L'Islande assume le différend relatif à Icesave

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Chris
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L'Islande assume le différend relatif à Icesave

Message par Chris » 28 août 2009, 15:24

Aujourd'hui 28 août, après dix semaines de débats, le Parlement Islandais a entériné l'accord Icesave, en accordant une garantie d'Etat pour les placements britanniques et néerlandais effectués auprès des banques Islandaises frappées de faillite à l'automne dernier, puis nationalisées.

Trente-quatre députés ont voté en faveur de l'accord, 14 ont voté contre et 14 se sont abstenus. La Premier Ministre Jóhanna Sigurdardóttir s'est félicitée de cette issue.

Cette question constituait depuis de longs mois le dilemme majeur pour l'Islande : assumer les conséquences de l'effondrement de son système bancaire à l'automne dernier, et par conséquent endetter lourdement l'Etat pour des années ... ou bien prendre le risque de perdre durablement sa crédibilité sur la scène internationale.

Le Parlement islandais, au terme de difficiles débats, a donc choisi d'entériner l'accord prévoyant le remboursement des victimes britanniques et néerlandaises d'Icesave, une filiale en ligne de la banque Landsbanki. Cet accord passé début juin avec la Grande-Bretagne et les Pays-Bas, porte sur le remboursement de 3,8 milliards d'euros.

Rappelons qu'Icesave, nationalisée en octobre 2008 en même temps que Landsbanki, avait attiré quelque 320.000 épargnants britanniques et néerlandais grâce à des taux d'intérêt élevés, mais ces épargnants avaient perdu leurs économies lorsque les comptes d'Icesave avaient été "gelés" par l'Islande l'an dernier, au plus fort de la crise financière.
Une attitude qui avait provoqué la colère des épargnants et des gouvernements britanniques et néerlandais, le Premier Ministre britannique Gordon Brown allant jusqu'à mettre en oeuvre à l'encontre de l'Islande des dispositions légales "antiterroristes", suite à ce gel des actifs étrangers.
Modifié en dernier par Chris le 04 sept. 2009, 12:04, modifié 1 fois.

Jacques MER

Re: L'Islande assume le différend relatif à Icesave

Message par Jacques MER » 04 sept. 2009, 11:41

Chris a écrit :Aujourd'hui 28 août, après dix semaines de débats, le Parlement Islandais a entériné l'accord Icesave, en accordant une garantie d'Etat pour les placements britanniques et néerlandais effectués auprès des banques Islandaises frappées de faillite à l'automne dernier, puis nationalisées.

Trente-quatre députés ont voté en faveur de l'accord, 14 ont voté contre et 14 se sont abstenus. La Premier Ministre Jóhanna Sigurdardóttir s'est félicitée de cette issue.

Cette question constituait depuis de longs mois le dilemme majeur pour l'Islande : assumer les conséquences de l'effondrement de son système bancaire à l'automne dernier, et par conséquent endetter lourdement l'Etat pour des années ... ou bien prendre le risque de perdre durablement sa crédibilité sur la scène internationale.

Le Parlement islandais, au terme de difficiles débats, a donc choisi d'entériner l'accord prévoyant le remboursement des victimes britanniques et néerlandaises d'Icesave, une filiale en ligne de la banque Landsbanki. Cet accord passé début juin avec la Grande-Bretagne et les Pays-Bas, porte sur le remboursement de 3,8 milliards d'euros.

Rappelons qu'Icesave, nationalisée en octobre 2008 en même temps que Landsbanki, avait attiré quelque 320.000 épargnants britanniques et néerlandais grâce à des taux d'intérêt élevés, mais ces épargnants avaient perdu leurs économies lorsque les comptes d'Icesave avaient été "gelés" par l'Islande l'an dernier, au plus fort de la crise financière.
Une attitude qui avait provoqué la colère des épargnants et des gouvernements britanniques et néerlandais, le Premier Ministre britannique Gordon Brown allant jusqu'à mettre en oeuvre à l'encontre de l'Islande des dispositions légales "antiterroristes", suite à ce gel des actifs étrangers.
Désolé, Chris, le Parlement islandais n'a pas "entériné" l'accord passé début juin avec Londres et La Haye sur l'affaire des "comptes Icesave". Il lui a, au contraire, apporté de sérieux amendements. Tout d'abord, la garantie de l'Etat pour les placements britanniques et néelandais dans l'"ancienne" banque Landsbanki, n'ira pas au délà de 2024. Ensuite, les remboursements des déposants ne seront garantis que si le PIB de l'Islande progresse et ne pourront dépasser une certaine proportion (6 %, je crois) de cette progression.
Reste à savoir si les autorités britanniques et néerlandaises (qui ont été informées du contenu de la loi votée le 28 août par la seule "majorité gouvernementale", l'opposition s'abstenant ou votant contre) accepteront les modifications apportées par l'Althingi à l'accord signé le 5 juin par le gouvernement islandais.
Le Premier Ministre Johanna Sigurdardottir ("Alliance" sociale démocrate) et son Ministre des Finances Steingrimur Sigfusson ("Gauche Verte") espèrent que, sensibles à l'effort énorme consenti par les Islandais, les dirigeants du Royaume-Uni et des Pays-Bas, se montreront "compréhensifs" et ne demanderont pas une renégociation de l'accord du 5 juin. L'opposition (Parti -conservateur- de l'Indépendance, Parti du Progrès et "Mouvement des citoyens") est beaucoup plus sceptique et certains de ses élus (essentiellement ceux du Parti du Progrès et du "Mouvement des "citoyens") vont jusqu'à penser que l'Islande n'aurait jamais du signer l'accord du 5 juin.
Dans l'attente de la position des gouvernements de Londres et de La Haye (qui étudient présentement le texte voté par l'Althingi le 28 août), nous ne pouvons que souhaiter un heureux dénouement à cette affaire, qui n'a que trop duré et préoccupé nos amis insulares.

PS) Je pense que les "forumeurs" qui reçoivent les "chroniques" politico- économiques publiées par mon ami, Michel Sallé, trouveront dans celle d'août de plus complètes informations sur cette affaire et sur l'ensemble de l'actualité politique, économique, et sociale de ce mois.
Elle sortira sans doute avec un peu de retard, M. Sallé ne devant rentrer d'Islande qu'au début de septembre.
Pour ceux qui voudraient s'y abonner, comme je l'ai déjà signalé à l'un des forumeurs ("Souricette", je crois), l'abonnement est gratuit et peut -être obtenu en s'adressant par e-mail à Michel Sallé (michel.s@michel-salle.com).

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Message par Chris » 04 sept. 2009, 13:10

Effectivement, cher Jacques, le Parlement islandais a "bordé" son accord en limitant la garantie de l'Etat à 2024, et en limitant les remboursements à un pourcentage de progression du PIB.
Ce sont notamment ces réserves qui ont occupé les longues semaines de débats au Parlement, mais elles conditionnaient sans aucun doute le vote favorable qui a finalement prévalu.

L'attitude du Royaume-Uni et des Pay-Bas, face au texte voté par l'Althingi le 28 août, va donc être déterminante. Bienveillance ou intransigeance ?
Dans l'attente, le vote du Parlement, en dépit de ses clauses limitatives, semble susciter dans son principe même une réprobation importante dans l'opinion publique islandaise.

En même temps, dans ce dossier, l'enjeu pour le gouvernement Islandais va bien au delà des seules relations avec le Royaume-Uni et les Pays-Bas.
Il s'agit pour l'Islande de reconstruire un capital de confiance auprès de l'ensemble de l'Union Européenne (certains en font un élément majeur du dossier d'adhésion), et de la communauté financière internationale en général ... sans oublier bien sûr l'oeil discret du FMI, certes bienveillant, mais là aussi sous conditions.

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Message par Chris » 18 sept. 2009, 19:26

Chris a écrit : ... / ... le Parlement islandais a "bordé" son accord en limitant la garantie de l'Etat à 2024, et en limitant les remboursements à un pourcentage de progression du PIB.
Les représentants du Royaume-Uni et des Pays-Bas ont rencontré hier les autorités islandaises et ont formulé conjointement un certain nombre de demandes visant à amender les conditions posées par le parlement Islandais.
Entre autres éléments, le Royaume-Uni et des Pays-Bas demandent que l'Islande engage sa garantie jusqu'en 2040 (au lieu de 2024). D'autres conditions fixées par le parlement sont également contestées (sans doute la condition liée à la progression du PIB).
En toute hypothèse, si le gouvernement islandais envisage de donner suite aux observations du Royaume-Uni et des Pays-Bas, il lui faudra repasser devant le parlement ...

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Souricette
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Message par Souricette » 03 oct. 2009, 18:01

Dans le journal "Le Monde" d'hier (daté du samedi 3 octobre 2009) il y avait un article dans la rubrique "Économie" qui faisait un point sur ce sujet. En voici le contenu qui était en accès libre sur http://www.lemonde.fr :

L'Islande est empêtrée dans les suites de la faillite de la banque Icesave.
Les modalités de remboursement des 3,8 milliards d'euros aux victimes britanniques et néerlandaises font l'objet d'une bataille politique.

Reykjavik
Correspondance

Un an après l'effondrement de son système bancaire, l'Islande se retrouve dans un piteux état et doit faire face à un sérieux litige avec la Grande-Bretagne et les Pays-Bas. Un conflit qui a bloqué jusqu'ici l'aide du Fonds monétaire international (FMI) au pays et qui menace de déstabiliser le gouvernement.

La deuxième banque islandaise, aujourd'hui nationalisée, avait créé une banque en ligne, Icesave, qui proposait à ses clients 7 % d'intérêts, versés mensuellement, et une garantie implicite de l'Etat islandais, que celui-ci doit maintenant assumer. Quelque 200 000 Britanniques et 120 000 Néerlandais attendent d'être remboursés.

L'Etat islandais s'était engagé en juin à verser aux victimes 3,8 milliards d'euros liés à la débâcle d'Icesave, une somme considérable pour un pays de 320 000 habitants. Aussi, le 28 août, les députés islandais ont fixé de manière unilatérale à 2024 l'expiration de la garantie d'Etat, que le remboursement soit terminé ou non. Des conditions que les Pays-Bas et la Grande-Bretagne jugent inacceptables.

En attendant, l'équation est simple : pas d'engagement à rembourser jusqu'au bout, pas de prêt du FMI, et pas de négociations pour rejoindre l'Union européenne. Or pour revenir sur cet amendement, le gouvernement islandais doit obtenir un nouveau vote des députés. Mais cette fois, la gauche radicale et écologiste, qui fait partie de la coalition gouvernementale, risquent de s'y opposer. Le ministre de la santé, Ögmundur Jonasson, membre de ce courant, a démissionné mercredi 30 septembre.

Population déboussolée

Selon le quotidien Frettabladid, le premier ministre, Johanna Sigurdardottir, aurait décidé de présenter la démission de son gouvernement si un accord n'était pas trouvé avant la fin de la semaine pour sceller la procédure de remboursement des victimes d'Icesave.

Au-delà de cette affaire, le pouvoir est confronté à une situation extrêmement délicate. Toutes les banques, aujourd'hui nationalisées, se reconstruisent péniblement sur les ruines d'établissements que des entrepreneurs peu scrupuleux ont pillé avant l'effondrement. La plupart des entreprises - à l'exception de la pêche et de l'aluminium - sont sous ballon d'oxygène. Seul le tourisme se porte bien, tiré par une couronne islandaise exsangue.

Le projet de budget pour 2010, dont les grandes lignes ont été présentées jeudi, a suivi les recommandations du FMI : il est faiblement en déséquilibre, prévoit des coupes claires dans les dépenses publiques et de fortes hausses d'impôts. Il prévoit une baisse de 11 % du niveau de vie et un taux de chômage supérieur à 10 %.

On a le sentiment à Reykjavik que la population est déboussolée. Et la situation de la presse n'arrange rien. L'unique quotidien payant, Morgunbladid, vient d'être repris en main par l'ex-patron de la banque centrale, David Oddsson, figure honnie et emblématique de l'effondrement de l'économie du pays. Le mécontentement n'a plus de tribune, et les blogs se multiplient. Des manifestations spontanées sont également organisées régulièrement.

Il n'existe pas actuellement de scénario de sortie de crise. L'industrie de l'aluminium, grosse consommatrice d'énergie, est en panne. La géothermie, objet de tant d'espoirs, se révèle être encore un gros émetteur de CO². L'Islande reste un grand pays de pêche, mais là aussi les stocks sont menacés.

Les Islandais, surendettés, avec une devise qui a perdu en deux ans la moitié de sa valeur, sont comme le cheval islandais : ils tournent le dos au vent et restent immobiles en attendant la fin de la tempête.

Gérard Lemarquis
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Al
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Message par Al » 04 oct. 2009, 09:57

Merci pour ces infos. Mais c'est peu engageant, le tableau est vraiment très noir. :?

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