Littérature islandaise

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Jacques MER

Littérature islandaise

Message par Jacques MER » 23 oct. 2006, 18:46

:lol: Les Éditions Métailie annoncent la sortie en France, le 1er février 2007, de la traduction d'un des nombreux polars de Arnaldur Indridason (auteur de "La Femme en vert" et de "La cité des Jarres"), "La voix".

La presse a réservé un accueil très favorable à ce nouveau thriller.

Le film tiré de "La cité des Jarres" par le metteur en scène Baltazar Kormakur sera peut-être au programme du Festival du cinéma nordique au printemps 2007.

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jujux
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Message par jujux » 23 oct. 2006, 19:00


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PEk
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Message par PEk » 07 févr. 2007, 14:08

Ca y est, "La voix" est disponible
Je viens de l'acheter ce midi.

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La voix

Message par Myriaðe » 29 mars 2007, 22:46

Acheté lundi , terminé mardi .
Passionnant , en phase avec le sujet de Jujux sur la prostitution en Islande .
J'aime bien Erlandur & ses problèmes personnels .
Je commence "la femme en vert" la semaine prochaine .

Jacques MER

Re: La voix

Message par Jacques MER » 22 mai 2007, 15:07

Myria<eth>e a écrit :Acheté lundi , terminé mardi .
Passionnant , en phase avec le sujet de Jujux sur la prostitution en Islande .
J'aime bien Erlandur & ses problèmes personnels .
Je commence "la femme en vert" la semaine prochaine .
Ci-jointe une critique à paraître dans le prochain "Courrier" :
La " voix " d?Arnaldur Indri<eth>ason

Ce n?est pas la première fois que le " Courrier d?Islande " rend compte, en termes élogieux, d?un roman policier d?Arnaldur Indridason. Notre numéro de juillet 2005 avait présenté " La Cité des Jarres ", sous la plume de notre amie Colette Fayard, elle-même auteur de " polars ". Un an après, j?avais, dans la livraison de juillet 2006, livré une recension de La femme en vert " (" Grafarthögn "), recommandant chaleureusement à nos lecteurs la découverte de ce petit chef d??uvre du prolifique auteur islandais.
Les Éditions Metallié ont, par la suite, pris l?heureuse initiative de faire traduire en français par Eric Boury. (son remarquable travail est -comme pour les deux autres ?uvres d'Arnaldur qu'il avait déjà traduites chez Métailié-, pour beaucoup dans la facilité et le plaisir rencontrés à lire l??uvre en cause) et publier en février dernier un troisième roman d?Arnaldur, " La Voix ".
L?auteur, quadragénaire reykjavikois aux talents multiples (journaliste, puis scénariste et critique de cinéma, avant de s?imposer comme auteur de nouvelles et de sept romans policiers, -autant de best sellers), a été traduit dans de nombreuses langues, et a cumulé récompenses et prix divers. Sa " Cité des Jarres " a été récemment portée à l?écran par le talentueux Baltasar Kormakur (" 101 Reykjavik ").
Il nous donne avec "La Voix" une nouvelle preuve - incontestable- de son aptitude à maîtriser les techniques du polar. Comme à l'habitude, il multiplie les fausses pistes, prolongées ou vite abandonnées (de nombreux "suspects" défilent pour nous faire attendre le vrai coupable, sorti comme un lapin du chapeau à la fin du livre), les rebondissements inattendus?ou farfelus. Le suspense continu induit un rythme haletant ? Jamais, depuis les premières pages où, dans un grand hôtel de la capitale envahi par les touristes étrangers à l'approche des fêtes de Noël, un "Père Noël" est assassiné dans un climat (mélange de crime crapuleux et de drame sexuel sordide) difficilement soutenable, jusqu?à la conclusion, où le policier (le " pathétique " inspecteur Erlendur) sort de l'enquête (résolue), épuisé, avec sa fille héroïnomane, -victime peu avant d?un coma prolongé après une fausse-couche-, l?intérêt ne faiblit un seul instant au fil des 329 pages. À lire d?un seul trait pour connaître la clé (ou les clés entremêlées) des mystères, et à relire à tête reposée pour s'imprégner des couleurs et des odeurs âpres et très "noires" du Reykjavik underground que Arnaldur nous propose. Les déchéances, les vices, les turpitudes sont tous au coin de la rue, dans le centre de cette capitale de l'opulence et de la consommation.

Tout cela ne doit pas nous masquer la richesse " psychologique " des personnages. Leurs motivations sont souvent peu conscientes et trouvent leurs racines dans les chocs de l'enfance, très présents dans ce roman. Qu'il s'agisse du policier Erlendur, marqué très jeune par un drame familial générateur de culpabilité et jamais cicatrisé, ou de la victime Gudlaugur ou de maints personnages secondaires.

Au-delà de ce dernier " décryptage ", dont les ressorts psychanalytiques sont explorés à travers les divers ouvrages mettant en scène Erlendur, le roman et ses protagonistes sont profondément enracinés dans l?Islande des dix dernières années...
En soixante ans, le pays a accompli un véritable " miracle économique " : d?une société très pauvre d?Europe à une des plus aisées. Mais le miracle a ses revers : le " fric " et sa toute-puissance ont pénétré la société. On est assez loin du stéréotype idyllique, égalitaire et écologique, voire féministe, que certains touristes un peu idéalistes ou naïfs croient apercevoir, telle une belle image d'Épinal, même si de nombreux aspects positifs existent réellement, dans cette société qui, comme la notre, a ses réussites et ses lacunes. La capitale a ses " bas-fonds ", où la prostitution, les drogues dures, les trafics de tous genres, la délinquance juvénile, la pornographie de bas étage, l?exclusion, exercent leur influence. Une faune pitoyable ou effrayante d?exclus, de dealers, de misérables se croise, survit ou non. Plus que jamais, dans "La voix", l?inspecteur Erlendur (séparé de sa femme depuis des décennies et éloigné de ses enfants) les côtoie, à la recherche de l'assassin du "Père Noël". Sa fille Eva Lind, à peine sortie de l?adolescence, s?y livre à maints " jeux interdits ", échouant parfois chez son père ou à l'hôtel où a eu lieu le crime, paumée, fauchée, larguée.
Avec une petite équipe de policiers, plus " classe moyenne " que nature (un adjoint largement "américanisé" dans ses manières, mais fidèle aux traditions islandaises ; une collègue "femme de tête, mais craquant devant la souffrance enfantine), Erlendur résoudra le mystère du "Père Noël" et de son préservatif déchiqueté, et finira par requinquer un peu une Eva Lind, partagée entre désespoir et envie d'en sortir.
Pendant tout le roman, résonnera en contrepoint la sonorité angélique, limpide et envoûtante d'une merveilleuse voix d'enfant, celle de Gudlaugur préadolescent, promis alors aux plus hautes destinées du chant choral (le ch?ur d'enfants de Vienne ?) avant de s'enfoncer irrémédiablement dans la déchéance et d'être froidement et cruellement "liquidé" dans la cave d'un palace reykjavikois.
JM

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