Journée internationale de la femme

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Myriaðe
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Journée internationale de la femme

Message par Myriaðe » 08 mars 2015, 16:41

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Le paradis de l'égalité homme-femme

ISLANDE326 300 habitants

Proportion de femmes élues à l?Assemblée nationale : 40 %
Proportion de femmes sur le marché du travail : 82 %
Proportion de femmes titulaires un diplôme universitaire : 40 % (23 % chez les hommes)
Proportion d?enfants de 1 à 5 ans fréquentant la prématernelle en Islande : 90 %

L?équité à la sauce islandaise

En Islande, les hommes ont leur propre congé de paternité, les féministes siègent au Parlement et l?égalité homme-femme est inscrite dans la loi. Bienvenue dans ce petit pays de plus de 300 000 habitants où les femmes ont tout? ou presque.

REYKJAVIK, Islande ? Depuis six ans, l?Islande est championne de l?indice de la parité homme-femme élaboré par le Forum économique mondial (FEM), une fondation à but non lucratif qui organise entre autres le célèbre sommet de Davos. Le Canada, lui, occupe le 19e rang. L?égalité est inscrite partout en Islande : dans les lois du pays, dans les municipalités et dans les écoles.

« Vous voulez connaître notre secret ? C?est simple : la vie, c?est une entreprise 50-50. On doit collaborer. »

? Gunnar Gunnarsson, 42 ans, un avocat et homme d?affaires de Reykjavik

Barbara Björnsdottir, la femme de Gunnar Gunnarsson, est juge à la Cour du district de Reykjavik. Ensemble, ils ont trois enfants de 6, 14 et 18 ans. La petite famille vit en banlieue, dans une maison qui accueille aussi les parents de Barbara, situation économique oblige.

Gunnar Gunnarsson n?est pas un féministe militant. Il a un train de vie plutôt aisé, voyage et s?entraîne pour des marathons. Il se préparait pour celui de Tokyo lorsque La Presse l?a rencontré. Avec ses semaines bien remplies, il est le portrait type du père qui, en Amérique du Nord du moins, verrait sans doute ses enfants surtout le week-end.

Or ce n?est pas le cas. Gunnar est à la maison presque tous les jours pour les repas et c?est même lui qui est le plus souvent aux fourneaux. Et quand on lui demande si ses nombreuses heures d?entraînement pour la course sont source de friction entre lui et son épouse, il a l?air franchement surpris. Son épouse aussi. « On se partage le temps, c?est tout, répond-il. Parfois, je travaille de longues heures, parfois, c?est elle. Celui qui termine en premier va chercher les enfants. Tout le monde doit travailler ici alors il faut s?entraider. »

CONCILIER TRAVAIL ET FAMILLE

En Islande, le congé parental dure neuf mois, soit trois mois de moins qu?au Québec : mais contrairement à chez nous, trois mois sont réservés exclusivement aux pères. Ce congé implanté en 2000 n?existait pas lorsque Gunnar a eu ses deux premiers enfants. Étudiant lorsque le premier est né, il a négocié un congé de trois mois avec son employeur avant l?arrivée du deuxième. « J?allais être embauché alors j?ai dit à mon futur employeur : ?J?accepte votre offre à condition que vous me donniez trois mois de congé de paternité.? Disons que j?ai causé un précédent dans l?entreprise. Mais je tenais à être présent pour mon enfant. »

L?Islande est le pays européen où l?on trouve la plus grande proportion de femmes sur le marché du travail (82 % alors que la moyenne des pays de l?OCDE tourne autour de 57 %. Au Québec, c?est environ 61 %). Cette forte présence sur le marché de l?emploi n?empêche pas les femmes d?avoir des enfants. Le taux de fertilité en Islande a toujours été élevé. Il est passé sous la barre des 2 enfants par femme pour la première fois il y a un an seulement. Il tourne aujourd?hui autour de 1,85 alors qu?il est de 1,69 au Québec.

« En marchant dans mon quartier l?autre matin, ça m?a frappée, observe Alda Sigmundsdottir, auteure de plusieurs livres sur la société islandais. Il n?y avait que des pères qui allaient reconduire leur enfant à la garderie ou à l?école. On a tendance à le tenir pour acquis, mais c?est formidable. »

La conciliation travail-famille est un enjeu en Islande, où les gens travaillent en moyenne entre 41 et 47 heures par semaine. Mais la quête de l?équilibre semble moins angoisser les Islandaises que les Nord-Américaines. « Bien sûr que nous voulons tout avoir », reconnaît Agnes Gunnarsdottir, avocate de formation, femme d?affaires et mère de deux enfants de 9 et 11 ans. « Mais il y a un coût à payer : nous, les femmes, travaillons beaucoup, les semaines sont longues. Mais les hommes aussi travaillent beaucoup. »

En Islande, le droit de reprendre son travail après un congé de maternité est inscrit dans la loi. Les enfants fréquentent la pré-maternelle dès l'âge d'un an et entrent à l'école primaire à six ans. Les garderies privées (pour les enfants de moins d'un an) et les pré-maternelles sont subventionnées par les municipalités.

LE ROYAUME DES FÉMINISTES

« Si l?Islande est un pays si égalitaire, c?est parce que le mouvement féministe y est très fort », observe Silja Bára Ómarsdóttir, spécialiste de politique internationale à l?Université d?Islande et militante féministe. « Dans les années 70, le mouvement des bas rouges (Red Socks) a déclenché la grève des femmes et cette grève a marqué la société islandaise. En 2005, 50 000 femmes sont descendues dans la rue pour souligner le 30e anniversaire de la marche. Ici, quand les femmes parlent, on les écoute. Et il y a des féministes dans tous les partis représentés au Parlement, de droite comme de gauche. »

L?Islande serait-elle un paradis féministe ? La question fait sourire la professeure Thorgerdur Einarsdotirr rencontrée dans son bureau de l?Université d?Islande.

« C?est sûr que, si on nous compare au Yémen, on est très égalitaires », ironise cette féministe pure et dure à propos de la première place de l?Islande au fameux indice de la parité. « Mais la Suède et la Norvège font aussi beaucoup, et depuis longtemps, pour l?égalité », nuance-t-elle.

La professeure Einarsdotirr ne veut surtout pas que l?Islande se repose sur ses lauriers. « L?inégalité salariale est un gros problème ici, les femmes gagnent encore 13 % de moins que les hommes et la crise économique n?a pas aidé, observe-t-elle. Quant aux congés de paternité, la crise aussi n?a pas aidé. En n?offrant que 80 % du salaire, on décourage les pères de s?en prévaloir. Il faut offrir plus. »

L?ÉGALITÉ, AUSSI UNE AFFAIRE D?HOMMES

« Une des particularités de l?Islande c?est que les hommes font partie de la solution », note Ingólfur V. Gíslason, professeur associé au département de sociologie à l?Université d?Islande, spécialisé dans les questions masculines.

En 2011, le ministre des Affaires sociales a créé un groupe de travail pour penser à des façons d?impliquer davantage les hommes dans la réflexion sur l?égalité.

« Depuis l?implantation du congé de paternité, les hommes s?impliquent davantage dans l?éducation des enfants. Toutes les études montrent qu?en Islande, la très grande majorité des hommes sont favorables à l?égalité. »

? Ingólfur V. Gíslason, professeur associé au département de sociologie à l?Université d?Islande


Quand le ministre islandais des Affaires étrangères a annoncé en décembre dernier qu?il invitait les hommes au siège de l?ONU à New York pour participer à une conférence sur la violence faite aux femmes, les critiques ont fusé. Quoi ? Une rencontre sur la violence faite aux femmes sans les femmes ? Mais les Islandais, eux, n?étaient pas vraiment étonnés. « Il reprenait le flambeau de notre ex-première ministre, note Ingólfur V. Gíslason. C?est elle qui avait proposé cette idée en premier afin que les hommes s?impliquent davantage. »

« Il n?a jamais été question d?interdire les femmes à la conférence, affirme le principal intéressé, Gunnar Bragi Sveinsson, rencontré à l?Althing, le Parlement islandais. Depuis la crise, l?égalité homme-femme fait plus que jamais partie de la stratégie de développement économique du pays. C?est à nous de montrer l?exemple et de travailler avec les hommes dès leur plus jeune âge afin de les y sensibiliser. »
Myriaðe (Mýgrútur)

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