Nous nous dirigeons toujours vers Hvangill?
Le coin me rappelle parfois Thorsmörk. Y?a un petit côté « vallée à dinosaures ».
Un Tricératops ne déparerait pas l?ensemble, limite.
Enfin, ça manque un peu d?arbres pour ça sans doute, mais rajoutez des arbres et hop, on peut tourner Jurassic Park 4.
Enfin nous arrivons à Hvangill, au refuge.
Le point de vue est comment dire?.
Sympa ?
On est en fin de journée, on aura donc droit au soleil couchant?
Les tentes ont droit à se mettre à des endroits bien plus sympas que les voitures.
D?ailleurs y?en a un qui a bien trouvé son coin !
On dirait une pub pour un vendeur de tentes
Les autres se sont mis plus prêt du refuge? et des kots à toilettes et douches.
Je paierai le camping? par Mastercard !
Bien sûr avec la version « gros machin en plastique qui fait aller-retour pour prendre l?empreinte de la carte. » Quand même. Mais c?est quand même fou de se dire qu?on est ici, en plein milieu de nulle part et qu?on peut payer par carte. Alors oui, le coin est fréquenté, c?est sûr. Mais bon, moi ça m?épate toujours
(ouf, pas complètement irrécupérablement blasé, donc
)
Les gardes du refuge sont très sympas.
Un des deux me dira « joli pull ! ». Forcément, ils ont les mêmes
(mais vraiment les mêmes, capuche comprise).
Sur les feuilles de présence on verra que nous sommes 3 Belges ici ce soir (nous compris).
Les plus nombreux sont? les Français.
En tout cas ce soir, car à d?autres moments, c?était les Allemands. Ils ont même dû écrire dans la marge un jour tellement les Allemands étaient nombreux?
(ah crotte, j?ai de nouveau oublié mon Brennivin dans le congélo?)
(tcheu, -19,6 °C et toujours parfaitement liquide, c?est de l?antigel ce truc !)
Finalement on n?aura fait « que » 113 km, en 3h depuis Selfoss.
J?ai acheté en route un peu de liquide de refroidissement car il me semble que le niveau diminue? (NDLR : pas utilisé finalement
).
Pas facile d?acheter du liquide de refroidissement en anglais, face à une jeune fille qui tient la caisse et qui doit s?intéresser autant à la technique que Yul Brunner au nouveaux shampooing de chez l?Oréal (je devrais pas parler de Yul Brunner, ça trahit mon âge
).
Allez, c?est pas tout ça mais il est temps d?aller se doucher. C?est qu?ici il y a des douches et qu?on ne sait pas trop ce qu?on pourra ou pas faire dans les jours à venir dans ce domaine (ou l?amour sera roi ? C?est ma soirée Brel).
Bon, y?a pas des tonnes de douches ici, donc c?est un peu la foule.
Je reviendrai un peu plus tard et taillerai le bout de gras avec un Suisse qui est ici à pieds et en bus, leur 4x4 étant garé ailleurs.
On cause Islande, Norvège?
Il me préviendra que la température de l?eau est difficile à régler dans la douche. Et sa copine, en sortant de ladite douche, me dira que c?est un peu « dég » au début de la douche, car trempé.
Heureusement elle a raclé le sol, je me dis donc que ça devrait aller.
Alors?
Si toi aussi tu passes à Hvangill et qu?il te prend la - curieuse - envie d?aller te laver, voici un petit mode d?emploi.
La douche se compose (ou se décompose devrais-je plutôt dire?) de deux parties. Une sèche, enfin, une censée l?être, avec banquette pour s?asseoir et te désaper, et une mouillée, où se trouve le pommeau de douche.
Normal quoi.
Bon, évidemment tout est mouillé partout. Le camping est bourré massacre et donc ça ne doit pas désemplir de la journée.
Etape1 : fermer la porte.
Oui je sais, je suis une chochotte, mais que voulez-vous, quand je me douche, j?aime encore bien que ça se passe dans une certaine intimité voire, et c?est particulièrement important ici, en évitant peut-être de faire rentrer trop d?air froid. Je veux dire, il fait froid, de toutes façons. C?est un baraquement en bois dont l?isolation est nulle et pour rappel, le jour se couche et on est dans l?intérieur, donc glagla. Mais quand même.
Fermer la porte, donc.
Facile me direz-vous ! C?est quand même pas bien compliqué de tirer un loquet ou tourner une clé. C?est à la portée du premier Belge venu.
Sauf que la porte ne ferme pas.
Bon.
Et ma sérénité alors ?
M?assoirais-je sur cette sérénité hygiénique à laquelle je semble pourtant tant tenir ? Attendez, c?est une douche personnelle, non publique, je vais pas laisser la porte ouverte pour montrer ma bistouquette à tous les passants quand même.
(tiens, Word connaît « bistouquette », intéressant ça
)
(« Bill Gates » aussi, remarquez?)
(bref).
Heureusement il y a, non pas Findus, on est trop loin des côtes, mais bien une raclette (pas celle au fromage mais c?est tant mieux, ici).
Ayant l?intégrale de James Bond et de Mac Gyver à la maison, je ne fais ni une ni deux et je bloque la porte au moyen de la raclette coincée entre la
clenche (prononcez clinche) et la banquette.
Ouf, me voilà à l?abri. Enfin, sauf si Jack Bauer passe par là mais bon, je n?ai a priori pas de raison d?être la cible de son courroux (coucou comme disait l?autre).
Etape 2 : mettre des pièces dans la machine
Ah ben oui, c?est une douche payante avec machin à sous intégré. Le truc que tu surveilles toujours un peu d?un ?il pour éviter de devoir te rincer à l?eau froide. Ou comment être stressé sous la douche, un comble
Vous pensez peut-être : « ahah, il est tout nu, il se gèle la, euh, les, enfin, il a froid ET IL A OUBLIE SES PIECES !
». Et bien pas du tout. Car le Bifidusse est prudent et prévoyant.
D?abord.
Oui mais.
Comment je fais pour mettre des pièces quand l?appareil est plein, mmhhh ? (et tu rêves que je vais me rhabiller pour aller demander qu?on vienne le vider?).
Tu repenses à Mac Gyver (encore lui !).
Et tu sors ton canif - oui, je vais aux douches avec mon canif, on sait jamais, une araignée transgénique, un serpent , un mouton sous acide, je sais pas moi - pour aller chipoter dans le bouzin pour pousser d?une fine lame les pièces qui bloquent les tiennes.
Et tu pousses aussi les tiennes au passage, parce qu?évidemment, elles rentrent mais pas assez que pour enclencher l?appareil !
grmbrl.
M?en fous, j?essaie quand même.
Etape 3 : se laver
Ça normalement je sais faire. Ma maman elle m?a appris (hein qu?elle est bien ma maman ? Et quand elle fait à manger, je vous dis pas).
J?ouvre le robinet. L?eau coule !
Ouuuuuuuuuaaaaaaaaaaaaiiiiis ! Victoire !
Oui mais c?est froid.
Tant pis, me lave quand même. On s?habitue à tout de toutes façons. Bon, je me dépêche, certes, mais je me lave quand même
C?est à peu près à la mi-douche que je me rends compte que l?appareil décompte le temps qui passe : c?est donc que ça marche ! L?eau étant toujours glaciale, je finis par couper complètement l?eau froide? pour me retrouver dans la posture du homard que le cuisinier en chef vient de choisir pour le faire à l?Armoricaine.
Du coup je remets derechef l?eau froide... mais ça ne change rien. Pourtant, seule, l?eau froide coule?
Un poème, que cette douche.
Je raconterai mes déboires à la personne qui me suit.
Qui me dira que c?est pour expier mes péchés
Il rentre.
Essaie de fermer.
Et se rend compte que ça ne marche pas.
Et moi de lui dire : « ah oui ! Juste, j?ai oublié de vous dire ça, ça ne ferme pas ! ».
Bon allez, sur ce, soleil couchant.
Et dodo??