Comme ce texte était écrit et que les posts de ce forum nous avait bien servi et motivés pendant toute la préparation du voyage (un grand MERCI d'ailleurs !), j'ai décidé de venir le poster. Je me suis dit qu'ici, il y aurait sûrement des gens que ça intéresse !

Ce texte regroupe essentiellement les notes écrites pendant notre voyage en Islande, entre fin aout et milieu septembre. Il est un peu littéraire et tortueux, parce que j'écrivais mes pensées de façon spontanée, je cherchais à rendre mes sentiments, sans me soucier de simplifier. J'y ai ajouté des images, pour illustrer le texte comme pour raconter ce que je n'ai pas écrit.
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Quelquefois, des fumerolles s'élèvent, ou bien la vapeur s'écarte et l'on surprend une avancée de glaces éternelles, au-delà des montagnes. Ce sont les contrées floues : tout peut y être contemplé sans que rien ne semble changer. On voit les mêmes âmes d'un endroit à l'autre ? ça ne peut pas être les mêmes personnes, mais ce sont les mêmes faces, sourires et esquives : car on ne fait que les croiser.


N'oublions pas que la plupart des habitants ont d'ores et déjà délaissé les collines et rivages, préférant se masser dans les rares villes, comme si la terre des ancêtres les avait soudain déglutis. Il n'est plus question de cohabitation, seulement de voisinage : on reste proche de la nature, mais au sec derrière une vitre.


Les vents s'engouffrent dans les vallées profondes, entre les failles volcanique, où foisonnent des plantes rases que cambrent le souffle marin. Sur les plateaux, les rafales augmentent, et des éclats de roches tournoient sous les nuages. La voix n'y a aucune portée, le son y est déchiqueté. Les gouttes de pluie se muent en épines et criblent nos visages. Trouvons une faille par laquelle descendre : nous voici à l'abri, au calme presque.

Plus loin, plus profond dans la cave de lave, c'est le silence et le noir absolu - ni lueur ni écho, pas même d'odeur. Ici rien ne change, car rien ne s'y agite, pas même l'air frais. Nous sommes les seuls à nous y rendre, car seuls de pieux voyageurs viennent contempler ce que renferme ce caveau, dissimulé en plein chaos élémentaire.


Certaines pierres sont graduées en couches aux couleurs variées : et alors ? Mais c'est bien simple : nous n'avons jamais rien vu de tel ! Nous nous tenons là, presque sans perceptions ? ne soyons pas comme les trois singes, et ouvrons les yeux ! Nous pourrons dire comme la nature est sublime (mais il est illusoire d'avoir besoin d'une telle merveille pour s'en persuader, n'est-ce pas?)

Descendons, plus profond dans la grotte. Là se trouve le dernier élément de ce monument de la nature à l'homme : une gerbe de stalagmite de glace qui, depuis toujours, fond puis se reforme à l'identique, année après année. Étincelante, vibrante ; on nous souffle son nom : la cité des Elfes.

Les Islandais sont des occidentaux. Loin d'avoir échappé à l'urbanisation, ils se sont concentrés près de la capitale.


Les arcs-en-ciel prospéreront, et la rumeur du peuple caché trouve toujours écho.


"J'avais vu le lieu de l'enfer, le lieu où la terre est aussi inhospitalière que la vie, qu'elle abrite d'ailleurs peu." Pascal Quignard


Voilà ce que je sais de l'Islande. J'ai pu entrevoir le pays : son climat, sa topographie, sa faune et sa flore, et ses quelques bâtiments épars. De sa population, je n'ai eu que de vagues rumeurs : elle existerait, quelque part, là où j'ai le moins été. Qui ça, les islandais ? Qui sont-ils, comment vivent-ils ? On raconte ? ou plutôt, ils racontent eux-mêmes ? qu'ils vivent comme un peuple peu nombreux sur des terres inhospitalières : en se regroupant, en se massant les uns près des autres. On a tendance à côtoyer les mêmes gens toute notre vie : si l'on est islandais, c'est en tout cas probable.


Pour les mêmes raisons, les Islandais voyagent. Abreuvés de pluie, inondés de rivières, encerclés par la mer, ils s'en vont dans des pays chauds, voir le soleil enfin ? un soleil brillant, brûlant, pas ce soleil fantomatique, livide et sans force, qui plane au-dessus d'eux aux heures froides d'été.

Les Islandais s'esquivent mais ne partent pas. Leur pays est beau, leur langue maternelle et certaines de leurs habitudes ne se trouvent qu'ici. Et puis, c'est un pays en bonne santé, plein de ressources, une capitale dynamique et pleine de joie (il paraît qu'il y a quelques fêtards
