J?ai cru ne jamais finir le compte-rendu de ce jour 21 ! La journée était longue et presque exclusivement pédestre. Et il a fait un temps insolemment beau. Faites mariner deux photographes en herbe là-dedans et dans la forêt de Thor et zou, ça en fait des images. Et si en plus on me laisse jouer avec Photoshop, c?est foutu.
Sinon vous allez bien vous ? J?ai longtemps hésité à intituler cette partie « L?air de rien j?ai plus été au Burger King depuis 6 mois moi ! »

Ce qui est vrai cela dit, sans vouloir insister sur la détresse whopperienne dans laquelle je me trouve. Tiens, je devais même aller en train en Allemagne l?autre jour et paf, grève des trains. Je suis sûr que l?Univers savait qu?il y a des Burger King en Allemagne (et des Berliners, quel pays, mais quel pays).
Avez-vous seulement déjà dégusté le Whopper et ses deux steaks grillés ? Je connais des végétariens qui ont goûté. C?est dire ! (j?ai pas dit qu?ils avaient aimé non plus).
Le rapport avec Thorsmörk ?
Aucun.
Là, je m?échauffe.
Prêts ? Jour 21, aka jour 18 en Terre islandaise !
Nous avions donc, hier, réservé deux places pour la rando du lendemain. C?est-à-dire aujourd?hui, puisque le lendemain d?hier, c?est aujourd?hui. Enfin, pas aujourd?hui -aujourd?hui, le aujourd?hui d?il y a 6 mois, le lendemain d?hier, donc.
Vous suivez ?

Pour rappel, un des gardes du camping nous avait dit, après un examen approfondi de nos capacités physiques (« You have good shoes » nous avait-il dit), que cette balade, c?était de la piece of cake, de la roupie de sansonnet, une balade de santé pour charançon cacochyme, bref, un truc que même des sédentaires nourris de séries télé et de chips sont capables de faire (binôme va m?en vouloir, j?exagère un poil, surtout pour les chips).
NEVER TRUST AN ICELANDIC, comme disait Kim Wilde (ou qqch comme ça)
http://www.youtube.com/watch?v=IwQKdqiz4Ys
(Si tu es une femme et que tu es née après 1984, tu ne peux pas comprendre à quel point ce clip est fantastique.)
(Oui, j?ai des 45t de Kim Wilde et je vous dit zut.)
(Les années 80 ont tout donné à la musique, regardez, Indochine, Début de Soirée, Partenaire Particulier, les bases, quoi.)
Donc, aujourd?hui, balade.

Le rendez-vous est donné au camp de base à 9:00.
On se dépêche un peu, on est un peu à la bourre, c?est que ce lever avant 9h est toujours aussi difficile.
Je me serais encore une fois stressé pour rien, on ne partira que 24? plus tard (c?est un mythe ce truc des Nordiques qui sont toujours à l?heure, sisi, un mythe

Au menu, euh, dans le groupe, un guide (islandais), quatre Islandais (dont une qui travaille pour un machin européen et qui passe de temps en temps à Bruxelles et deux Belges. Vive l?anglais, quand même. On a beau trouver que manger du b?uf avec de la menthe est bizarre, l?anglais, c?est pratique.
La balade commence par repasser devant Titine (ça valait bien la peine de se lever si tôt, tiens) qui nous regarde avec un petit sourire en coin, de voiture sournoise qui se terre - ano - à l?ombre d?un couscoussier en fleurs (ou un truc qui ressemble à ça).
Le début de la balade est didactique. Avant tout effort, le guide s?arrête devant des toilettes (façon « c?est le moment ou jamais ») ainsi que devant un panneau indiquant ce qu?il fallait faire en cas d?éruption.

Il se veut cependant rassurant : « Le volcan ne s?est pas réveillé hier, il ne se réveillera pas aujourd?hui non plus. » Les Islandais c?est un peu les Anglais du Grand Nord pour l?humour.
C?était le dernier moment non fatigant de la journée. S?ensuit une montée d?escaliers digne de la descente aux enfers (mais dans l?autre sens, encore que, tout en haut c?est censé être sacrément chaud aussi).
Montée d?escaliers à travers la verdure. L?idée de la balade étant d?aller entre l?Eyjafjallajökull que tous les 747 de la planète redoutent (même les écologistes les moins censés n?auraient jamais rêvé pareil calme dans le ciel européen) et le Myrdalsjökull que, euh, le Myrdalsjökull.
Je dois bien avouer que cette petite mise en jambes m?inquiète un peu : je suis à peine à la moitié des marches que j?ai déjà envie d?enlever tous mes vêtements, non pas dans un élan de conversion tardive en chippendale, mais bien à cause d?un effort physique intense (oui je sais, c?est dommage).
Joie sublime : la plus jeune du groupe et le guide ont au moins aussi chaud que moi. Ouf, l?honneur est sauf et on ne me perdra pas volontairement en pleine montagne après m?avoir attribué le titre de boulet collant au bitume. La vie est faite de petits riens qui font plaisir.
FAIS PETER LES PHOTOS VERDOME !
(au lieu de délirer)
Vous avez raison. Parce que là-haut, c?est sacrément beau.

Surtout quand quelques nuages traînent paresseusement en léchant les hauteurs?

Tiens, pour vous prouver que c?est quand même grimpouillant tout ça :

Un trou, perdu :


Les plus photogéniques lors de cette balade seront assurément les riantes « gorges » découpées, particulièrement nombreuses (ben quoi, on ne dit pas « rire à gorge découpée ? » Nan ? Si, les psychopathes doivent sûrement dire ça. Non je ne connais pas de psychopathe, me regardez pas comme ça


Ah, et quand je vous disais que je risquais d?être abandonné sur place, regardez quelle distance les Islandais ont mis entre eux et moi, le temps que je fasse une photo ! (bon d?accord, pas qu?une seule?)

C?est normal, eux ils sautent de pierre en pierre tels des cabris indomptables, nonobstant (j?ai toujours rêvé de le placer celui-là) la crise et les ravins prêts à mutiler nos pauvres corps perdus, l?âme en détresse et les fractures ouvertes. Intrépides, va. Moi je m?assure de la bonne tenue de chaque gravier avant de poser le pied dessus. Pas fou le Bifidusse (qui s?est massacré un coude et un genou dans une allée de garage en Belgique, et rien ou presque en Islande, mais bon, il faisait noir et j?étais entouré de lutins maléfiques alors hein).
De là-haut on voit déjà le chemin parcouru.

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On aperçoit même le tracteur bleu du refuge que l?on a vu au-delà de la Krossa hier (ici).

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L?air de rien, on a déjà bien avancé. De l?autre côté, ça donne ça :

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(j?ai laissé la madame sur la photo, non pas pour l?élégance de la posture mais pour donner une idée de la taille de l?ensemble - du paysage évidemment).
Autres vues :

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(la tache blanche en plein milieu de la Krossa c?est le bus qui traverse)

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On aperçoit déjà un glacier !

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Heureusement, de temps en temps on fait une pause. Elles ne sont pas fréquentes, mais bienvenues. Le temps est au grand beau et c?est bien simple, en t-shirt, j?ai trop chaud. On est quand même en Islande, c?est-à-dire que si tu te reposes à l?ombre et qu?il y a un peu de vent, tu remets bien vite ton polar. On discutera un peu avec les cabris indomptables suscités (sussecités), du moins quand on avait assez de souffle que pour le faire, c?est-à-dire pas quand ça grimpait. Discussions autour de l?Europe, notamment, et d?un tic de langage qui les pousse à dire « yaya » tout le temps pour un peu tout et n?importe quoi (genre : « allons-y », « ah ben oui ma bonne dame », « c?est sûr », « oooooooooh » etc.).
Et sûrement plein d?autres choses que j?ai oubliées parce que bon, il est Thorsmörk +6 mois là (ou Islande 2 - 6 mois, au choix). La prochaine fois je me prends un machin qui restranscrit la voix (enfin un bon prétexte pour acheter un Iphone !


(PB)
On progresse? le paysage ne varie pas très vite, vu son immensité et la vitesse piétonne à laquelle nous évoluons.



C?est même parfois très plat. L?Islande est compatissante.