Jour 14 Vendredi 19 Juillet 2013
Le jour où on a aperçu le bleu du ciel.
Pour changer, ce matin est morose. La tente et le sol sont trempés... Les arbres ruissellent. Il a dû pleuvoir une partie de la nuit.
Quant au monstre du Lagarfljót, on ne l?a ni vu, ni entendu.
Traditionnelle petite carte :
On déjeune rapidement avant de traverser le lac, arrêt au départ de la randonnée qui mène à
Hengifoss.
Tiens ? Le ciel semble se dégager un peu ?!
La marche commence par ces quelques volées d?escalier qui ont à elles seules le mérite de casser le moral et les jambes des (peu) sportifs que nous sommes.
Et je (re)découvre un des avantages de la photo : toujours une bonne excuse pour s?arrêter !
Le chemin grimpe gentiment dans l?herbe. C?est simple : on se croirait presque dans nos montagnes, Alpes ou Pyrénées (tant pis pour les Belges !).
La rivière, elle, a creusé son chemin dans le basalte, nous offrant déjà des cascatelles.
Mais nous sommes déjà face à
Litlanesfoss. Petit coup de c?ur pour cette chute surgissant d?une véritable explosion d?orgues basaltiques : il y en a dans tous les sens ! La Nature s'est éclatée.
En plus, cadeau gratuit, la lumière commence à revenir !
Au dessus de la chute, je m?écarte du chemin pour me rapprocher de la rive. C?est un peu scabreux, mais la vue sur le bassin qui surplombe la chute est un « must to see » :
On peut également, depuis en bas, rejoindre le pied de la chute, ce qui doit offrir pour les photographes, un point de vue totalement différent.
Bon, je n?ai pas eu le courage.
On reprend le chemin ?
On est maintenant dans une large vallée fermée par un cirque rocheux, qu?on ne fait que deviner depuis le point de départ, mais qui prend ici toute sa dimension, majestueuse ; essayez de repérer le randonneur à gauche, pour avoir une idée de l'échelle.
Quant aux multiples ruisselets qui serpentent dans l?herbe grasse, ils donnent à celle-ci des couleurs venues d?ailleurs.
Hengifoss se défend des visiteurs, les tenant à distance respectueuse (et respectée) par les flots impétueux de son débit.
Nous n?irons donc pas plus loin :
Il y a peu de monde, je peux donc prendre mon temps. C?est curieux : le vacarme de la rivière est tel qu?il couvre celui de la chute qu?on ne « réentend » qu?en s?éloignant !
Et magie de l?instant, quelques pans de ciel bleu apparaissent. Je « chausse » le zoom pour shooter les fameuses couches qui font en partie la célébrité d?Hengifoss, ces strates d?argile rouge emprisonnées.
En redescendant, on passe au pied de petites chutes avec en fond
DU CIEL BLEU ! C?est tellement inhabituel que je ne sais pas si c?est l?appareil où mes réglages (!) qui ont donné ces tonalités foncées !
La vue sur le Lagarfljót est complètement dégagée. Ça fait un bien fou de ne pas avoir que du gris au dessus de la tête.
C?est donc possible ? Toutes les images d?Islande ne sont pas photoshopées, alors ?!
D?accord, ce n?est pas le grand beau d?un été en bord de mer.
Mais il ne pleut pas, il fait bon (au moins 15° ou 16°), et on voit le ciel ! Avec le recul, je me rends compte que ça devait commencer à faire long !
Bref, c?est bon.
Tellement bon que je refais un stop devant Litlanesfoss qui, n?en déplaise à certains, m?a plus plu qu?Hengifoss.
Surtout avec ce rayon de soleil, faisant éclater les couleurs autour du voile d?eau.
Au lieu de partir directement vers le nord, on a envie de traîner encore un peu ici. On doit être sous un charme elfique.
Ah ! L?Islande...
On prend donc la 933 vers Skriduklaustur, où on s?arrête au Visitor Center de Snaefellsstofa (National Park du Vantajökull). Joli bâtiment de bois et de verre. Mais pas de resto (ça creuse, la marche).
On en profite pour se renseigner sur la météo des jours à venir. Carte habituelle. Les nuages recouvrent, là haut, au fond de la vallée, la montagne du Snaefell.
On pousse jusqu?à la maison de l?écrivain Gunnar Gunnarrsson (je crois que j?ai assez doublé les lettres ! Quand je pense qu?on dit que le français est une langue compliquée). Réputée photogénique par le guide Michelin.
C?est sympa, il y a un jardinier qui tond le toit !
En bas, il y a un restaurant (youpi !) mais les prix sont prohibitifs pour 4, et l?accueil glacial (rhooooooo).
En plus, on se perd (bravo !) en sortant, et du coup on se retrouve dans la maison (qui se visite) et on sortira penauds par l?entrée, devant la guichetière...
On va donc essayer de rejoindre Egilsstaðir, en longeant le lac.
Franchement, on pourrait se croire en Suisse à la fin du Printemps.
Non, c'est l'Islande en plein été.
Et puis surtout.... il y a des pans entiers de ciel bleu !
Alleluia !
On demande à nos ados de chercher un point de chute pour déjeuner dans les guides (Lonely et Michelin). Une adresse retient notre attention : le Café Valný.
Sur une petite placette, à demi caché.
Magique.
(j?utilise beaucoup cet adjectif, non ?
Peut être un effet de l?atmosphère si particulière qui règne ici.
Mais qu?est ce que j?ai mis dans mon café ?
Faut que j?arrête, on dirait du (mauvais) Bifidusse).
La jeune fille de la maison, comme on dit dans la bonne société, 15, 16 ans ?, fait le service. Pour la première fois depuis le début du séjour, on mange... en terrasse !
Et ... je n?ai même pas pris de photo ! Pourtant les plats sont sympas, bien présentés, à un tarif raisonnable et le service rapide.
En plus, on peut profiter du WiFi. Fille Aînée attrape le PC, on fait une petite mise à jour du blog, check de mails.
Tout ça vautrés dans des canapés en velours, surannés, et le café est ! La déco est kitchissime.
Mais j?adore ! On y passerait volontiers plus de temps.
Mine de rien, l?après midi est déjà bien entamée.
On fait le plein (toujours autant de peine à comprendre leur système), et on rate la bifurcation.
On retrouve enfin la 92, qui va nous mener vers les fjords de l?est.
Et avant même la mer, on prend quelques claques visuelles ; comme celle-ci :
De la vraie bonne émotion.
On croise aussi enfin quelques belles brunes :
Ensuite ?
C?est la longue route, qui hésite entre gravier et goudron, mais qui jamais ne s?éloigne de la mer.
La lumière si particulière confère aux lieux une atmosphère unique.
Quasi mystique.
On marque un arrêt respectueux et nimbé d?émotion au cimetière des marins français de Fáskrúðsfjörður.
Apparemment, essentiellement des bretons. Les Basques aussi ont dû venir pêcher dans ces contrées ?
Surprenant de voir flotter notre drapeau sur cette terre.
Et touchant de voir les noms de rue dans nos deux langues :
Adieu, Babel !
La route continue à serpenter, entre mer et montagne.
Parfois le paysage nous rapproche de l?univers de Tolkien :
Surtout quand la brume redescend, envahissant les vallées, dissimulant les sommets.
On va traverser Djupivogur sans prendre le temps...
Toujours plus au sud, toujours plus avant.
Et puis là....
Alors que le soir commence à s?étendre....
Comme un cadeau....
La photo n?est pas très belle en soi, mais j?aime beaucoup ce qu?elle représente : le road trip. Cette route qui semble filer vers le trident, ou se perdre dans les méandres du paysage.
Il faut encore traverser un tunnel, ça fait une sacrée route depuis Egilsstaðir. On n?arrivera à Höfn que vers 20h.
Avantage de l?Islande : il fait encore grand jour. Motivés pour louer un bungalow, mais il n?y en a plus.
Tant pis, régime tente, alors.
Pendant que je la monte avec Fille Aînée, Madame et Cadette vont réserver une table au restaurant.
On a jeté notre dévolu sur le
Kaffi Hornið, qui est juste à côté. Forcément, on va prendre de la langoustine. En soupe, à la crème ou en pizza.
Service assez long, mais c?est délicieux. Salle lambrissée. Dépaysant. Reposant.
WiFi payant, ados agacées.
Il est un peu tard quand on rentre se coucher.
Mais....
Le ciel flamboie ; c?est fabuleux.
Féerique.
Elfes et trolls sont de sortie et dansent dans le vent, nous berçant avec cette ritournelle : « et si demain il faisait beau » !
