Nous arrivons au refuge Dreki, le but initial était d'aller au cratère d'Askja. Nous annulons la rando là haut il vente il neige c'est le blizzard et la visibilité est mauvaise, on se console comme pour l'Herðdubreið cette balade nous l'avions également faite quelques années auparavant..
La journée s'annonce mal, notre intention était, après la visite d'Askja, de passer la nuit au camping de Dreki et de repartir le lendemain pour une traversée de deux à trois jours en passant par la f910 puis d'emprunter la piste au pied du glacier, la Gæsavatnaleið, grimper le mont Kistufell et de repartir vers l'Ouest en traversant la région de Vonarskarð de s?arrêter pour une rando et ensuite rejoindre le lac Hágöngulon.
Nous sommes en début d'après-midi le vent se calme mais la météo reste maussade et le ciel nuageux, passer le temps à tourner autour du refuge ne nous emballant pas, nous décidons de poursuivre notre route en direction du lac Dyngjuvatn.
Au début de la piste un panneau invite les personnes désirant l'emprunter à se présenter au bureau des rangers, nous faisons demi-tour pour nous retrouver dans le local ou nous reçoit la gardienne.
Cette dernière se renseigne sur nos intentions, et c'est là que tout se complique, elle nous explique que nous ne pouvons pas rester plusieurs jours dans le parc national sans s'arrêter pour la nuit dans un refuge ou à son camping attenant, c'est à dire les deux refuges , celui de Dreki ou de Nýidalur, et ceci même si nous ne montons pas de tente car nous dormons dans nos véhicules.
Nous demandons à passer la nuit près du refuge de Kistufell, la réponse vient vite, c'est impossible.
Pour information le refuge de Kistufell est un refuge d'urgence et privé...c'est du moins ce que je pense.
La ranger nous demande de passer la nuit ici à Dreki et de rejoindre Nýidalur le lendemain, nous avons du mal à savoir si il s'agit d'un conseil appuyé ou d'une obligation.
L'itinéraire prévu devient alors impossible à réaliser dans la journée sans compter les balades à pied...La première fois que nous avons emprunté ce parcours il y a quelques années les rangers avaient déjà essayé de nous en dissuader, nous pensions à l'époque que ce coin était un ''sanctuaire'' oú les touristes n'étaient pas les bienvenus.
Soit, c'est un parc national et on ne peut que le traverser ceci limite considérablement le tourisme et je pense que c'est le but recherché.
Nous excluons de passer la nuit au refuge de Kistufell ce dernier peut au maxi recevoir six personnes, nous sommes quatre et si des randonneurs arrivent...Que faire...Nous décidons de partir et on avisera en route.
Que des descendants de Vikings nous imposent un lieu pour dormir un horaire pour partir et un itinéraire à suivre à nous descendants de Gaulois..ça passe mal.
C'est parti plein Sud dans l'euphorie générale de traverser un si beau désert, mais hélas plus tard le temps se gâte de nouveau, la visibilité se réduit par moments et la progression devient plus hasardeuse. Peu avant le croisement avec la Gæsavatnaleið le temps se bouche il fait sombre le vent souffle très fort, nous faisons halte dans l'espoir d'une accalmie.
C'est là que nous réalisons que nous sommes dans le parc national et qu'il va bien falloir y passer la nuit..et que même le stationnement au bord de la piste est interdit, pas question de rejoindre Nýidalur c'est pas prévu au programme!.Nous supposons alors que les rangers, qui ont l??il, ont du prévenir Nýidalur de notre présence sur la piste et que nous sommes attendus, ce qui va s'avérer exact.
Que faire nous commençons à gamberger.
.vont ils nous chercher, nous surveiller demain?: nous verrons plus tard que oui. Autant ne pas être pris en flagrant délit, et si ils ne nous trouvaient pas..., le temps est gris la visibilité réduite. Nous décidons de nous faire les plus discrets possible mais en restant sur la piste ou du moins sur ce que nous croyons être la piste car souvent dans les passages rocheux elle n'existe pas ou il y en a plusieurs ou rien ne signale son emplacement. Nous décidons alors de sortir de l'itinéraire''imposé''pour prendre la piste Nord en direction du refuge de Dyngjufell, et la suite prouvera que nous avons bien fait. Nous roulerons plusieurs kilomètres à la recherche d'une cachette que nous trouverons derrière un monticule rocheux-sablonneux. Nous passerons la nuit ici secoués par les rafales de vent.Le lendemain demi-tour direction Kistufell pour le pique nique de midi. Le temps ne s'est guère amélioré, notre projet d'ascension du mont Kistufell est définitivement annulé à quoi bon se paumer dans la brume.
Suivant à distance le véhicule de tête je stoppe sur une petite hauteur pour le regarder gravir difficilement la pente sableuse au pied du refuge, et là nous apercevons un véhicule garé au bas en retrait qui à l'air d'observer la man?uvre. Nous, tous feux éteints ne bougeons plus, il s'agit d'un pick-up des rangers qui fait demi-tour lorsque le premier véhicule a atteint le refuge. Il ne nous a pas vus, la suite nous le prouvera. Cette fois ci nous nous sentons espionnés.
Nous poursuivons ensuite notre route en direction de l'Ouest, en espérant une accalmie, pour trouver la piste en direction de Vonarskarð sans passer par Nýidalur oú sans aucun doute nous sommes attendus pour explication. Le temps ne s'améliorant pas nous commençons a douter de la faisabilité de cet itinéraire, de la rando prévue, mais nous l'avions signalé à notre départ d'Askja.
Nous arrivons vers la bifurcation Sud vers Vonarskarð et là quel hasard!! rien que pour nous!! deux pick-up des rangers..bon je ne crois pas que nous allons passer une deuxième nuit sur cette piste, il ne faudrait pas aggraver notre cas et finir au commissariat le plus proche. La rencontre se présente pas trop mal deux rangers s'occupent du premier véhicule les deux autres du notre, ils tournent autour du pot, nous demandent si tout va bien si nous n'avons pas eu d'ennuis (et oui nous n'avons pas''pointé'' hier à Nýidalur ) ils ne sont pas plus bavards que ça et on se sépare ''have a good trip'' ouf.!!''danke schöne.. auf wiedersehen'' ''et on se sauve trop contents de s'en tirer à bon compte, mais donc en direction de Nýidalur et c'est certainement ce qu'ils voulaient. Voilà tout s'est bien passé ..que nenni, la suite au refuge.
Nýidalur nous prenons place à l'intérieur refuge à deux , nos amis décident de rester dans leur véhicule équipé d'une cellule habitable. Nous apprécions le confort d'un refuge chauffé car à Kistufell il faisait 1° à l'intérieur. Et voilà ça recommence, arrive un autre véhicule du parc, un ranger vient me voir et me donne un dépliant décrivant la conduite à tenir dans les parcs nationaux et me dit ''c'est pour vos amis dans la voiture blanche'' je m'étonne et demande des explications....Dans un anglais hésitant digne du niveau de celui de notre président il me dit ''ce n'est pas bien ce qu'a fait votre ami à Kistufell'' c'est là que je comprends, c'était lui le ranger qui nous observait la veille et je suppose donc qu'il ne n'a pas vu notre véhicule. J'essaie en vain de savoir ce qu'il lui reproche sans succès. J'insiste lui demande si l'accès au refuge est interdit et il me répond que non, je n'en saurais pas plus.
Plus tard dans la soirée le ranger frappe à la porte de ''la voiture blanche'' le téléphone mobile à la main et le tend à nos amis. Au bout du fil (ou plutôt au bout des ondes pour un portable) se présente un responsable, le directeur du parc? ?? qui parle français.
Il nous précise que pour avoir enfreint le règlement du parc nous sommes passibles d'une amende et qu'il peut porter plainte auprès de la police. Il nous demande oú nous avons passé la nuit entre Askja et Nýidalur, nous ne cachons pas la vérité, il nous précise qu'a Kistufell nous avons commis une faute, l'accès à ce refuge est bien autorisé mais la descente doit se faire dans le même sens sans faire le tour du bâtiment, nous lui rétorquons que nous n'avons fait que suivre les traces existantes et que si la descente en se servant du refuge comme rond-point est interdite il serait alors simple de disposer quelques rochers pour barrer la piste ou de mettre un panneau et Il en convient. Il nous fait remarquer que plus loin nous avons quitté la piste pour nous garer afin d'approcher le glacier à pied, les rangers ont vu nos traces,. Ils ont fait une vraie enquête les ''Erlendur'' du coin, nous sommes au pays du polar..c'était pas trop difficile car en deux jours nous avons rencontré seulement trois véhicules, ceux des rangers, !! les traces ont été faites sur quelques mètres, sur un sol plat constitué de cailloux de graviers et de sable que le vent et la pluie se chargeront d'effacer, de plus pour nous rendre à pied à quatre au glacier, aller retour, nous avons laissé des empreintes de pas plus visibles que celles de nos pneus.
Nous lui précisons que par endroits la piste n'est même plus balisée du tout et qu'il nous est arrivé de la perdre. Finalement le chef ranger change de ton, nous comprenons qu'ils ont été contrariés de ne pouvoir nous prendre en flagrant délit car pour infliger une amende ou porter plainte il nous expliquera qu'il leur faut des preuves photographiques.
Nous concevons que le parc soit surveillé que le hors piste soit bien entendu interdit que le camping soit réglementé, à condition de prévoir quelques emplacements d'arrêt, un minimum, il ne passe quasiment personne par ici.
Le chef ranger nous explique que maintenant il va faire effacer nos quelques mètres de traces, nous avons grand mal à le croire car si tel était le cas les rangers devraient suivre tous les randonneurs avec une balayette et eux ils ne prennent pas la piste en permanence ils tirent au cap, au GPS, hors piste, je le sais nous l'avons fait, et avec un guide Islandais.
Et toi Reun tu es aussi un hors la loi je ne pense pas que tu aies pu rallier Askja à Nýidalur dans la journée à VTT quant à David il va finir en prison pour camping illicite..et c'est un récidiviste.
Quelques jours plus tard dans le même parc national, au Sud sur le Skálafellsjökull, nous pouvions voir un convoi d'une trentaine de scooters des neiges pétaradants derrière un chef de file, les balades en traîne-touristes c'est autorisé...c'est payant et fort cher..
