Quelques rencontres mémorables ...

Anecdotes, aventures ... et mésaventures !
C'est souvent ce qui fait le piment d'un voyage, ce sont aussi des souvenirs qui nous ont marqué.
Nous les partageons ici !

Modérateurs : Myriaðe, Souricette

Répondre
Avatar du membre
Chris
Messages : 1158
Enregistré le : 10 nov. 2005, 00:39
Localisation : Nice (France)
Contact :

Quelques rencontres mémorables ...

Message par Chris » 10 févr. 2010, 00:18

Au fil des voyages, au fil des étapes ... quelques rencontres mémorables, à divers titres :


Nord d'Húsavík, un soir du début de l'été. Nous faisons étape dans la belle vallée de la Laxá dont le nom signifie « rivière au saumon ».
Guesthouse de Þinghúsið Hraunbær. Drôle de nom ! ça doit vouloir dire quelque chose comme "Les maisons de l'assemblée locale - La ferme de la coulée de lave". C'est plus long et plus compliqué que "villa sans souci" ou "mon plaisir", mais on s'y fait vite ...
Accueil sympa et maison très agréable : chambre à l'étage, et au rez-de chaussée un salon-salle à manger et une grande cuisine moderne bien équipée ; ça tombe bien car nous restons trois nuits ici.
En commençant à préparer notre repas, on fait connaissance avec deux autres hôtes qui viennent d?arriver. Ce sont deux islandais venus pour la pêche au saumon dans la Laxá.
Ils apportent à la cuisine une grande marmite qu?ils mettent à chauffer et qui répand vite une odeur extrêmement appétissante. Sur la plaque chauffante d?à côté, notre soupe déshydratée « tomate-vermicelle » fait piètre figure dans sa petite casserole ...
Nous nous apprêtons à passer à table au même moment et, surprise ! ... ils nous invitent à partager leur plat. C'est de la Kjötsúpa, la soupe traditionnelle islandaise à l?agneau. Ils nous expliquent que l?épouse de l?un d?eux a préparé cette marmite pour les trois soirs qu?ils vont passer ici. C?est un vrai délice qui a mijoté pendant des heures et qui, nous disent-ils, s?améliore encore à chaque réchauffage.
Nous n'osons pas leur faire goûter notre « tomate-vermicelle », qui finira dans l'évier ...


Le lendemain, après une longue journée dans le secteur du lac Mývatn, on rejoint notre guesthouse de Þinghúsið- Hraunbær ...
C'est notre rituel quasi-quotidien, où qu'on soit : l'apéro, c'est à dire bière Viking et toasts de pain de mie aux céréales tartinés de "dentifrice" ... (c'est ainsi qu'on appelle entre nous cette pate rose en tube, faite avec des ?ufs de poissons broyés - "kaviar", en islandais - et qu'on se hâte d'acheter dès qu'on arrive en Islande).
Arrivent alors deux individus dont l'accent ne trompe pas : ce n'est pas Oxford ni Cambridge, mais plutôt le pays de l'Oncle Sam.
Présentations : John et Kevin (père et fils), sont de Washington DC et ils sont ici pour leur passion : la pêche à la truite.
Ils se regardent avec un drôle d'air à notre attention ...
"ah ? vous êtes français ... ?" ? puis, entre-eux (sérieux) : "Kevin, je ne sais pas si on doit leur parler, à ceux-là ..."
Nous : un peu gènés ... Oupss !
John : "Oui, vous comprenez, après le sale coup que vous nous avez joué pour la guerre en Irak ! ... enfin ... on veut dire votre ancien président, Chirac ! Il nous a plantés-là !"
Nous : ... heu ...
et John et Kevin partent d'un colossal éclat de rire en se tapant dans la main, contents de leur bonne farce ! En fait, ils sont pacifistes à fond, ils détestaient Bush et maudissent sa politique pétro-guerrière !
On mange ensemble dans la salle à manger. Kevin est ingénieur en hydroélectricité et il a travaillé trois ans en Islande. Visiblement il a aimé ce pays et il en connaît chaque région, chaque site. On voit qu'il a plaisir à y revenir et à y amener maintenant son père, de temps en temps, pour une semaine de pêche à la truite.
A 23 h on discute encore dans le salon. Il fait beau dehors. Avant d'aller se coucher, on sort dans le jardin, au bord de la Laxá, la lumière dorée du soleil couchant est magnifique.



Nous voici à Djúpavík, un coin perdu de la côte de Strandir, dans les fjords du Nord-Ouest, les "Vestfirdir", comme disent les Islandais.
La guesthouse est une chaleureuse maison au toit de tôle rouge où logeaient autrefois les travailleuses d'une usine de traitement du hareng ... L'usine est juste à côté. Abandonnée depuis les années 50, elle semble avoir été frappée par une explosion atomique.
Repli pour le repas du soir. Ce n'est pas l'odeur du hareng mais celle de la cuisine de Jóna, notre hotesse, que nous percevons dès l'entrée.
Dans la salle à manger, nous faisons la connaissance de Barbara et Franck, un couple d'Américains de Philadelphie. C'est leur premier voyage en Islande et ils n'y restent que douze jours. Ils ont choisi délibérément de négliger tous les standards touristiques que conseillent les guides pour se perdre dans ce bout du monde improbable dont ils ont découvert l'histoire sur internet. Du moins c'est ce qu'ils nous expliquent ... Des gens peu ordinaires, assurément, pour faire ça !
On s'installe pour manger. Barbara et Franck sont à la table voisine mais comme nous ne sommes en tout et pour tout que quatre clients dans cette grande salle à manger, on a tôt fait de rapprocher les tables et la conversation s'engage.
En peu de temps, nous échangeons tant de convergences dans des domaines divers qu'un fort courant de sympathie s'installe. Discussions sur les problèmes écologiques et les sujets de société aux Etats-Unis et en Europe.
On se marre bien avec Barbara et Franck ... Ils sont anti-américains au possible : Bush est "un crétin", et rien ne trouve grâce à leurs yeux dans leur propre pays, pas même les voitures "qui sont nulles", nous disent-ils ! (ils ont "une japonaise", chez eux, à Philadelphie).
Leurs concitoyens sont "gros, bêtes, incultes et méchants, leur "bouffe dégueulasse, leurs politiciens pourris" ... C'est un vrai jeu de massacre !
Nous tentons en vain, au milieu de cette franche rigolade, d'aligner nous aussi quelques bâtons foireux à propos de la France ... En vain : on ne fait pas le poids !



Hrafnseyri, sur la rive Nord de l'Arnarfjörður, dans les fjords du Nord-Ouest, les "Vestfirðir" ...
Même pas un hameau, juste deux ou trois maisons et une pompe à essence actionnée à la demande. Mais c'est un haut lieu de l'Islande car ici se trouve la maison natale de Jón Sigurðsson, héros national islandais, artisan de l'indépendance si difficilement acquise contre le Danemark.
Il n'y a pas âme qui vive mais à peine garés, un homme sort de sa maison pour nous accueillir. Cheveux en broussaille, barbe de quatre jours, pantalon sale, vieux pull troué ... Il se présente comme le gardien du musée qu'est devenue la maison natale de Jón Sigurðsson.
En apprenant que nous sommes français, il nous sort un aimable "bienn-véniouu" et quelques variantes de "trris honourrrésss" ... A notre étonnement de le voir manier ainsi la langue de Molière façon cercle polaire, il nous explique avec un sourire un peu édenté qu'il a été marié avec une française !
A nos questions (en anglais ...) demandant si elle a vécu ici avec lui, il nous répond "Oh yes ! for ten years !". Nous apprenons que la dame, originaire de la Côte d'Azur et venue par ici en touriste, est tombée amoureuse du bel islandais qu'il a du être dans un passé relativement lointain.
Mais un jour (ou peut-être une nuit d'hiver ...), au bout de dix ans de vie commune sur cette rive étroite de l'Arnarfjörður, elle a craqué et est repartie vers les pinèdes et les cigales, nous fait-il comprendre en écartant les bras ...


Un beau jour de juin, nous voici à Bolungarvík, près d'Ísafjörður, toujours dans les "Vestfirðir".
Bolungarvík, c'est un bout du monde, la route 61 se termine ici et on ne peut plus suivre la côte. Mais il y a encore le "bout du bout" : la baie de Skalavík, accessible par une petite route en terre (630) qui franchit un col où subsistent de grandes plaques de neige, et redescend dans cette baie perdue.
Skalavík (la "baie du crâne" ?), nous y voici. Les deux fermes sont abandonnées mais les habitants de Bolungarvík et d'Ísafjörður ont construit ici quelques "summarhús" (bungalows d'été). Amateurs de bouts du monde, louez ici pour une petite semaine de vacances, vous serez servis ! Le Groenland est juste en face, à 200 km à peine.
On se balade à pied à l'endroit où la petite rivière se jette dans la baie. Nous y rencontrons un jeune couple d'Islandais et leurs cinq enfants avec lesquels on lie conversation. Cette sympathique famille nombreuse est d'Ísafjörður, et ils possèdent une "summarhús" ici.
Les enfants ont un grand matelas pneumatique à deux places avec lequel ils s'amusent dans l'eau glacée du petit estuaire. Le jeu consiste à descendre les deux derniers méandres de la rivière dans le courant, en essayant de se faire tomber du matelas surchargé !
Ils sont bien entendu tout habillés et tombent régulièrement dans l'eau glacée et peu profonde, avec des hurlements et des rires ... Tout cela sous les encouragements des parents.
Les parents qui ont par ailleurs toutes les peines du monde à retenir la petite dernière (3 ans !) qui pleure parce qu'elle veut aller rejoindre ses frères et soeurs sur le radeau gonflable !
Il faut être en Islande pour voir ça ... Aucun doute : les gènes vikings sont bien transmissibles !

Chris.

Avatar du membre
Al
Messages : 142
Enregistré le : 27 avr. 2009, 10:37

Re: Quelques rencontres mémorables ...

Message par Al » 10 févr. 2010, 21:43

Chris a écrit :Au fil des voyages, au fil des étapes ... quelques rencontres mémorables, à divers titres :

Nous voici à Djúpavík, un coin perdu de la côte de Strandir, dans les fjords du Nord-Ouest, les "Vestfirdir", comme disent les Islandais.
La guesthouse est une chaleureuse maison au toit de tôle rouge où logeaient autrefois les travailleuses d'une usine de traitement du hareng ... L'usine est juste à côté. Abandonnée depuis les années 50, elle semble avoir été frappée par une explosion atomique.
Chris.
Je ne résiste pas : petite visite de l'usine, images d'hier et d'aujourd'hui, en musique bien sûr. :)
http://www.youtube.com/watch?v=IKu5qvJDo54

(extrait du film Heima, concert Sigur Rós dans l'usine le 27/07/2006)

Répondre