermique synthétique ainsi qu'un sursac imper-respi, n'ayant pas eu l'occasion de tester mon abri Chrysalide en conditions dégradées.
Voici à peu de chose près le matériel emporté (manque bonnet polaire 16gr, visière remplacée par casquette).
First skin.
Protection pluie (qui ne me quittera quasiment pas, je ne marcherai qu'en short uniquement quelques heures J2).
Protection thermique synthétique (manque gants polaires, buff et bonnet polaire)
Protection thermique duvet (costume de pingouin).
Donc 3700 gr de matos + 3900 gr de nourriture + 2 litres d'eau + alcool, je ne dépasserai jamais les 10 kilos.
Préparation
La décision de partir en Islande a été prise à peine 2 mois avant le départ, dans l'avion du retour de Corse. 2 mois, c'est peu.
J'ai commencé par lire tout ce qui était disponible, à savoir sur RL les récits d'Olivier, de Jerooome, de Simon, de Leyhi, et encore quelques autres.
Puis d'autres traversées Nord/Sud sur la toile (certaines partant de Myvatn, d'autres plus haut d'Asbyrgi, une autre du point le plus au nord de l'île), l'intégralité du blog de Bigfoot, la traversée de Skurka.
J'ai lu tous ces récits avec en parallèle la cartographie disponible ainsi que le fichier mapsource afin de m'imprégner et de comprendre l'Islande.
J'ai également entré dans mon fichier gps l'intégralité des refuges islandais puis les traces d'Olivier, Simon, Jérooome et Yohann.
J'ai aussi abondamment lu le forum France/Islande où on retrouve de super discussions entre Bigfoot et des membres qui voyagent en 4x4 et qui l'ont aidé à définir ces itinéraires.
Et puis après tout ça, j'ai commencé à définir ce que je voulais vraiment faire. Me balader, seul, ne pas marcher sur les glaciers et éviter les traversées de gué hasardeuses. 14 jours de marche maximum.
Ce qui collait le mieux était tout simplement de suivre "la classique Nord/Sud", à savoir Asbyrgi/Skogar. Sauf tout le passage intérieur le long de la F26 où les paysages ne varient guère, la piste est très empruntée (voir goudronnée sur certaines sections), centrales hydro-électriques etc. Il suffisait peut-être de faire comme Jerooome, longer au plus près l?ouest du Vatnajokull (Koldukvislarjokull et Tungnaarfjoll) J7 et j8.
Mais il a traversé des rivières bien larges : Kaldakvisl en amont du lac Hagongulon, puis la Svedgja, ensuite la Sylgja, et la Tungnaa (à la nage?).
J'ai pour ma part décidé de la jouer beaucoup plus soft : Dépose à Nyidalur, prendre plein sud quelques kilomètres après le refuge pour tomber sur le lac Hagongulon.
-Longer le lac par l'ouest, passer le barrage au Sud par-dessus la Kaldakvisl.
-Après le barrage, plein sud à travers l'hagonguhraun, faille d?heljargja (sud/ouest), Hraunvotn/Veidivotn, pont au sud du lac Thorisvatn, puis filer vers Landmannalaugar.
Puis j'ai ensuite hésité, et finalement au lieu de partir d'Asbyrgi j'ai décidé de partir de Myvatn et de prendre le temps d'aller voir la montagne bleue située dans la vallée de Sveinsgil, non loin du Landmannalaugar Camp.
Bref entre la carto et le matos à prévoir (fabrication d'un abri suffisamment sérieux entre autre) ces 2 mois ont passé à vitesse grand V : je me réveillais Islande, je mangeais Islande, je pissais Islande, je me couchais Islande!
Mais comme vous allez maintenant le voir, ça ne s'est pas du tout passé comme prévu.
Avant d'attaquer, je dois dire que je suis très déçu par l'ensemble de mes photos. Les couleurs sont ternes, les reliefs écrasés. En vrai, c'était absolument démentiel.
Récit
Jour 1 : Myvatn - Botni
Bivouac au sud du lac Myvatn, j'attaque enfin ma balade.
Après avoir traversé la vallée de Sellond, longé le Sellandafjall, le paysage se durcit, s'assombrit, pour laisser place à un magnifique champs de lave. La piste tourniquote sans arrêt, il est bien plus drôle de crapahuter en ligne droite. Voilà, j'y suis enfin.
Seul au monde, le décor est planté et grandiose.
Puis j'arrive au refuge de Botni, top confort.
Jour 2 : Botni - Dreki
Je quitte assez rapidement le champs de lave pour progresser à travers un désert de sables noirs, tout en nuance.
Les caldeiras de l'Askja se dévoilent à l'horizon.
Plus je monte vers le cratère, plus la pluie se transforme en neige et le vent se lève sérieusement.
Difficile de prendre une photo depuis la descente dans le cratère, mais la vue est à couper le souffle. C'est énorme! Une fois dans la "casserole" le vent se calme. Plutôt que de le traverser en ligne droite (la roche est extrêmement abrasive et relativement légère ce qui rend les pierriers instables) je choisis de longer le périmètre enneigé.
Pas de lac Viti pour moi, je trace direct vers Dreki. Là je discute avec 3 polonais super sympas qui voyagent à moto (comme des barbares gaz ouvert en grand, je les ai vu passer le lendemain) et la gardienne du refuge m'offre une bière.
Jour 3 : Dreki - Kistufell
Magnifique journée (pas la météo hein
), je vais enfin me rapprocher du Vatnajokull. Avant, il y a du désert à traverser. Incroyable.
Parfois, sans prévenir, le sol se dérobe sous mes pas.
C'est aussi mon premier contact avec les rivières glacières. C'est ici qu'Olivier a utilisé ses lunettes de natation.
Le front du glacier est hyper impressionnant!
Soirée au refuge Kistufell à bouquiner le livre d'or.
Jour 4 : Kistufell - Gaesavotn
Très belle surprise au réveil, tout est blanc.
Aujourd'hui j'ai tout mon temps, je compte stopper avant la traversée des rivières glacières entre Gaesavotn et le Vonasgard.
Je monte au sommet au-dessus du refuge prendre quelques photos, je redescends boire un thé chaud avant de prendre la route.
Sur la route je quitte l'itinéraire pour me rapprocher du glacier, aller voir de plus près une colline de roche rouge, remonter jusqu'à la source d'un ruisseau...
Vous allez assister à la naissance d'un gué. Je le vois couler au loin, sprinte et le passe tout juste.
Le temps de me retourner...
Jour 5 : Gaesavotn - Nyidalur
Ça a soufflé fort toute la nuit, ma toile a fait un boucan d'enfer.
Devant moi, une mer de cailloux.
J'attaque la traversée tôt le matin, et tout se déroule très bien.
J'arrive devant une zone de sables mouvants, comme un idiot je n'ai pas suivi le conseil d'Olivier :
[quote=Oli_v_ier]Gaesavotn-Vonasgard: (jour 9) passer plus au sud pour éviter les sables mouvants[/quote]
A voir cette vidéo, on a dû passer à quelques dizaines de mètres près au même endroit. Mais franchement ça le fait très bien, au fur et à mesure qu'on avance on voit bien la texture du sol qui se transforme et on repère les zones par où passer (le tout est de ne pas traîner), ça fait 200 mètres de large à tout casser, je suis passé très serein.
Un gué large mais très facile car peu de courant.
Obligé de placer une bouteille sous ma veste car le goulot gèle avec le froid.
Et puis voilà la porte d'entrée du Vonasgard, quel accueil chaleureux!
Mais détrompez-vous, arrivé au col (photo de la page d'accueil de RL) une belle surprise m'attend : Gros ciel bleu, la vue sur le Vonasgard et le glacier est grandiose...
Vraiment en photo ça ne rend rien du tout par rapport à la réalité.
Mon sur-pantalon se déchire net, et l'autre jambe n'en est pas loin. Je renforcerai au ductape.
Ça fume, de l'eau très chaude!
Au-dessus du ruisseau on trouve une magnifique zone géothermique.
Puis en reprenant la route vers Nyidalur, soudain je sens mon genou gauche craquer. Je vais péniblement me traîner jusqu'au refuge.
Jour 6 : Nyidalur - Landmannalaugar (en bus)
Réveil, mon genou est complètement bloqué.
J'ai cumulé plusieurs erreurs : Bu très peu, marché comme un bourrin alors qu'il faut y aller mollo les premiers jours (tellement absorbé par la beauté des paysages!), presque aucune pause les journées.
La douleur me fait vite comprendre que cette traversée tombe à l'eau. Quoi faire?
Après avoir récupéré ma dépose, je m'étale sur les matelas et dois prendre une décision. Je décide de squizzer le désert intérieur et de prendre direct un bus pour le Landmannalaugar où j'arrive dans la soirée, ici je vais pouvoir me baigner dans une eau bien chaude et me reposer un peu.
Je rencontre 2 randonneuses, une allemande avec un sac HyperliteMountainGear et un abri Light Heart, et une américaine avec un sac Ula et un abri d'Henry Shire.
Jour 7 : Landmannalaugar - Alftavatn
Ça a encore soufflé cette nuit, et mes 2 voisines n'ont pas passé une très bonne nuit. De mon côté j'ai bien dormi, mais mon genou ne va pas mieux.
La journée commence par un lever de soleil dans les bains chauds, je suis seul pendant + d'1 heure.
Décollage vers 11h00, en marche arrière à 50%.
Jour 8 : Alftavatn - Thórsmörk
Je vais passer cette dernière journée de marche en compagnie d'un autre français bien sympa. Lui avec un sac de 20 kilos, moi en marche arrière, nous avançons au même rythme.
Humidité dans le neoair, pas ressenti de différence.
Nepthys et sa copine sous une shangri-la 3!
14h00, quand je vous dis qu'il fait froid (il s'agit d'huile d'olive).
Jour 9 : Thórsmörk - Keflavik Airport
Au lever de soleil un cheval vient chercher des caresses.
Le bus 4x4 décolle à 8h00, je vais passer l'après-midi sur la côte avant de couper droit vers l'aéroport... Au milieu de nul part, une dernière fois.
Et pour finir, un petit film.
