Avez-vous déjà fait le plein d'essence de votre voiture avec une bouteille en plastique au fond coupé et un vieux cintre en bois ? Moi, oui !Juin 2005 : péninsule du Nord-Ouest, les Vestfirðir (fjords de l'Ouest), comme on dit ici. Ferme de Heydalur, perdue tout au fond du Mjóifjörður, un fjord long et étroit, affluent du grand Ísafjarðardjúp (on dit "le Djúp" !), cet immense fjord qui coupe presque en deux la région des Vestfirðir.
Ici, à la ferme, nous sommes chez Stella Guðmundsdóttir. Cette dame était directrice d'école dans la banlieue de Reykjavík (si on a bien compris). A présent à la retraite, elle reçoit les voyageurs dans sa ferme du Nord-Ouest.
Et elle les reçoit bien ! Nous en avons eu la preuve hier soir, quand elle nous a confié son "hot pot" historique, entouré de vielles pierres au fond du vallon en contrebas de la ferme. Et puis ce matin au petit déjeuner .. "Petit" ? ... enlevez le mot "petit" : c'est un repas avec vingt choses différentes sur la table qu'elle nous a offert !
Mais voici venu le moment de prendre congé. Comme elle nous demande où nous allons à présent, nous lui disons que nous voulons monter vers le Nord, vers le fjord de Kaldalón pour randonner jusqu'au glacier Drangajökull, mais comme nous n'avons pas assez d'essence pour faire l'aller et retour, nous allons d'abord devoir faire un crochet par le hameau de Reykjanes pour faire le plein. Reykjanes étant un cul de sac, c'est 50 km rien que pour avoir du carburant, mais on est bien obligés ...
Obligés ? Pas du tout ! Stella nous propose de faire le plein avec son essence ! La ferme étant très isolée, elle a en effet à côté de sa maison une cuve de 2000 litres de carburant que vient lui remplir de temps à autre un camion-citerne.
Nous voilà donc garés dans le pré, à côté de la citerne d'essence, pour le plein le plus floklorique de notre vie : Stella nous passe le bout du tuyau et une vieille bouteille en plastique dont le fond est coupé pour servir d'entonnoir. Mais l'entrée du réservoir de notre Suzuki Jimny est pourvu d'un clapet, et le goulot de la bouteille ne peut pas l'ouvrir ...
Qu'à cela ne tienne ! Stella exhibe fièrement un vieux cintre en bois qui était coincé derrière la cuve, et elle nous montre comment, en passant un bout du cintre à travers le goulot de la bouteille, celle-ci peut servir d'entonnoir tout en maintenant le clapet ouvert !!!
Dans le froid du matin, on se marre (et elle aussi !) de ce bricolage inattendu. Là dessus, Stella se met à actionner vigoureusement la pompe à bras pendant que nous maintenons en place le tuyau, la bouteille en plastique et le vieux cintre en bois ! Je vais prendre le relais de notre institutrice-fermière-pompiste et le plein est vite terminé ... à peine quelques gouttes dehors.
On demande à Stella combien on lui doit ... Elle regarde le petit compteur près du levier de la pompe et nous annonce un montant arrondi en nous disant que "ça correspond au prix au litre qu'elle paye quand on lui remplit la citerne" ... En fait, c'est le plein le moins cher que nous ayons fait en Islande : Stella Guðmundsdóttir a dû nous faire bénéficier du prix grossiste !
Chris.
