Barrage de Kárahnjúkar

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Modérateurs : Myriaðe, Souricette

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Chris
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Les nids des oies sauvages sont submergés

Message par Chris » 22 mai 2007, 22:23

Imaginez : vous êtes une oie sauvage ( :roll: difficile, n'est ce pas ?)

Vous décidez de faire votre nid et de pondre vos oeufs au bord d'un lac, comme on vous l'a appris ...
Au début tout va bien, cadre enchanteur, nid douillet, gros oeufs prometteurs ...

Et puis au bout de quelques jours vous vous rendez compte que la berge du lac se rapproche de plus en plus de votre nid ... ! Incroyable !!!???

Et bien non, ma pauvre ! Vous êtes tout simplement au bord du Hálslón, le lac de barrage de Kárahnjúkar qui est en train de se remplir, et dont le niveau monte irrésistiblement, submergeant de nombreux nids d'oies sauvages en pleine couvaison.

(info publiée aujourd'hui par Iceland Review et le Morgunblaðið : voir ici :
http://www.icelandreview.com/icelandrev ... _id=282443 )

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Myriaðe
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SOS nids

Message par Myriaðe » 25 mai 2007, 16:54

Comment on a fait la Terre

Tout d'abord, il faut parler de l'eau.

Au commencement des choses, l'eau montait jusqu'au ciel. Sur l'eau, l'oiseau grèbe* nageait. Il y avait d'autres oiseaux : le canard milouin, l'eider, la sarcelle, l'oie , le vanneau. Mais le grèbe était le plus puissant de tous.
Quand vint le temps de pondre les ?ufs, les oiseaux sont allés trouver le grèbe :
- Il faut que tu nous aides. Il y a de l'eau partout. Comment faire nos nids dans l'eau ? Comment pondre les ?ufs dans l'eau ? Comment les couver ?? Sous l'eau, tout au fond, il y a de la terre. Va la chercher, toi qui plonges si bien. Nous aurons où faire nos nids, où élever nos petits. Comme ça, il y aura beaucoup d'oiseaux sur la terre, des quantités !?

A ça, le grèbe a répondu :
- Je n'ai pas envie de plonger profond. Je n'ai pas envie d'aller chercher la terre, de faire la terre. Je n'ai pas envie qu'il y ait beaucoup d'oiseaux. Plus on est nombreux et moins chacun a à manger. On est très bien comme on est.
- Mais nous ne sommes pas bien comme ça ! ont dit les oiseaux. C'est sur la terre que nous serons bien. Aide-nous !
Le grèbe a dit : "Laissez-moi tranquille !" et il est parti.
Maintenant, il faut parler du vanneau.

Le grèbe parti, les oiseaux ont discuté :
- Qui de nous, les nageants-plongeants, va chercher la terre au fond de l'eau ?
Mais tous avaient peur de l'eau profonde, aucun n'osait s'y risquer . A la fin, le vanneau a dit :
- Je veux bien essayer.
Et il a plongé. On ne l'a pas revu de trois jours. Les oiseaux disaient : "Le vanneau a péri noyé". C'est au soir du quatrième jour que l'on a vu la tête du vanneau sortir de l'eau. Dans son bec, il tenait un peu de terre, un brin d'herbe, une touffe de lichen à rennes, une baie de ronce arctique, tout ce qui pousse dans la presqu'île de Taïmyr où ces choses sont arrivées.
Parce que c'est avec tout ce que le vanneau a rapporté du fond de l'eau que la terre a été faite. Bien faite, bien arrangée pour qu'elle soit bonne à vivre. Les oiseaux ont commencé par nicher. Puis des bêtes sont arrivées. Puis des hommes.

Et c'est des hommes qu'il faut parler.
En arrivant, les hommes ont dit :
- Cette terre venue du fond de l'eau est trop froide. Il faut la réchauffer, il faut faire le soleil.
Mais ils ne savaient pas comment s'y prendre. Alors ils ont appelé Ngouo qui habite au-dessus du ciel. Ngouo a dit :
- C'est bon, je vais vous faire un soleil.
Et il l'a fait d'une branche d'arbre de feu qui pousse au-dessus du ciel. Pendant qu'il travaillait, Ngouo a cassé un petit rameau de l'arbre de feu. Le rameau est tombé sur la terre et c'est devenu la foudre. Le soleil et la foudre sont nés ensemble d'une même racine.
Les hommes ont dit :
- Le soleil et la foudre, c'est trop. Nous avons demandé le soleil qui nous réchauffe, nous n'avons pas demandé la foudre qui brûle.
- Ce qui est fait est fait, a dit Ngouo. Ce qui a été fait, je ne peux pas le défaire. Le soleil restera, la foudre restera.
Les hommes ont dit :
- Mais, tu peux faire quelque chose qui empêche la foudre de nous brûler ? Comme ça, ça ira.
Ngouo a fait la pluie avec les nuages qui sont au ciel. Il a dit à la pluie d'accompagner la foudre, d'empêcher la foudre de brûler la terre. Et les hommes ont dit que c'était bien comme ça, ils ont été satisfaits.
Mais les oiseaux n'étaient pas satisfaits. Pas à cause du soleil, pas à cause de la pluie. A cause d'autre chose.

Et c'est de cela qu'il faut parler maintenant.
Les oiseaux ont dit à Ngouo :
- Il y a le grèbe qui a refusé de nous aider à faire la terre. Et il y a le vanneau qui est allé chercher la terre au fond de l'eau, au péril de sa vie. Vont-ils vivre tous deux heureux et à l'aise sur cette terre que l'un a faite, que l'autre n'a pas voulu faire ?
Ngouo a dit :
- Vous avez raison, ce ne serait pas juste.
Ngouo a pris le grèbe, il a arraché les pattes du ventre de l'oiseau et les a replantées tout à fait en arrière, sous la queue. Avec des pattes retournées comme ça, le grèbe ne peut plus marcher, il ne peut même pas s'envoler de la terre.
Ngouo a dit :
- Toi qui ne voulais pas faire la terre, tu ne l'auras pas. Tu vivras sur l'eau, tu vivras de l'eau, tu feras ton nid sur l'eau. Et s'il t'arrive d'échouer sur la terre ferme, tu ne pourras pas bouger et tu mourras misérablement.
Le grèbe est parti en nageant, en pleurant. Il a tant pleuré que le bord de ses yeux en est devenu tout rouge. Mais tant pis pour lui. Et ce qui est fait est fait.
Après ça, Ngouo a pris le vanneau .
Il lui a mis sur la tête un panache de plumes noires. Pour l'honorer, pour le distinguer des autres nageants-plongeants. Pour le remercier d'avoir été chercher la terre tout au fond de l'eau?
Et maintenant tout a été raconté. Maintenant vous savez comment ces choses sont arrivées.

Extrait de "Cet endroit là dans la Taïga" de Luda (Hatier) (Grand Nord)


Mon nom de naissance est VANNEAU , c'est pourquoi je vous soumets cette légende en corrélation avec le texte de Chris ci-dessus .

A MEDITER .


Myriaðe

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Merci Myriaðe Vanneau !

Message par Chris » 25 mai 2007, 19:03

:D Merci Myriaðe Vanneau pour cette belle histoire ...
Tu mérites bien ton panache de plumes noires !

Chris.

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Himbrimi
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Hálslón, année une

Message par Himbrimi » 04 sept. 2007, 23:20

Bonjour,

Un an à peine après la mise en opération du barrage, le lac Hálslón a maintenant dépassé la cote 620 m, c'est à dire qu'il a quasiment fini de se remplir (maximum à 625 m). Cela s'est fait plus rapidement que les prévisions du fait d'un été très ensoleillé qui a favorisé la fonte des glaces.

La vue ci-dessous a été prise aujourd'hui par le satellite Terra de la NASA, on découvre ainsi le nouveau visage de la région. Au passage, cela fait plus d'un an que Landmælingar Íslands (l'IGN islandais) indique le lac sur ces nouvelles cartes ! 1 pixel = 250 m sur l'image de gauche, celle de droite est agrandie deux fois pour y voir plus clair.

Image

J'y ai indiqué les cinq barrages du programme : les trois sur le lac Hálslón ainsi que les deux en cours de construction plus loin vers l'Est. Ceux-là ne seront terminés qu'en 2008, on ne voit pas encore leurs lacs. Le petit point sombre dans le lac au nord est une île formée du sommet de la colline Sandfell.

Par ailleurs, et pour illustrer le message de Chris (22/05/07, voir plus haut), voici justement un de ces nids d'oie qui doit maintenant être noyé, ou au minimum chatouillé par les eaux du lac.

Image

La photo est prise en août 2006, après la nidification. Il s'agit d'un nid d'oie à bec court ; le fait qu'il soit très entouré d'herbe indique qu'il était utilisé depuis pas mal d'années. C'est à l'endroit marqué d'un rond vert sur la vue de la NASA, le long de la rivière Kringilsá, juste en aval de la chute d'eau Töfrafoss. Le haut de la chute marque plus ou moins la limite d'extension du lac. En passant, je vous propose un lien vers deux photos de cette imposante cascade. Je compte bien retourner sur place dans les prochaines années pour voir le cadre de la chute "après"...

Yann

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jujux
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Message par jujux » 12 sept. 2007, 17:20

Ben c'est pas si moche que cela:

Image

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ipsilon
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Message par ipsilon » 12 sept. 2007, 17:25

Oui, plutôt d'accord! :lol:

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